Opinion : Silence coupable, ce que j’en pense

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A quoi devrait servir un militant s’il abdique son devoir de se battre contre l’injuste?

A quoi sert un intellectuel s’il abdique son devoir de dénoncer et de se dresser contre les tentacules qui étouffent l’Etat et sa raison d’être. A quoi auront servi les assauts sans fin contre le régime défunt, qui a d’ailleurs fini par céder? D’ailleurs, pourquoi les populations se sont-elles levées contre le tout puissant régime défunt ?

Le clanisme, la gestion patrimoniale, l’exclusion de pans entiers de la nation de la gestion du pays, de la corruption, la gouvernance de prédation, l’aventurisme sécuritaire ont-ils disparu?

Nous avions osé revendiquer ce qui nous appartient : la prise en main de notre destin. En avons-nous joui ? Que non !

S’il est une chose que personne ne peut reprocher au régime passé, c’est la préservation de la liberté d’expression. En jouissons-nous toujours ?

On nous réduit au silence. Mais bien avant cela, on s’était déjà tus, tétanisés par la peur ou par l’appât des postes ou simplement par apathie ? Nous avons eu la naïveté de croire au changement. Nous en apprenons les conséquences à nos dépens aujourd’hui. Toute la machine de la transition a été mise en place par la ruse et dans l’opacité. Et jusqu’à la fin, nombreux sont ceux qui ont patienté et espéré que la transition serait inclusive. Ils ont observé le mutisme le plus absolu dans l’espoir de contribuer à sa réussite, souvent de bonne foi, pas toujours. Les autres, qui, emportés par leur crédulité ont apporté des contributions écrites pour soutenir la promesse d’une “transition civile” pour faire la “refondation” de la nation y ont perdu leur virginité.

Ces naïfs avaient espéré contribuer, non pas par désir de récompense ou de reconnaissance, au redressement de notre nation enfoncée dans la boue. Mais c’était sans compter avec le cynisme des nouveaux maîtres des lieux. Rien n’y fait. Les dirigeants du moment n’en ont cure. Ils n’ont pas besoin d’intellectuels, pas plus besoin de militants ni même de bâtisseurs, encore moins du citoyen lambda.

Ils ont besoin d’hommes et de femmes liges pour remplacer un système prédateur par un système qui ordonne, qui enjoint, impose, prescrit, décide en cercle fermé de notre destin, en excluant les pans entiers de la Nation des choix qui vont pourtant l’engager pour une génération au moins.

Les temps sont révolus où on pouvait tourner la  baïonnette de son fusil contre son peuple. Ils sont révolus les temps où on imposait par injonction. Nous ne pouvons observer cela en silence. Aucune attente, aucune compromission, aucun espoir illusoire ne peut justifier que les intellectuels, que les militants, que les bâtisseurs, que le citoyen lambda demeurent silencieux devant l’hydre qui nous entraine dans les abysses. Nous ne romprons pas !

Nous réclamons notre droit de prendre une part responsable dans la définition de notre futur. Nous voulons que notre nation cesse d’être le ventre mou de la région et du reste de la communauté internationale.

Nous voulons cesser d’avoir honte pour notre pays. Nous ne voulons pas être des cobayes d’une expérimentation par des apprentis sorciers. NOUS RÉCLAMONS LE REDRESSEMENT DE NOTRE TRANSITION POUR SAUVER NOTRE PAYS, le Mali.

Cheick Sidi Diarra,

Ancien Secrétaire général adjoint des Nations-Unies

 

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