Selon nos informations, plusieurs femmes auraient participé à l’agression physique contre le Président Dioncounda Traoré. Ces femmes ont fini par des scènes d’obscénité qui n’honorent pas les femmes maliennes et qui par ce comportement, mettent finalement en cause la moralité de toutes les femmes du Mali. Dans quel Mali vivons-nous?
Nos parents ne nous ont pas éduqués dans ce sens, et nous ne voulons pas cela pour nos filles. Les femmes éprouvent toujours du respect envers les hommes, même le plus petit homme de la famille : cela fait partie de nos valeurs, de nos mœurs et de notre éducation. Au lieu d’exprimer notre solidarité et notre fraternité envers les populations du Nord, après tout ce qu’elles ont vécu et continuent de vivre, nous nous permettons plutôt de nous comporter comme de vulgaires badauds : ce n’est pas digne d’une femme malienne ! Où est donc notre patriotisme, notre émotion, notre bonté? Nous devons nous mettre à la disposition du nouveau gouvernement pour l’aider à accomplir sa mission.
Au lieu d’entretenir un sentiment de compassion, de partage, de cohésion et de coopération envers nos parents du Nord, des Bamakoises se donnent une autre perception qui rime avec individualisme et délaissement. Il y a des femmes qui profitent de la situation actuelle pour s’enrichir sur le dos des malheureuses Nordistes en gardant pour elles des dons qui leur sont destinées. Pourtant, ces femmes en ont plus besoin que nous. Sur les ondes des radios locales, il y a des femmes qui crient à la famine : « Aidez-nous, nous n’avons pas à manger, nous et nos enfants ! ». Comment ne pas penser à ces femmes? Et comment pourrait-on utiliser ces femmes pour s’enrichir à leurs dépens?
Nous, les femmes, nous devrons être solidaires entre nous et diriger nos hommes sur ce chemin car la solidarité est un sentiment qui pousse les hommes et les femmes à s’accorder une aide mutuelle, conscients du fait que l’aide ou l’attention apportée à l’autre pourra à un moment être reçue de l’autre ultérieurement. L’entraide tisse donc un lien entre les individus et dans des situations vécues par ces individus. Mais après cette crise, que peuvent penser les populations du Nord sur notre attitude? Notre intérêt général commande notre implication d’assister et d’aider nos frères et sœurs en détresse. Nous, les femmes maliennes, faisons appel à toutes les autres femmes du monde à méditer une pensée pour les Maliennes du Nord qui souffrent aujourd’hui.
En agissant par solidarité, nous humaniserons nos actions envers ces démunis du Nord. Que l’on soit nanti ou nécessiteux, ce qui doit être mis en jeu, c’est surtout la connaissance et la reconnaissance, là où la noblesse va de pair avec la générosité. S’il en est ainsi, la reconnaissance de chaque humain envers son prochain donnera un sens à notre vie sur cette terre. Une fin en soi, semblable à un autre et non pas comme une bête ou un objet. Dans ce monde, il y a ceux qui aident d’un côté et de l’autre ceux qui sont assistés, la vie est ainsi faite.
Ainsi, nous devrons nous conduire comme des personnes qui sont directement confrontées aux problèmes nordistes, sans quoi, c’est l’avenir du Mali, donc le nôtre, qui pourrait être compromis. Nous devrons faire de telle façon qu’il existe une sorte d’équivalence supposée entre nous les femmes du Sud qui mangeons et dormons sans souci et celles du Nord qui vivent aujourd’hui le martyr. C’est de cela seulement que dépendra le bien de notre pays car cette connexion est reliée à la fraternité de tout un chacun. Nous avons les mêmes ennemis et les mêmes intérêts, parce que nous sommes exposés aux mêmes dangers ou aux mêmes attaques. Alors, réfléchissons sur la situation actuelle du Nord car dans une société qui s’individualise de plus en plus, nous ne pourrons pas avoir un Mali un et indivisible. Unissions-nous donc pour la paix et l’intégrité de notre pays.
« Nord du Mali, Sud du Mali » n’était pas auparavant dans notre langage malien. Mais malheureusement, la séparation en deux du Mali fait qu’on l’accepte. Nous étions toutes et tous des Maliennes et des Maliens, quelles que soient nos appartenances et nos origines. Et n’oublions jamais que notre destin est commun et qu’agir solidairement ne peut que renforcer notre patriotisme tout en nous menant à l’idée de reconnaissance de l’autre. Nous n’avons besoin de solidarité que parce que nous manquons de générosité. C’est pourquoi nous avons tant besoin de solidarité !
Neïmatou Naillé Coulibaly