Paroles aux femmes : journée panafricaine des femmes : Cinquante ans de lutte pour une meilleure condition de vie des femmes

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Le 31 juillet 2012, les femmes maliennes célébreront la Journée panafricaine des femmes, à l’instar de leurs consœurs des autres pays africains. Le thème retenu cette année : « Cinquante ans après la création de l’Organisation panafricaine des femmes (OPF), quelles sont nos attentes ? ». Le thème retenu par le Mali est : « Cinquantenaire de l’OPF : paix et sécurité, un défi pour les femmes du Mali ». Votre rubrique « Parole aux femmes » s’est intéressée à cette Journée, et les femmes en parlent. 

L’Organisation panafricaine des femmes (OPF) a été initiée par les femmes d’Afrique au Congrès de la fédération démocratique internationale des femmes (FDIF) tenu en mai 1958 à Vienne, en Autriche. A sa création le 31 juillet 1962 à Dar-es-Salam, en Tanzanie, l’Organisation féminine continentale africaine s’appelait « Conférence des femmes africaines » qui prendra plus tard le nom de l’Organisation panafricaine des femmes au Congrès de Dakar en 1974. Elle s’était fixée comme objectifs fondamentaux la création d’une organisation régionale africaine permettant aux femmes d’échanger et d’agir ensemble pour accélérer le mouvement d’émancipation et soutenir le grand courant de libération politique et économique de l’Afrique. Partant de là, l’Organisation s’est fixée des objectifs prioritaires comme l’émancipation de la femme africaine, la libération totale du continent du joug colonial, l’élimination de l’Apartheid et l’instauration d’une justice commune qui défend les droits de l’homme. L’OPF qui fêtera ses 50 années d’existence, se présente comme un instrument d’information et de sensibilisation, de paix et d’unité au sein du continent africain.

Ainsi, pour mieux jouer ce rôle, au Congrès de Dakar en 1974, l’OPF a pris la décision de célébrer le 31 juillet, date anniversaire de sa création qui consacre l’engagement des femmes africaines aux côtés de leurs dirigeants pour la libération du continent du joug colonial et l’émancipation de la femme. D’année en année, la Journée panafricaine des femmes constitue un cadre permettant d’instaurer, de façon permanente et régulière, le dialogue entre les femmes elles-mêmes et entre les femmes et leurs gouvernements sur les sujets brûlants qui affectent leur vie. Depuis sa création, l’Organisation a toujours été active dans le domaine du développement social, économique, politique et culturel de la femme africaine.

Les actions de l’OPF

Elle a organisé et participé à plusieurs rencontres aux niveaux régional et international sur les questions relatives à la promotion et au bien-être de la femme, à savoir, les séminaires et rencontres sur la teinture et l’artisanat en 1964 à Conakry en Guinée Conakry ; la protection de la mère et de l’enfant en 1965 à Bamako ; le problème de la participation de l’Africaine au développement en 1966 à Freetown, en Sierra Leone ; le rôle et la situation de la femme dans la société africaine au Congo ; la lutte contre l’analphabétisme en milieu féminin en 1970 à Khartoum, au Soudan ; les perspectives d’avenir d’un droit africain de la famille en 1970 à Tunis ; l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes et le problème de l’Apartheid en 1971 à Brazzaville, au Congo ; le rôle de la femme dans la lutte de libération et sa participation au développement politique, économique, social et culturel. Cette rencontre a débouché sur la création d’un fonds spécial d’aide aux mouvements de libération en 1972. A cela s’ajoutent, en 1967, le symposium de Moscou sur le rôle de la femme dans la société ; la Conférence des Nations Unies sur la femme à Mexico en 1975 qui a consacré la Décennie internationale de la femme de 1975 à 1985 ; la Conférence des Nations Unies sur la femme en 1980 à Copenhague, au Danemark ; la troisième conférence internationale sur la femme à Nairobi au Kenya en 1985 ; la conférence mondiale des femmes et son programme d’actions en 1995 à Beijing, en Chine ; la conférence panafricaine sur la culture de la paix et de la non violence organisée par l’UNESCO à Zanzibar en 1999. Il y a aussi  l’appui principal fourni par l’OPF qui a vu l’élaboration de l’Agenda sur une culture de la paix et d’une déclaration de l’année 2000 décrétée année internationale pour une culture de la paix et de non violence. Sans oublier la participation de l’OPF aux sessions des Nations Unies sur la condition de la femme qui se tiennent annuellement à New-York.

Autres actions de l’OPF

A 50 ans de lutte pour la décolonisation et la défense des droits des femmes, l’OPF, en collaboration avec d’autres organisations féminines internationales ou des institutions spécialisées des Nations Unies, a réussi à regrouper toutes les femmes africaines en son sein ; à informer et sensibiliser les peuples africains, particulièrement les femmes, sur les conditions difficiles dans lesquelles elles vivent ; à mobiliser les populations africaines pour le combat contre le colonialisme et le néocolonialisme ; à contribuer efficacement à la libération totale du continent ; à conscientiser les femmes pour la création d’associations nationales ; à participer à l’élaboration et au renforcement des textes de lois régissant la condition féminine à promouvoir l’unité effective entre les Etats africains. Toutes ces actions d’envergure sur la promotion des femmes et l’égalité des chances entre les sexes ont abouti à l’engagement des Etats à travers des instruments juridiques régionaux et internationaux tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ; les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ; le protocole de Maputo ; la Déclaration solennelle des Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique à Addis-Abeba et la Décennie 2010-2020 de la femme africaine.

En 50 ans d’existence et d’actions à travers l’Afrique et le monde, l’OPF reconnaît que des résultats positifs ont été enregistrés en Afrique, mais que le chemin reste long et parsemé d’embûches, malgré les multiples engagements pris par les Chefs d’Etat en faveur de l’égalité du genre. Constat : les conditions de vie des femmes africaines restent précaires, tout simplement parce que le monde assiste à la féminisation de la pauvreté ; à  l’analphabétisme ; à la mortalité maternelle et infantile, sans compter le VIH et le SIDA, le paludisme, les conflits de toutes natures…La Journée panafricaine des femmes, édition 2012, se passe dans un contexte où le Nord du pays se trouve occupé depuis plusieurs mois par des groupes armés. C’est face à cette que notre pays a choisi ce thème avec comme objectif de contribuer au rétablissement de la paix au Mali. Au menu des activités commémoratives, il est prévu, le 31 juillet à la Maison de la Femme de Sabalibougou, une Journée d’assistance et de solidarité aux femmes victimes de la crise du Nord ; des conférences-débats et des ateliers sur des thèmes comme « Panafricaine 50 après, acquis et niveaux défis au plan national et régional » ; la crise sécuritaire et ses impacts sur les femmes et les enfants. Quelle solution pour une sortie de crise ? ; face aux défis de paix de sécurité : quelle peut être la contribution des femmes ?; droits des femmes et leurs prises en compte dans le processus de négociation ; responsabilité de protéger ; décennie de la femme africaine, entre autres. Il est également prévu une séance gratuite de dépistage du diabète. A 50 ans d’activités en faveur de la lutte pour de meilleures conditions de vie des femmes, l’OPF n’a sûrement pas fini d’apporter sa contribution  à l’égalité du genre.

Des femmes parlent de la Journée panafricaine des femmes 

-Mme Diallo Kama Sakiliba, représentante de l’OPF :

Le 31 juillet, c’est la journée anniversaire de l’Organisation panafricaine des femmes créée en 1962. De 1962 à 2012, elle aura  50 ans le 31 juillet prochain. Cette édition 2012  compte recenser les besoins des femmes au niveau de chaque pays membre après 50 ans de lutte pour la promotion de la femme. La particularité de cette année, c’est que de façon générale, le cinquantenaire de l’OPF coïncide avec des conflits à travers toute l’Afrique, particulièrement au Mali, avec la rébellion armée qui a envahi la partie Nord du pays avec son corollaire de refugiés et de déplacés dont les premières victimes sont les femmes et les enfants. C’est dommage.  

-Mme Keïta Fatoumata Keïta, Directrice nationale de la promotion de la femme : 

La Journée de la panafricaine est une journée commémorative de la lutte des femmes il y a 50 ans. Précisément, la célébration de cette Journée cette année (contexte oblige) est portée sur les problèmes de sécurité et de paix. Le Mali vit présentement une situation très difficile. On s’est donc dit qu’il faut que les femmes prennent leur place ces temps-ci. Nous avons un défi à relever par rapport à l’instauration de la paix et de la sécurité au Mali. Nous sommes en train de nous préparer pour fêter les 50 ans de l’Organisation. Les deux objectifs, c’était la décolonisation des esprits et l’émancipation de la femme. En  terme de décolonisation, les femmes se sont beaucoup impliquées. Cela a eu un éveil chez nos populations. Par rapport à l’émancipation de la femme, c’est un processus qui continue. Quand on voit la situation de la femme dans notre pays en matière de scolarisation, de santé, de développement, de participation à la vie publique et politique, il y a eu des évolutions positives. Même si nous ne sommes pas satisfaites, les défis se posent en termes de développement tant qu’on est appelé un pays moins avancé. Les femmes ont donc à faire. Comme tout citoyen d’un pays, nous devons nous impliquer à ce que les Objectifs du millénaire pour le développement soient atteints. Nous avons une contribution capitale, étant donné que nous sommes des citoyennes de droit et aussi actrices de développement. On peut se réjouir en disant que le travail continue jusqu’à ce qu’on arrive à un certain niveau de bien-être pour nos populations. On constate qu’on parle de l’autonomisation des femmes à travers les réseaux et associations, on voit que les femmes du Mali ont progressé. Un moment,  il fallait donner l’impulsion, d’où la création d’une structure étatique par rapport à la promotion de la femme. Maintenant, il faut voir ce qu’on doit faire concrètement. Je crois que l’impulsion a été donnée, mais le travail n’est pas fini. Quelle autre stratégie adopter pour que les femmes continuent à jouer leur rôle et responsabilité ? D’ailleurs, le cinquantenaire de l’OPF se propose de prendre en charge les attentes des femmes par rapport aux années à venir. C’est un processus qui ne s’arrête pas, on va continuer. On se battra contre le sous-développement et les pratiques qui nous nuisent.  Nous nous battrons aussi pour améliorer notre condition de vie, c’est-à-dire celle de tous les Maliens.   

 -Mme Daou Oumou Dembélé, femme politique :

Le 31 juillet, communément appelée la Journée panafricaine de la femme, a été initiée par les femmes d’Afrique lors du congrès de la Fédération démocratique internationale de la femme. Cette Journée est un rappel historique pour nous qui sommes la relève des pionnières afin de continuer avec succès ce qu’elles ont entamé. Après l’indépendance, précisément le 31 juillet 1962, en Tanzanie, elle s’appelait Conférence des femmes africaines, et plus tard, elle prendra le  nom de l’Organisation panafricaine des femmes en 1974, à Dakar. De sa création à nos jours, chaque année, nous les femmes attendons impatiemment de célébrer avec faste la Journée panafricaine des femmes. Cette Journée commémore l’engagement et la détermination des pionniers de l’indépendance dans leur combat pour une Afrique libre où les  droits de l’homme, et singulièrement ceux des femmes, sont reconnus  et respectés. La Journée panafricaine des femmes nous permet d’instaurer, de façon permanente et  régulière, le dialogue entre nous-mêmes femmes. Malheureusement, cette année, l’Organisation souffle ses 50 bougies dans un moment très difficile de l’histoire du Mali : les deux tiers du pays sont occupés par des groupes armés, rebelles : Ançardine, AQMI, pour ne citer que ceux-là.  D’où le thème national « Cinquantenaire de l’OPF : paix et sécurité, un défi pour les femmes du Mali ». Nous nous mobiliserons auprès de nos sœurs du Nord du Mali pour le retour effectif de la paix et de la sécurité. Nous ne cesserons de prier et d’encourager notre vaillante armée pour venir libérer le Nord du Mali.

-Mme Béatrice Tita, présidente d’une association de lutte contre le SIDA :

La Journée panafricaine des femmes est une journée pour lutter contre les violences faites aux femmes, la pauvreté, la libération des femmes, l’analphabétisme et l’égalité des chances, entre autres. Cette année, les femmes maliennes fêtent cette Journée dans une situation où le pays est divisé en deux. Un souci pour les femmes. Nous avons pris la décision de ne pas baisser les bras, nous allons continuer notre lutte en tant qu’africaines et maliennes. Par ailleurs, on  remercie  l’OPF pour toutes les actions menées en faveur du Mali. C’est un pays où les femmes sont beaucoup soutenues dans toutes leurs activités.  Aujourd’hui, on demande que la paix revienne au Mali, que  le Mali soit un et indivisible. On lance un appel à travers le monde pour trouver une solution à cette crise car les femmes et les enfants du Nord souffrent. On apprécie beaucoup les efforts de l’OPF, et elle doit véhiculer des messages de paix et de sécurité parce que le Mali est en train de lancer un cri de cœur. Bon anniversaire à l’OPF ! Que la paix revienne au pays !

-Mme Fatou Traoré, secrétaire :   

Cela fait des années maintenant qu’on célèbre le 31 juillet  Journée panafricaine des femmes. Elle permet de rassembler les femmes pour fêter dans la communion. Mais cette année, les femmes maliennes n’ont pas la tête à la fête. Ce serait par contre une Journée dédiée à des actions en faveur des populations du Nord, particulièrement les femmes.

Salimata Fofana

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1 commentaire

  1. Bonne celebration a vous, nos meres, femmes, soeurs et amies. Votre bataille doit absolument continuer car le vrai changement ne pourra se faire sans vous et je pense que c’est vous qui pouvez nous l’apporter en vous imposant face a tous nos problemes.

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