Ils croulent sous le poids de la misère, incapables de payer les frais d’écolage des enfants, les loyers ou assurer le pain quotidien, et ce à l’approche du début du Ramadan et de la fin du contrat signé avec le gouvernement.
La tête et le cœur dans les ordures. Les travailleurs de la société de nettoyage sont plongés dans une précarité sans précédent. Ils accusent deux mois d’arriérés de salaires. Le non-paiement de deux mois d’arriérés de salaires des centaines d’agents suscite l’inquiétude et la colère à l’approche du début du mois de Ramadan et de la fin du contrat. La fin du troisième mois est imminente. Et déjà, les promoteurs d’écoles privées piaffent d’impatience. Certaines administrations scolaires sont intraitables et décident de renvoyer les retardataires. Et ce n’est pas négociable. Ils estiment qu’ils ont aussi l’obligation de récupérer les frais d’écolage en vue de verser les salaires aux enseignants ».
C’est dire combien les écoles privées sont touchées par la crise que traverse le pays. Résultat, les recouvrements des frais de scolarité sont faibles, car les parents d’élèves craignent pour l’avenir ou sont touchés par la crise. « Les écolages ? Je ne les ai pas payés ce mois », avoue Camara, père de deux enfants scolarisés. « Les délais accordés » par la direction aux parents d’élèves ont été « reportés à deux reprises », a –t-il reconnu.
Situations des plus graves
Même inquiétude règne dans le milieu des locataires. Se retrouver face à un locataire qui ne paie pas son loyer est l’une des situations les plus graves dans la vie d’un bailleur. D’ailleurs, le risque d’impayés est l’un des principaux problèmes rencontrés par les propriétaires-bailleurs. Mais que faire ? Si les loyers ne sont pas réglés rapidement après la discussion et que qu’ils sont animés du sentiment que la situation va perdurer, alors ils ne perdront pas de temps à expulser.
Ces problèmes sont récurrents à Ozone-Mali abonné à des retards de salaires. Dans un passé non lointain, le président du groupe, Aziz El Badraoui, a rejeté la responsabilité sur d’autres. « Il faut comprendre que le paiement des salaires ne relève pas d’Ozone. Nous sous-traitons avec deux sociétés de placement qui mettent à notre disposition des agents. Ce sont celles-ci qui s’occupent de leur paiement. Mais, le fond du problème est que l’État malien ne paye pas aussi les factures d’Ozone. Si on ne nous paie pas, comment je vais faire pour garantir le salaire des travailleurs. Souvent, je suis obligé de payer les travailleurs de ma poche ».
Le gouvernement a de solides dents contre Ozone. Bamako n’a pas retrouvé son lustre d’antan. Le PDG a divisé la poire en deux. « Aujourd’hui, les gens se plaignent. Mais, je garde toujours en tête les tas d’ordures qui occupaient les rues de Bamako. Quand on venait, à peine on ne pouvait pas faire la différence entre le trottoir et la route. On est venu trouver que des ronds-points étaient enterrés par le sable. Certains coins des marchés de Bamako étaient inaccessibles à cause des ordures. Les gens ont tendance à oublier ces réalités d’alors. Ce qui est important, c’est la réalité sur le terrain. Et, si on n’évacuait seulement que 30 % des déchets de Bamako, la ville n’allait pas se trouver dans cet état. Aussi, si on n’évacuait que 30 % des 1400 tonnes de déchets produits par jour, il faut se demander où vont les 70 %. Il est vrai, les engins ont été fortement endommagés à cause de l’état des routes, de la mauvaise conduite des chauffeurs. Au-delà de ces problèmes, des pièces de rechange sont également dérobées par des travailleurs. Ceux-ci ont impacté négativement sur la capacité de mobilité de Ozone Mali à un moment donné. En effet, l’État malien n’arrive pas à honorer ses engagements dans la mise en œuvre du contrat. Oui, nous avons décidé de revoir l’effectif des agents pour optimiser. Sinon, au démarrage du contrat, nous étions à 1600 ».
En raison de la dégradation de ses résultats, la société a dû s’adapter. La maîtrise de la masse salariale a rapidement conduit à une réduction drastique des effectifs. Le patron n’a avancé aucun chiffre. Néanmoins de l’avis de deux responsables maliens, au moins un milliers d’agents ont perdu leur emploi.
Rappelons que, le groupe Ozone Environnement et Services a signé, en juin 2014, une convention-cadre pour la mise à niveau, l’évacuation, le traitement et la valorisation des déchets dans la ville de Bamako ainsi que la gestion en décharge des déchets solides. Depuis cette date, le Groupe accompagne le développement économique et social de la ville de Bamako en encourageant la création d’emploi et en investissant dans le secteur de la gestion déléguée des déchets.
Georges François Traoré