“Panama Papers” : Le milliardaire malien Seydou Kane aussi mouillé

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Détenteur d’un passeport diplomatique sénégalais qu’il brandit fièrement, l’homme d’affaires Seydou Kane est au cœur des “Panama Papers” qui secouent le monde.

L’amitié “ liant l’homme d’affaires Seydou Kane à certains pontes du régime commence à coûter cher à la réputation du Sénégal. Pour ne pas dire que ces liens entre ce sulfureux personnage et des dirigeants sénégalais de l’actuel régime est un désastre puisqu’ils écornent son image du fait que Seydou Kane est détenteur d’un passeport diplomatique de notre pays ; en plus de dire haut et fort qu’il a été nommé ambassadeur itinérant par Macky Sall dont il est très lié au conseiller spécial Abdoulaye Sally Sall avec qui il avait d’ailleurs fait un accident, à Bamako, au bord d’un Fokker de l’armée sénégalaise.

Comme indiqué, hier, le nom de Seydou Kane apparaît dans les fichiers du cabinet panaméen Mossack Fonseca au cœur d’un scandale mondial mêlant évasion fiscale et soupçons de blanchiment de capitaux.

OFFSHORE CONNECTION

Plus précisément, selon les informations de Libération, il s’est attaché les services de Mossack Fonseca pour montrer, entre 2013 et 2014, Smart Key et Maxi gold international limited. Le cabinet panaméen a monté les deux structures sans tenir compte du caractère “sensible” de Seydou Kane. En effet, dès 2010, un rapport du Sénat américain l’avait cité dans une affaire de blanchiment présumé impliquant Marie-Yva Astier, mère d’une des filles de feu Omar Bongo. Un transfert effectué par Seydou Kane dans le compte de Marie-Yva Astier avait intrigué le Sénat américain.

Pour dire que l’homme d’affaires traîne, comme un boulet, une série de casseroles qui ne semble pas choquer ses “amis” proches du régime.

Plus récemment, il avait été cueilli à son arrivée à l’aéroport Charles- de-Gaulle avant d’être acheminé à Nanterre où il était interrogé sous le régime de la garde à vue. Il a été par la suite inculpé pour corruption d’agent à l’étranger et blanchiment aggravé avant d’être autorisé à quitter le territoire français après paiement d’une caution qui frôle le million d’euros (655 millions FCfa).

Bien que se sachant recherché en France, à la suite de la courte interpellation du directeur de cabinet de Ali Bongo dans la même affaire, M. Kane croyait qu’il serait protégé par son… immunité diplomatique. Au moment de son arrestation, il avait brandi trois passeports diplomatiques sénégalais, malien et gabonais. D’ailleurs, Seydou Kane était même attendu à son arrivée par un fonctionnaire de l’ambassade du Sénégal à Paris !

SIGNALÉ PAR LE SENAT AMERICAIN DES 2010

Malgré ses explications et son “immunité”, Seydou Kane a été embarqué dans un véhicule avant d’être placé en garde à vue à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIF). Comme le révélait Libération, c’est un contrat de 7 millions d’euros (4,5 milliards FCfa) passé entre le ministère de l’intérieur gabonais et la société française Mark qui intéresse les policiers de l’OCLCLIF.

Tout avait commencé avec un signalement de Tracfin, la cellule anti-blanchiment de Bercy. Les renseignements ont été intrigués par un virement de 300.000 euros (196,7 millions F Cfa) effectuée par la société Mark en faveur d’une autre structure basée à Monaco du nom de CITP. Il se trouve que cette entité est gérée par le sénégalo-malien, Seydou Kane, un intime de Maixent Accrombessi. Deux millions d’euros (1,3 milliard F Cfa) seront encore virés à une autre structure, AIKM, basée au Bénin et dont le propriétaire n’est autre que le Directeur de cabinet du Président gabonais. Pour les enquêteurs, ces virements ne sont rien d’autres que des pots-de-vin versés par l’entreprise française pour graisser le Directeur de cabinet d’Ali Bongo. Déjà, Pierre Péan avait mis en cause les liaisons douteuses entre le sénégalo-malien et ce dernier dans son livre “Nouvelles affaires africaines”.

LE SENEGAL VA T-IL ANNULER LE PASSEPORT DIPLOMATIQUE DE SEYDOU KANE AU RISQUE DE TERNIR SON IMAGE?  

En effet, écrivait Péan, “l’un des proches du Président malien, Seydou Kane, qu’on dit détenir aussi un passeport diplomatique sénégalais, se charge notamment pour le compte de Maixent Accrombessi, des transferts de fonds pour les gros investissements immobiliers et les placements dans des paradis offshore”. Selon lui, “le Malien, qui dispose de deux passeports diplomatiques et d’une carte de séjour en France, fait également l’objet d’une enquête de la part des autorités américaines sur des investissements effectués aux États-Unis. En janvier 2013, il a fait l’objet d’une brève interpellation alors qu’il était en transit au Bourget pour se rendre à Miami ; il était porteur de 2,5 millions d’euros”.

Pire, Péan mettait à jour les relations entre le parrain corse Michel Tomi, sous le coup d’une mise en examen en France pour blanchiment, et Seydou Kane qui, au passage, dispose de deux sociétés au Gabon.

“Il est intéressant de rappeler qu’IBK fut présenté à Michel Tomi par Omar Bongo. Alors qu’IBK venait d’être nommé Premier ministre du Mali, en février 1994, Charles Pasqua et Michel Tomi avaient fait son siège pour obtenir de lui l’ouverture d’un casino. IBK aurait accepté, moyennant une récompense.

Depuis lors, les deux hommes sont liés. Tomi n’avait d’ailleurs pas oublié l’ancien Président de la République malienne, IBK, pendant sa longue traversée du désert…s’ajoutent à cette équipe quelques “hommes d’affaires” qui ont pour fonction de ramener de l’argent à partager entre Maixent et Ali Bongo. Parmi eux, Seydou Kane, Vincent Miclet, affairiste français, qui a commencé à bâtir sa fortune en Angola et, jusqu’à une époque récente, Michel Tomi, tout-puissant patron des casinos et des jeux…”.

IL SE DIT  “AMBASSADEUR ITINERANT” DU PRÉSIDENT MACKY SALL 

Le Sénégal ne devrait-il pas annuler le passeport diplomatique mis à la disposition de Seydou Kane dont le nom commence à rimer avec “affaires” ? Dans une interview complaisante accordée à infosgabon.com, il dit, à propos de son sésame sénégalais : “J’allais en parler pour vous dire que son excellence le Président Macky Sall m’a nommé Ambassadeur itinérant pour le Sénégal (sic !) et croyez moi, tout ceci est à l’actif de son excellence monsieur le Président de la République Ali Bongo Ondimba qui a su mettre en valeur un climat d’affaires propice au développement des échanges entre les entrepreneurs africains. Et puis, pour la petite histoire, je me permets de vous livrer un pan de la migration des “Kane”, mes arrières grands parents viennent du Sénégal, ils étaient venus au Mali pour faire la guerre sainte, puis, ils ont choisi d’y vivre, c’est comme ça que nous sommes devenus maliens, en réalité, nous sommes des peuls venus du Sénégal et dans quelques années, mes petits enfants raconteront leur histoire, bref, ainsi va la vie d’une génération à une autre. Toutefois, je peux vous dire que si vous allez au Sénégal aujourd’hui, vous trouverez des Kane imams toujours de ma famille.”

QUI SONT CES  “AMIS ” DONT PARLE SEYDOU KANE ? 

Il ajoutait, pour justifier le fait qu’un agent de l’ambassade du Sénégal à Paris vienne le chercher à l’aéroport : “Quelques jours auparavant, nous avions eu un crash, un accident, l’avion a fait une sortie de piste au moment du décollage et a terminé sa course hors des limites du terrain d’atterrissage, heureusement qu’il n’y a pas eu de victime même si l’appareil a subi des dommages importants. C’est donc suite à cet accident d’avion que j’ai décidé de me rendre à Paris pour faire des contrôles, parce qu’il faut dire que le choc était violent, et parce que l’appareil battant pavillon sénégalais que mes amis (ndlr, ils se reconnaîtront) ont demandé au chargé d’affaires de l’Ambassade de venir me chercher à l’aéroport, n’oublions pas que je suis Ambassadeur itinérant pour le Sénégal. Il n’y a donc pas une volonté nourrie de faire prévaloir une nationalité plutôt qu’une autre.

Naturellement, je savais qu’une fois en France, il y a des possibilités que je sois interpellé puisque j’avais été cité dans cette affaire, ensuite, j’avais prévu cette possibilité, et j’étais parfaitement prêt à dire au juge les faits tels que je les connaissais pour éviter les commentaires annexes, mon épouse était la seule personne qui savait qu’en plus des contrôles médicaux, que je pourrais faire une déposition sur le dossier Marck. Les choses ont connu un tout autre développement, c’est d’ailleurs tant mieux comme ça, c’est fait.” Dommage…

                                   Dakaractu

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