Le vendredi 25 août dernier, les travailleurs et les opérateurs économiques de notre pays, réunis au Centre international de conférences de Bamako (CICB), ont signé le Pacte de stabilité sociale et de croissance avec le gouvernement. Ils ont ainsi obtenu des engagements des autorités allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de travail et la promotion du secteur privé.
La cérémonie de signature s’est déroulée sous la présidence du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, en présence du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, des présidents des institutions et des membres du gouvernement. L’on notait également la présence des responsables des organisations syndicales des employeurs et de plusieurs autres personnalités. Ce vendredi restera sans conteste, gravé dans l’histoire de notre pays en matière de gouvernance sociale.
Car, le Pacte de stabilité sociale a pour objectif général de favoriser l’instauration et la consolidation d’un climat social apaisé, propice à l’émergence économique, à travers une transformation structurelle de l’économie. Le document est bâti autour de sept chapitres avec un préambule contextuel et un plan d’actions quinquennal de mise en œuvre, à partir des recommandations de la Conférence sociale tenue en octobre dernier.
Ce plan d’actions 2023-2027 comprend 60 domaines d’engagements et 125 activités programmées. Ces activités portent, entre autres, sur l’extinction des procès-verbaux de conciliation signés avec les syndicats de travailleurs, l’organisation des élections professionnelles et l’adoption d’une politique salariale.
Dans son intervention, le ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, a indiqué qu’à travers les attentes et engagements des parties dans le document, l’objectif ultime qui est celui de la justice sociale sera une réalité à l ‘aune de la mise en œuvre du plan d’actions. Pour Dr Fassoun Coulibaly, le Pacte contribuera également à une meilleure protection du travail et des travailleurs. Selon lui, cette nouvelle dynamique des relations professionnelles devra permettre de trouver des solutions efficaces et durables pour la relance de l’emploi, de l’entrepreneuriat et de l’investissement.
La signature de cette convention intervient à un moment où notre pays est à la recherche de voies et moyens appropriés pour lutter contre l’insécurité, le chômage, la pauvreté et l’exclusion sociale. Fortement recommandé par les Assises nationales de la refondation (ANR) et la Conférence sociale, le Pacte de stabilité sociale et de croissance se présente comme un des instruments privilégiés permettant de créer les conditions d’un climat social apaisé, indispensables autant à l’État qu’aux partenaires sociaux pour affronter les grands défis de l’heure.
Pour le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), le document contribuera de manière significative à la relance d’un développement économique durable de notre pays et une meilleure redistribution des richesses produites. Mossadeck Bally s’est félicité qu’un bon nombre des préoccupations du secteur privé ont été prises en compte, notamment le traitement diligent et le développement des entreprises de notre pays. Le patron des patrons maliens a réitéré l’engagement de son secteur à respecter ses engagements.
400 PRÉAVIS DE GRÈVE- Compte tenu de l’ampleur et de la diversité des problèmes que connaît notre pays, l’élaboration du Pacte a nécessité d’établir des priorités, de faire des choix et de trouver des compromis utiles. De son côté, le représentant des centrales syndicales du Mali, non moins secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), a insisté sur le respect des engagements pris. Yacouba Katilé a, par la suite, affirmé être confiant, car avec les autorités de la Transition, dira-t-il, c’est le retour à une politique et à une gouvernance vertueuses. Le syndicaliste avait déjà été invité à mettre le renouveau du Mali au-dessus de nos divergences personnelles.
Le gouvernement a procédé, il y a deux ans, à une substantielle de la grille salariale des agents de l’État. D’après le Premier ministre, cette augmentation est l’un des plus grands acquis et souvenirs inoubliables de la Transition, surtout pour les petits salaires et les soldats sur les théâtres des opérations.
De janvier 2019 à décembre 2022, notre paie un dénombre plus de 400 préavis de grève. Pour renforcer le dispositif de prévention et de gestion des conflits, le gouvernement a récemment adopté le décret portant institution du Conseil national du dialogue social (CNDS). Dr Choguel Kokalla Maïga a par ailleurs souligné que la relance économique ne peut être réalisée sans un climat social serein sur les lieux de travail, avec l’implication effective des organisations syndicales, d’employeurs et de travailleurs dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques.
«Ensemble, faisons de ce Pacte un outil de réalisation de notre rêve commun, celui de réaliser la justice sociale par la promotion du dialogue social, le respect de la liberté syndicale, les meilleures conditions de travail et la promotion du secteur privé», a exhorté le chef du gouvernement. Considérant que ce contrat social s’insère également dans le processus de refondation de l’État, il a invité toutes les parties à jouer leur partition tout en donnant l’assurance que le gouvernement jouera sa part.
L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE LA NATION- Dans son intervention, le président de la Transition a fait savoir que le Pacte est l’aboutissement d’intenses efforts consentis par le gouvernement ainsi que les partenaires sociaux et économiques. Le colonel Assimi Goïta a souligné que l’esprit de ce document est d’instaurer un climat apaisé, stable et propice à l’émergence économique.
Cela est d’autant plus nécessaire que depuis 2012 jusqu’à nos jours, notre pays fait face à d’énormes défis, notamment la crise multidimensionnelle, la Covid-19, les conséquences de l’embargo imposé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de la crise ukrainienne. Tous ces événements ont affecté et perturbé le monde du travail et l’économie nationale, a relevé le chef de l’État. Face à cette situation, at-il rappelé, le gouvernement a pris d’énormes décisions dont les dernières sont l’harmonisation des grilles salariales des fonctionnaires civils et militaires, le relèvement de l’indice à 1.382.
Le président Assimi Goïta a, par ailleurs, indiqué que sans apaiser le climat social, on ne peut pas faire face efficacement à la lutte contre le terrorisme. «Nous avons besoin d’avoir un climat apaisé qui permet l’approvisionnement des troupes sur le terrain. Car, cela peut être perturbé par les grèves notamment celles au niveau de la douane et du secteur économique», at-il expliqué, tout en saluant l’engagement patriotique, surtout le sens de responsabilité des partenaires sociaux, économiques et du gouvernement.
Le chef de l’État a demandé à chacune des parties d’honorer ses engagements. Il a remercié les partenaires sociaux et économiques pour leur sens élevé du devoir, car ils ont renoncé à certaines exigences au nom de l’intérêt supérieur de l’État. Le colonel Assimi Goïta a ensuite exhorté l’ensemble des Maliens à se focaliser sur l’intérêt supérieur de la nation, qui est de promouvoir la paix, le développement économique et social de notre pays.
17 centrales et organisations syndicales adhèrent au document
Au total, ce sont 17 centrales et organisations syndicales de notre pays qui ont signé, vendredi dernier au CICB, le Pacte de stabilité sociale et de croissance avec le gouvernement devant le président de la Transition , le colonel Assimi Goïta. Après les discours officiels, les responsables des organisations syndicales d’employeurs et de travailleurs sont passés, successivement, pour apposer leurs signatures au bas du document. à leur suite, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et les ministres du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Dr Fassoun Coulibaly, de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, ont signé le Pacte au nom du gouvernement .
Les organisations syndicales d’employeurs et de travailleurs signataires sont : le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM), la Confédération malienne du travail (CMT). S’y ajoute le Syndicat libre de la magistrature (Sylima), le Syndicat autonome de la magistrature (Sam), le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Snesup), le Syndicat autonome des greffiers et secrétaires de greffes ( Synag), le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (Sylmat).
D’autres organisations syndicales signataires sont le Syndicat national des administrateurs civils de l’administration territoriale (Snac), le Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (Syltae), le Syndicat national des travailleurs de l’enseignement secondaire (Syntes), le Syndicat libre des enseignants des écoles privées du Mali (Syleepma), le Syndicat national de l’enseignement secondaire de l’État et des collectivités (Synesec) et le Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités (Sypesco).
Bembablin DOUMBIA