Panel organisé par les Organisations de la société civile : ‘’Relance de la mise en œuvre de l’Apr dans un contexte de retrait de la Minusma’’

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Le 26 juillet 2023 dans la salle de conférence du Conseil national de la Société civile à Faladiè Sokoro, les Organisations de la Société civile ont animé un panel dans la perspective de la relance de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger. Des recommandations ont sanctionnés leurs travaux.

Signé en 2015 entre le gouvernement du Mali et les groupes armés du nord, l’Apr connaît des retards dans sa mise en œuvre. Huit ans après sa signature, des points demeurent inappliqués. Ce retard suscite des interrogations et même des inquiétudes. L’évolution du contexte actuel et les appréhensions des membres de la Société civile des régions du nord ont amené les membres du Consortium des organisations de la Société civile à organiser ce panel sur la «Relance de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger dans un contexte de retrait de la Minusma».

Selon Yacouba Dembélé, 1er Vice-président du Conseil national de la Société civile, ce panel s’inscrit dans le cadre des sessions thématiques d’harmonisation des positions communes de la Société civile afin de contribuer efficacement à la réussite de la transition.  L’objectif général de cette session thématique est d’échanger sur l’état de mise en œuvre de l’accord, les goulots d’étranglements et les risques majeurs en vue de proposer des initiatives de relance par la société civile du Mali.

«De façon spécifique, il s’agira de faire le point de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger ; partager avec les organisations de la société civile les difficultés et contraintes majeures constatées; identifier et analyser les risques majeurs sur la paix, la réconciliation et les relations avec les partenaires internationaux soutenant l’accord ; et enfin formuler des recommandations pertinentes pour faciliter la relance du processus», a-t-il déclaré.

Avancées et difficultés en ligne de mire

Avec le retrait de la Minusma, selon le Président du Comité technique et scientifique du Consortium des Osc, Badra Alou Sacko, la Société civile a son mot à dire. Le Colonel-major Mamadi Kéita du Comité de suivi de l’Accord a alors fait le point de la mise en œuvre de l’Apr. Il a évoqué les avancées, les difficultés et les perspectives.

Comme avancées, il a énuméré la création des agences de développement régional, la mise en place des autorités intérimaires, la relecture des principaux textes sur la décentralisation pour mieux consacrer le principe de la libre administration des collectivités territoriales, l’adoption d’une nouvelle constitution avec la création du Sénat, la création du fonds du développement durable, le taux de 25% de transferts de fonds vers les collectivités. Les 977 anciens membres des FAMa qui avaient rejoint les groupes armés sont retournés dans leurs unités d’origines, a-t-il aussi révélé. Selon lui, il a été procédé au réenregistrement de 74. 918 ex- combattants sur lesquels 26. 000 sont éligibles.

Sur le registre des difficultés, Colonel-major Kéita a mis en avant la persistance de l’insécurité, la mauvaise foi de certains acteurs, l’insuffisance des ressources mobilisées, le problème de coordination des interventions des différents acteurs et les enjeux géostratégiques importants autour de la crise au Mali et au Sahel.

Il recommande l’affinement du dispositif institutionnel de mise en œuvre et de suivi de l’accord, l’opérationnalisation effective du nouveau découpage territorial ; le renforcement des bataillons (Bat-Far) du mécanisme opérationnel de coordination (Moc) ; l’opérationnalisation effective de la zone de développement des régions du nord du Mali.

Pour une mise en œuvre efficiente de l’accord, une opportunité de développement du pays avec de nombreux projets structurants, requiert un environnement sécurisé, selon le panéliste.

Ousmane Ag Mohammedoune, participant, a déploré la manipulation de certains groupes signataires et leur mauvaise foi pour parvenir à une paix définitive. Il a attiré l’attention sur certains pièges contenus dans l’accord comme l’élection du Président de l’Assemblée régionale au suffrage universel direct ; la police territoriale ; le Moc ; la mise en place des autorités intérimaires etc. «Il appartient aux Maliens de déjouer ces pièges», a-t-il martelé.

Le Consortium des Organisations de la Société civile comprend le Conseil national de la Société civile du Mali (Cnsc), le Forum des Organisations de la Société civile (Fosc), la Coordination des Associations et Ong Féminines (Cafo), le Conseil nationale de la Jeunesse du Mali (Cnj) et la Plateforme des Femmes leaders du Mali (Pflm). Avec le soutien du Pnud et de la Délégation de l’Union européenne, ce Consortium a élaboré un document de « Positionnement harmonisé de la société civile pour la refondation de l’Etat et une Transition réussie au Mali ». Il dispose d’un dispositif de suivi et de veille citoyenne des engagements pris pour le suivi des actions du gouvernement et le feedback des résultats à l’opinion nationale et internationale.

Broulaye Koné  

Pertinentes recommandations

Des panélistes représentant plusieurs organisations ont fait des contributions de qualité. Ainsi les recommandations ont-elles porté sur la nécessité d’aller vers la relecture de l’Accord dans le cadre des discussions inter-Maliens ; l’implication de la société civile et l’organe législatif de transition dans ce processus de relecture ; la prise en compte des reformes contenues dans la nouvelle constitution au cours de la relecture ; le renforcement de la décentralisation à travers un accompagnement du processus de transfert des ressources et des compétences vers les collectivités. Les participants ont insisté sur la nécessité pour les organisations de la Société civile de continuer à sensibiliser et informer pour une meilleure appropriation de l’Accord par les populations des autres régions du pays, lesquelles doivent comprendre qu’il concerne tout le Mali.

Broulaye Koné, stagiaire

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