Paris sportifs : De la passion à l’addiction aux conséquences dramatiques

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Parier sur les résultats sportifs, du football notamment ! Une pratique de plus en plus courante au Mali, surtout en milieu jeune. Interrogés par nos soins, des parieurs expliquent cette passion par, entre autres, le chômage, la passion du football… L’envie de se faire de l’argent n’est pas non plus négligente. Pour mieux cerner les raisons principales qui poussent les adeptes vers ce jeu du hasard, nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns. Nous avons également parlé des avantages et des conséquences de ce jeu avec un psychologue.

Auparavant, il fallait se déplacer pour aller payer ses billets de loterie. Ce qui n’était pas toujours aisé à cause d’une interminable file d’attente. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, car la technologie a facilité les choses. De nos jours, il vous suffit juste d’avoir un téléphone portable et une connexion et un peu de connaissance dans le domaine du football pour pouvoir faire son pari sans se déplacer. Tout se fait donc en toute simplicité et on vous informe à la seconde près si votre pari est validé ou non.

Reste à croiser les doigts et prier que la chance soit de votre côté. Autrefois, avec le Pari mutuel urbain (PMU), c’était sur les chevaux que beaucoup de joueurs pariaient. A ce niveau, la clientèle est majoritairement composée de personnes d’un certain âge. Mais ces dernières années, à travers l’épanouissement du secteur avec plein de choses sur lesquels on peut parier, la tendance a évolué. Aujourd’hui, rien que dans le domaine du football, on peut parier sur le nombre des buts, les penalties, le nombre de cartons rouges ou jaunes, les corners, les coup-francs…

Ainsi, un peu plus de 70 % des jeunes citadins (notamment dans la capitale) sont devenus des parieurs. L’engouement est tel qu’il ne faut plus confier son argent à n’importe quel jeune au risque de le voir parier sur une victoire du Barça (FC Barcelone) ou sur le Real Madrid. Aucun passionné du pari sportif n’a voulu être cité dans notre article, comme si c’était un jeu prohibé par la loi malienne alors qu’il est tout à fait légal. Selon beaucoup d’interlocuteurs, être cité dans ce genre d’articles peut ternir l’image d’une personne. Cela peut se comprendre dans la mesure où la population malienne est majoritairement musulmane alors que les jeux du hasard sont prohibés par l’islam.

Pour certains salariés (fonctionnaires ou non), les paris sportifs permettent d’arrondir la fin du mois. Pour d’autres joueurs, c’est à cause du chômage qu’ils sont devenus parieurs aujourd’hui afin de pouvoir joindre les deux bouts. «Etre au chômage et ne pas être un parieur de football, est très mauvais pour une personne», entend-t-on souvent dans ce cercle de parieurs. «Jouer au pari sportif ne fait pas avancer car, pour souvent y gagner mille F CFA, il faut souvent perdre au moins dix mille F CFA», nous explique un parieur. Pour lui, «c’est par contrainte, notamment faute d’un emploi rémunéré, que beaucoup joue à ce jeu. Et pour certains, à force de s’y adonner ça devient une addiction. A ce stade, on ne peut plus se priver de jouer». Un autre parieur ironise en rappelant, «les paris sportifs font partie des 200 000 mille emplois promis par l’ancien président IBK (feu Ibrahim Boubacar Kéita)».

«Ce jeu appauvri et peut créer des troubles de conduite, équivalant à des troubles addictifs liés à la consommation de substances entraînant une dépendance, telles que l’alcool, le tabac ou les drogues. A la longue, cela peut entraîner de graves troubles mentaux comme la dépression, l’isolement social…», a souligné Dr Boubacar Hamadoun Maïga, médecin psychiatre au Centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G, a répondu à nos questions.

Le psychiatre déclare ne connaître aucun avantage lié à ce jeu. Et, pour lui, les entreprises qui fournissent ces services doivent davantage prévenir les joueurs sur les conséquences et les risques encourus en s’adonnant aux jeux de hasard. «Pour ces personnes qui sont devenues accros aux jeux de hasard, il faut les orienter vers la psychiatrie», a ajouté Dr Maïga. Comme quoi, les risques de ces jeux sont plus élevés que les gains possibles !

Sory Diakité

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