Origine des Touré, Tandina, etc. du Nord : Bref aperçu sur l’histoire des Armas

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En visite à Tombouctou pour l’inauguration à la fois de l’Agence de la BIM-Sa et d’une école au profit de l’Association des femmes musulmanes de Tombouctou, l’Ambassadeur du Maroc au Mali, Moulay Idriss Fadhyl, a rendu visite à la chefferie traditionnelle de la ville. C’est ainsi qu’il a été reçu dans la grande famille d’Alkaya Ibrahim, à Badjindé. Tous les Armas de la ville y étaient présents pour la circonstance. C’est ainsi que Kalil Ibrahim Touré a été chargé de faire un bref aperçu sur l’histoire des Armas dont l’origine certes lointaine est marocaine mais aussi andalouse. Voire ci-dessous, le texte de M. Touré.

 

Tombouctou, important centre Commercial, fut convoité, tour à tour, par les Touaregs, les Mandingues et les Songhoï. Et, c’est aussi pourquoi les Marocains s’en emparent à la fin du XVIe siècle.

En effet, Ahmed Almansour Sultan du Maroc, dès son accession au trône a nourri le projet de conquérir l’empire Songhoï.

Fin 1590, il y envoya une Expédition militaire composée de   Renégats espagnols, de mercenaires andalous et des arabo  berbères du Maroc, commandée par son capitaine de confiance Djouder ou Pacha Djawdar un andalou originaire de cuevas d’Almouze de la région d’Almeria. La Colonne quitta Marrakech et gagna Tondibi à 50 Km de Gao, le 12 Mars 1591 où la victoire de l’armée marocaine fut imminente et totale grâce à leurs mousquets jusqu’alors ignorés des Songhoï qui n’avaient pour seules armes que des lances et des Javelots.

Le 25 Avril 1591 Djouder de Gao revient à Tombouctou pour cause de rigueur climatique   qui devient la capitale de cette colonie marocaine, appelée Pachalik. La même année, il édifia la première forteresse militaire ou Casbah du soudan. Plusieurs butins furent acheminés au Maroc, jusqu’à la disparation en 1603 d’Almansour "EL DHABI"

En 1612 le Maroc cessa d’envoyer des contingents et de nommer les Pachas de Tombouctou. Du coup le Pachalik devient indépendant et les successeurs des marocains de la première heure de la conquête, du corps expéditionnaire et d’autres arrivés dans la région à la fin du XVIe siècle se métissèrent rapidement à l’aristocratie locale et leurs descendants formèrent la dynastie ou groupe sociale des Armas (qui veut dire porteurs de fusils). Ceux-ci succédèrent au pouvoir jusqu’en 1833 en maintenant les structures administratives existantes. Cette communauté Arma vit à Tombouctou, ainsi que sur la région subsaharienne ou historiquement elle est née et s’est développée. Ces métisses Hispano-marocains, constituent un élément ethnique nouveau dans la boucle du Niger et sont désignés ainsi :

Arma : au Maroc et à Tombouctou

Rouma : à Bamba

Larbo : à Gao

Moriscos : en Espagne

Rami : par les Touaregs.

Leurs patronymes sont variés selon leur lieu d’origine. Ainsi on appellera :

 

Draouï celui dont le père ou l’ancêtre de l’oued DRA

Alfasin : de FEZ

Almarkassin : de Marrakech

Aldyubarkoï : des montagnes Djebel du sud

Alhaha : Des Tribus haha

Alfilali : du Tafilet

Laloudjî : de l’andalousie

Tandina : de Tanger

Assarki : Gens de l’est du Maroc

Albassa : descendants des Pachas

 

Enfin Touré, nom générique, sous lequel on les distinguent tous. Il est indéniable qu’une partie des origines des armas certes lointaine est marocaine mais aussi andalouse, même si maintenant leur Intégration au cours des générations a achevé de leur donner la couleur de peau et les mœurs de leurs voisins noirs songhoï. Les derniers survivants de l’armée marocaine et leurs successeurs laissés à eux-même vont se livrer une lutte perpétuelle et successive du pouvoir; par la division venue de Marrakech et celle de Fez pour le choix des hauts dignitaires. De 1700 a 1833, 160 pachas se succédèrent sur la ville au long de 242 années que durera le Pachalik.

Affaibli, en 1827 le Pachalik va tomber sous la domination des Peulhs de Sékou Amadou, puis des Toucouleurs, Touaregs et enfin des Français. Malgré ces multiples dominations, la ville restera toujours aux mains d’un chef arma qui sera désormais nommé par l’occupant. Depuis la fin du Pachalik, les Armas perdirent le pouvoir et l’autorité qu’ils détenaient, pour n’occuper que des rôles secondaires tels que Kahia (Chef de division) sous les peulhs et Touaregs et enfin chef de Canton ou de quartier sous la domination française au 19eme siècle. De cette période, au jour d’aujourd’hui les armas ont fini par adopter, une institution traditionnelle permettant de préserver et sauvegarder leur identité culturelle   Elle s’appelle AlGuinssy, (de l’arabe Aljinsh qui veut dire groupe ou clan)

Cette institution traditionnelle n’est ouverte effectivement qu’aux Armas seuls et les singularise de ce fait des autres communautés de Tombouctou. Dans sa composition, c’est un organe hiérarchisé avec une conception militaire, qui gère la communauté arma et les cérémonies sociales : mariage, baptême etc. Les Armas qui ont pour sites les quartiers de Djingareï ber et Sareïkina, sièges au temps du pachalik, sont regroupés en "Alguinssy". Les deux "Alguinssy", bien qu’indépendants, peuvent être amener à s’unir pour un but Commun.

Par sa riche tradition, l’influence de la culture Arma est omniprésente, dans tous les secteurs sociaux   culturels de Tombouctou.  L’architecture, le vestimentaire, le culinaire, et dans toutes les cérémonies.

Enfin, deux associations furent créées, pour venir en aide au travail de sauvegarde des valeurs culturelles, économiques et sociales de la communauté Arma.

1) ATAMIM (association Tombouctien d’amitié avec le monde Ibérique et le Maghreb) avec récépissé de l’année 1992, qui entretien voilà plus d’une décennie des relations d’amitié et de coopération avec la ville natale de Pacha, Djouder.

2) TANARE en souvenir d’une cérémonie traditionnelle ARMA, qui commémore chaque année, l’anniversaire du Maouloud. Avec récépissé de l’année 2004.

Je ne s’aurai conclure, sans exprimer le souhait de la Communauté ARMA de Tombouctou, de voir naître et se développer des échanges avec les villes comme Marrakech, Fez, Tanger etc. dans les domaines variés, comme la faisabilité d’un festival ARMA et d’autres activités socio  culturelles afin de travailler à la renaissance de notre passé historique commun.

 Khalil l. Touré, Notable Djingareï  bèr

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