Le Mali, à l’instar de la Communauté africaine, a célébré le lundi 1er août 2016 la Journée panafricaine des femmes qui est commémorée le 31 juillet depuis 1974. Cette année, l’Organisation panafricaine des Femmes (OPF) a opté pour une innovation majeure, en mettant l’accent sur l’assainissement.
«Comment promouvoir la participation communautaire dans l’assainissement» ! Tel était le thème choisi par le Mali pour célébrer l’édition 2016 de la Journée panafricaine de la Femme. Une préoccupation nationale au moment où notre capitale se prépare à accueillir le sommet Afrique-France en janvier 2017.
L’objectif était de mettre en relief la nécessité du changement de comportement pour promouvoir et consolider «l’esprit citoyen qui prône la propreté partout». L’assainissement du milieu de vie nécessite l’implication et la participation de toutes les parties prenantes.
D’où la nécessité d’encourager et soutenir le Contrôleur Général de police et gouverneur du District de Bamako, Sacko Aminata Kane, dans son opération de salubrité lancée depuis le 21 juillet 2016 pour libérer les voies et places publiques de notre capitale.
En recevant les femmes de la Diaspora en fin d’après-midi du lundi 1er août 2016, le président Ibrahim Boubacar Kéita a envoyé un message fort aux politiciens qui tentent de récupérer le mécontentement des déguerpis.
«Madame le gouverneur du District de Bamako, bravo ! Il a fallu une femme au poste de gouverneur pour rendre Bamako assaini et propre. Bamako ne doit plus être une ville sale», a déclaré le président IBK en soutenant ainsi publiquement Ami Kane.
Bravo aussi à la rédaction de l’ORTM qui, à l’occasion de cette édition de la Journée Panafricaine de la Femme, a donné la parole aux vraies Nyeleninw, aux vraies battantes, à celles qui méritent réellement le coup de projecteur des médias car se battant au quotidien sans l’assistance souhaitée pour s’affranchir de la dépendance socio-économique du conjoint ou de la famille. Et cela dans tous les domaines, aussi bien à Bamako que dans les régions ainsi que la Diaspora malienne.
Au-delà des cérémonials et des manifestations folkloriques, cette journée doit être aussi l’occasion de rendre hommage à des pionnières de l’OPF comme la regrettée Aoua Kéita et la très dynamique Mme Alwata Ichata Sahi.
Il faut rappeler que, à l’origine, il y a la regrettée Aoua Kéita, première femme député de la Fédération du Mali en 1959 et farouche résistante au colonialisme engagée aux côtés des pères de l’indépendance du Mali comme Modibo Keita.
Sage-femme, syndicaliste, militante et femme politique cette brave Nyeleni est née en 1912 à Bamako, dans le Soudan français devenu le Mali après l’indépendance que nous devons à la lutte menée par elle et ses frères.
Figure de l’indépendantisme, du syndicalisme et du féminisme au Mali, elle est décédée le 7 mai 1980 après avoir contribué à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire politique contemporaine du Mali.
Comme le rappelle si pertinemment un confrère africain vivant au Canada, cette journée fut ensuite promulguée officiellement par l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) le 31 juillet 1962.
Au lendemain de l’indépendance de quelques pays africains, les femmes d’Afrique avaient vite pris conscience de la nécessité de s’unir pour former une seule association afin de mieux se connaitre, d’échanger leurs expériences, de conjuguer leurs efforts pour l’émancipation de la femme et la décolonisation des pays encore sous le joug colonial.
C’est ainsi que des femmes de tout le continent africain se sont réunies à Dar-Es-Salam (Tanzanie) et ont créé la première organisation de femmes du continent : La Conférence des Femmes africaines (CFA).
C’est cette Conférence qui deviendra par la suite l’Organisation panafricaine de la Femme (OPF) lors du congrès de 1974 à Dakar (Sénégal). L’OPF a acquis ses lettres de noblesse au Mali et dans la région grâce l’excellent travail de plaidoyer, de sensibilisation et de mobilisation accompli par Mme Alwata Ichata Sahi qui a été la Secrétaire régionale de cette organisation pendant de longues années. Elle fera prévaloir par la suite sa compétence et son expérience dans le gouvernement pendant la transition consécutive au stupide putsch du 22 mars 2012.
Femme politique malienne, enseignante de formation, titulaire d’une licence en philosophie et d’une maîtrise d’anglais, Mme Alwata Ichata Sahi a occupé les fonctions de Chef de cabinet du ministère du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme avant d’occuper un fauteuil ministériel.
En effet, elle a été nommée ministre de la Famille, de la Promotion de la Femme et de l’Enfant le 25 avril 2012 dans le gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Elle a été aussi reconduite à ce poste dans le gouvernement d’union nationale formée le 20 août 2012.
«Vouloir développer un pays sans les femmes est une utopie», nous disait-elle dans une interview en septembre 2015 alors qu’elle était Secrétaire régionale de l’OPF.
Petit à petit, les décideurs politiques prennent conscience de cette réalité !
Moussa Bolly