Ayant fait l’objet de vérifications par le Bureau du Vérificateur Général en 20218 (des vérifications qui ont coûté la prison au maire et à deux de ses collaborateurs), la mairie de la commune de Baguinéda avait des difficultés dans la gestion des affaires communales. Celles-ci ne sont désormais que de mauvais souvenirs, selon Dr Oumar Keïta, conseiller municipal.
Oumar Keïta dit Barou est le deuxième maire adjoint de ladite localité. Il est le conseiller chargé de plusieurs questions dont les finances, l’éducation, l’environnement et la santé. Il est également le président national du Parti pour l’action civique et patriotique (Pacp). Pour rappel, dans la commune rurale de Baguinéda-Camp, la gestion des affaires communales par le maire, pendant la période sous revue, compromet la mise en œuvre des projets et programmes de développement de la localité. Elle est marquée par d’importantes irrégularités financières consécutives d’une part à la non-perception ou à la perception irrégulière des recettes locales, et d’autre part aux dispenses de paiement illégales délivrées. Ainsi, le montant de déperditions financières qui en résulte dépasse près de quatre fois les recettes propres collectées au niveau de la commune, soit un montant de 529,74 millions de FCFA, a rapporté le Bureau du vérificateur général.
En effet, située à quelques 30 km de Bamako sur la route nationale (RN6), la commune rurale de Baguinéda-Camp regroupe 32 villages. Pour connaître les différentes réalisations faites dans la commune de Baguinéda par la mairie durant ces deux dernières années, dans le cadre de son programme de développement, nous avons approché Dr. Keïta, deuxième adjoint au maire.
«La commune de Baguinéda-Camp se porte mieux actuellement. En tout cas mieux par rapport à beaucoup de communes. Depuis le dernier rapport du Vérificateur général qui a permis d’améliorer certains secteurs, notamment les rentrées de fonds au niveau de la mairie. Les permis qui étaient dispensés autrefois sont soumis à des quittances maintenant. La mairie est en train de faire des entrées colossales», a-t-il expliqué.
D’après lui, maintenant les gens se bousculent pour la délivrance des autorisations des cabinets de soin et des écoles privées. Ils viennent payer, contre quittance, les autorisations. Chose qui était rare autrefois.
A en croire Dr. Oumar Keïta, avec ces fonds cumulés, la mairie est en train de faire beaucoup de réalisations dans la commune.
«De juillet 2020 à août 2021, la mairie est parvenue à construire, sur fonds propre, quatre centres secondaires d’état civil. Notamment les centres secondaires de Dougoulakoro, de Tanima, de Kasséla et de Mouzoun, tous construits, clôturés, équipés et électrifiés, avec les panneaux solaires. Des réalisations qui ont coûté une centaine de millions», a-t-il indiqué.
Dans la même veine, il dira que la mairie avait lancé un contrat avant juillet 2020 concernant la clôture de l’école D de Baguinéda-Camp, le contrat est achevé, l’école entièrement clôturée. Et sur fonds propre, la mairie est parvenue à construire et équiper en tables-bancs 3 salles de classe et un logement pour le gardien dans la même école, à hauteur de 27 millions de nos francs. Sans oublier le groupe scolaire de Baguinéda village, où trois salles de classe ont été également construites et équipées de tables-bancs. En outre, selon lui, la mairie est en train de clôturer et équiper trois salles de classe dans le village de Mofa. Et en collaboration avec Empower-Mali, des engagements ont été pris pour la construction de trois salles de classe, une direction et deux latrines pour l’école de Farakan et celle de Kobalacoro.
«Nous sommes en train de construire trois salles de classe à Tènèmin. La mairie a réalisé deux forages à Nimizat et à Sadjouroubougou. La mairie de Baguinéda est en train de faire de très grandes réalisations. J’ose espérer que dans les jours à venir, d’autres réalisations s’en suivront. Notamment la clôture du terrain de football municipal de Baguinéda-camp et de Kobalacoro, la construction du dispensaire de Kobalacoro, la construction de trois salles de classe équipées de tables-bancs à Kakabougou», s’est-il réjoui.
Cependant, malgré ces réalisations, dit-il, quelques difficultés résident au niveau des dispenses de paiement des permis d’occuper. À ses dires, ils sont nombreux à ne pas s’acquitter de cette obligation.
«Jusqu’à présent il y a des gens qui n’ont pas compris que le fait de payer les permis d’occuper contribue au développement de la commune. La mairie travaille avec ces fonds ; s’ils sont dédiés à d’autres fins, c’est des manques à gagner », souligne l’élu local.
Pour Barou, la collaboration entre le maire et ses adjoints se passe maintenant très bien. Les recettes sont hebdomadaires, la rentrée de fonds se fait du lundi au vendredi, et le régisseur fait le virement au niveau de la perception chaque vendredi.
«Quand les gens fréquentent couramment la mairie et qu’ils s’acquittent des droits de quittance des permis d’occuper, la mairie a au minimum 7 à 8 millions de francs par semaine. A raison d’un million par jour. Chose qui contribue beaucoup au développement de la commune. Ce n’est plus aussi flagrant comme les années précédentes, mais jusqu’à présent il y a des petites irrégularités à ce niveau», a-t-il souligné.
Concernant la rupture de confiance qui existe entre les autorités locales et les citoyens de la commune, il a laissé attendre que cette rupture n’est pas que locale. Elle est aussi nationale car, ajoute-t-il, les Maliens n’ont plus confiance en leurs dirigeants. Selon lui, il faut que la population revoie sa façon de choisir ses dirigeants.
«On ne doit plus voter par affinité ou pour avoir quelques billets. Mais pour la capacité et la qualité morale chez les candidats. Je crois qu’elle doit tirer les leçons du passé. La population ne doit plus se permettre de choisir des candidats qui viendront passer 5 ans à s’enrichir sur son dos. Que l’électorat mette l’intérêt collectif au-dessus de tout. C’est ainsi qu’il pourra apporter ce changement qu’il cherche longtemps. Que les Maliens sachent qu’il existe toujours des hommes dignes, d’honneur dans ce pays. Cherchons des dirigeants qui se soucient du développement aussi bien local que national, plutôt que des dirigeants sans vergogne», a-t-il conseillé.
Moussa Sékou Diaby