Face à la propagation de la pandémie de Coronavirus au Mali, le Conseil national des prix, dans sa première session ordinaire de l’année 2020, tenue le 2 avril, dans la salle de conférence du ministère de l’Industrie et du Commerce, a recommandé au gouvernement l’ouverture et la fermeture des marchés, supermarchés, alimentations et marchés permanents à bétail de 6 heures du matin à 16 heures.
La décision de fermeture des marchés à 16 heures est diversement appréciée par les commerçants. Si certains comprennent la mesure, d’autres au contraire demandent des mesures d’accompagnement.
Selon Abdoulaye Cissé, président du collectif national des acteurs des marchés du Mali, les associations ont rejeté la mesure après une longue concertation entre elles. Il a indiqué avoir saisi le président de la chambre de commerce et d’industrie, le ministre de l’Industrie et du Commerce pour leur signifier leur désapprobation.
Il souhaite que les marchés restent comme tels, à défaut, que le gouvernement prenne des mesures pour accompagner les commerçants en prenant en charge les factures d’eau, d’électricité et les taxes. « Notre pays n’a pas intérêt à fermer des marchés étant donné que bientôt, c’est le mois de ramadan et cela aggrave la galère que nous subissons », a-t-il analysé.
De son côté, Alima Sangaré, vendeuse de légumes au marché Dossolo Traoré de Médina-Coura, estime que cette recommandation n’est pas une bonne chose pour les pauvres mères qui ont faim. « Si le marché se ferme à 16h, comment vont-elles vivre ? » s’interroge Mme Sangaré qui affirme que les riches vivent sur le dos des pauvres. La vendeuse doute même de l’existence de la maladie au Mali.
« Les gens sortent depuis 4 heures du matin pour chercher leur pain quotidien, certaines sortent à partir de 16 heures pour gagner le prix du condiment ; si le gouvernement décide de fermer le marché à 16 heures, ce serait une catastrophe pour tout le monde. Les gens qui vivent en vendant de petites choses ne bénéficient pas des conditions des fonctionnaires. Le gouvernement ne sait même pas que nous vivons ! alors, nous ne sommes pas d’accord avec cette recommandation », peste Ramata Diarra, vendeuse.
Alassane Diarra, gérant d’alimentation, affirme que l’application de cette mesure ne sera pas facile tant que le gouvernement ne fait pas quelque chose. « Notre marché commence à partir de 18 heures et si on doit se fermer à 20 heures, ça sera une perte énorme pour nous », nous confie-t-il.
Pour sa part, Ousmane Traoré, commerçant, affirme que la fermeture des marchés à 16 heures n’est pas mal. Ce d’autant qu’il s’agit d’une maladie dont tout le monde doit se prémunir en prenant des précautions. Il demande cependant au gouvernement de leur faire une proposition concrète de réduire les taxes pendant quelques mois.
Comme on le constate, la mesure est loin de faire l’unanimité. Le gouvernement doit faire preuve de pédagogie afin de convaincre les commerçants de l’opportunité de la fermeture des marchés.
Fatim B. Tounkara