Réunies à Bamako pour une journée de concertation autour de la crise politico-sécuritaire dans notre pays, les militantes de l’Union des femmes du Mali pour la dignité et les droits humaines (UFMDD) et la Coordination des associations et ONG féminines (Cafo), ont interpellé les autorités face à l’urgence humanitaire et à la nécessité d’action pour la reconquête du territoire.
Organisée au Centre Awa Keïta, en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri, cette journée de concertation a enregistré la participation d’une cinquantaine de femmes issues des deux regroupements d’associations féminines. L’objectif, selon les initiatrices, est d’engager la réflexion sur les vrais enjeux de la crise sécuritaire au nord.
Comment la crise du Nord est née ? Quelle gestion en ont fait les différents gouvernements ? Quelles sont les conséquences sociales, économiques, politiques et humanitaires de cette crise ? Autant de sujets qui ont occasionné d’échanges fructueux entre les participantes.
La conférence, qui était animée par Boncana Ibrahim et le Pr. Yoro Diakité, a également consacré l’interpellation des décideurs face ce qui constitue un défi pour notre pays : recouvrer l’intégralité de son territoire.
Agir, et tout de suite !
Des débats, il ressort que l’éclatement de la guerre au Nord (le 17 janvier dernier) a provoqué “une situation catastrophique due à la très mauvaise gestion de la rébellion malgré les tentatives de résolution à travers des accords mal négociés par les différents régimes politiques qui se sont succédé”.
“Les dernières décennies ont été marquées par l’impunité, la mauvaise gouvernance, le trafic de toutes sortes, la circulation des armes, la présence de Al-Qaïda dans cette bande sahélo sahélienne”, constatent les femmes au cours de leurs débats. Avant d’ajouter que ces situations ont conduit à ces crises politico institutionnelles et sécuritaires sans précédent pour notre pays.
Malheureusement, déplorent l’UFMDD et la Cafo, ce sont les femmes et les enfants qui en payent un lourd tribut. Victimes d’exactions de toutes sortes, de viols, de mariages forcés par les forces occupantes, privées de leurs libertés individuelles, ces femmes et ces enfants doivent mériter tout le soutien du gouvernement.
Dans une déclaration rendue publique à la fin de leurs travaux, les femmes de l’UFMDD et de la Cafo ont invité les autorités nationales à prendre les mesures nécessaires et adéquates pour traduire les auteurs devant les juridictions compétentes. Elles exigent que les groupes rebelles, les islamistes et leurs complices mettent un terme à leur velléité indépendantiste et aux exactions sur les populations.
Exigeant que le rétablissement de l’Etat de droit et la responsabilité pour l’Etat de protéger ses citoyens, les femmes expriment leur adhésion au processus de négociation pendant la transition et dans la reconstruction du pays.
Les militantes de l’UFMDD et de la Cafo appellent à la mobilisation et à l’union des forces de toutes les sensibilités politiques et de la société civile pour l’unité et la paix. Aussi, les femmes du Mali ont-elles recommandé l’accompagnement de la communauté internationale, avant d’inviter les autorités à la nécessité d’action pour recouvrer l’intégrité du territoire. “Nous devons laisser nos divergences de côté et mettre le Mali au-dessus de nos considérations. Car, sans la paix aucun développement n’est possible”, a déclaré la présidente de l’UFMDD, Mme Awa Wallet Assawadane. Pour qui aucun sacrifice n’est de trop pour que le Mali retrouve sa dignité.
Issa Fakaba Sissoko