Nous vous livrons ici lintégralité du projet de société proposé, au peuple malien, par le candidat Modibo Sidibé, Président du Parti Fare Anka Wili, lors de sa campagne pour la présidentielle de 2013
« Il vaut mieux regarder devant soi que se retourner sur l’endroit où l’on a trébuché ». La sagesse malienne est grande. Et toujours source dinspiration. Regarder devant soi, pour ne pas risquer à nouveau de tomber. Regarder devant soi pour identifier les chantiers à ouvrir. Les programmes à lancer. Les objectifs à se fixer. Les horizons à se donner.
Reconstruire, cest vouloir tirer les enseignements du passé. Et non rétablir le passé. Reconstruire, cest savoir faire la part de ce qui a fonctionné. Tout en étant conscient de ce qui a échoué. Reconstruire, cest avoir la prudence de celui qui sait le sol fragile, et cest laudace de lhomme dont lespoir porte les convictions. Reconstruire, cest enfin avoir la volonté de rassembler, dassocier, de réconcilier
Un journaliste me demandait récemment ce qui nétait pas à reconstruire au Mali. Ce qui nest pas à reconstruire, lui ai-je répondu, cest lidée que les Maliens se font deux-mêmes. Celle dun peuple. Du patrimoine quils portent. De la culture dont ils sont les héritiers. De ce qui les soude, au-delà dune crise dont nous devons collectivement sortir plus forts, plus sages, plus responsables. Les Maliens doivent retrouver ce souffle qui fera deux les acteurs de leur propre changement. Tous ensemble, nos aînés comme notre jeunesse, nous devons travailler à resserrer les liens de la nation, doù le programme que je propose, basé avant tout sur la priorité donnée à la cohésion sociale, sur limplication de tous, des autorités traditionnelles jusquau plus haut de lEtat.
La cohésion sociale a pour préalable la cohérence de notre système démocratique et la refondation de ses institutions dans lesquelles chaque Malien doit pouvoir se retrouver. En qui chaque Malien doit pouvoir se reconnaître. Sur qui chaque Malien doit pouvoir compter pour défendre ses valeurs, ses droits et faire prendre au pays les bonnes directions. Qui doivent enfin inspirer à chacun lenvie de les servir. De les respecter. De les défendre.
Il nest pas ici question de se voiler la face, ni de jouer la politique de lautruche : notre démocratie doit faire face comme nombre dautres à des insuffisances, à des plaies qui la fragilisent. Il nous faut réinventer une autre façon, plus vertueuse, plus efficace, de faire de la politique. Afin quelle cesse de donner le pauvre spectacle dun pré carré ou saffrontent des intérêts catégoriels, des ambitions personnelles, où se développent de petites stratégies de court terme sans grand rapport, le plus souvent, avec lintérêt général. Le propos nest bien sûr pas de remettre ici en cause, dune quelconque façon, le pluralisme qui est lune des conditions du débat démocratique. Mais le nombre de nos partis frise par exemple le ridicule et apporte la démonstration que le trop peut être lennemi du bien. Sachons davantage nous réunir et moins nous disperser, au prétexte de divergences artificielles et égoïstes qui ne sont parfois que le masque dune prétention personnelle. Sachons ne pas regarder nos formations politiques comme de simples armes de conquête du pouvoir mais comme les outils de la démocratie, du contrôle de la démocratie, les contre-pouvoirs dont nous ne saurions nous passer. La démocratie ne se mesure pas au nombre des partis mais à lintelligence collective de ceux qui représentent ou dirigent la Nation. Et nous avons trop de raisons urgentes de nous rassembler et de nous parler sans nous opposer en permanence pour des raisons qui nont souvent rien à voir avec lattention portée au pays.
Car notre objectif, notre vocation cest de rassembler. Pas de se réunir autour dune ambition personnelle et de quelques idées opportunistes comme trop souvent notre pratique partisane semble lillustrer. Non. Il ne sagit pas davantage de réunir des intérêts, de regrouper des forces, de mettre artificiellement des individus les uns à côté des autres. Non, cela va bien plus loin. Il ne sagit pas seulement dabandonner une façon désuète de faire de la politique ou des méthodes de gestion dépassées. Non là encore, cela va au-delà. Notre propos est autre. Il sagit de rassembler des volontés. Il sagit dêtre les initiateurs dun véritable renouveau démocratique, les artisans dune véritable refondation que mérite le pays qui nous est cher, le pays que nous aimons, que nous avons vu vaciller et que nous voulons défendre, car ce pays ce nest pas un parti, un groupe, un clan, ce pays, cest un peuple, une nation, des Maliennes et des Maliens qui aspirent à la modernité, qui ont droit au meilleur et dont lavenir ne se conçoit que si nous savons tous nous rassembler.
La modernité pourquoi nous en priverions nous ? Nen serions-nous pas dignes ? Y aurait-il quelque chose qui ferait que le Mali ny aurait pas droit, condamné à se satisfaire du mauvais spectacle donné par des luttes de clan le plus souvent incompréhensibles du plus grand nombre, des querelles de « préau décole », des débats artificiels entre partis groupusculaires que seuls font naître des intérêts bien réels ceux-là mais pas forcément ceux du peuple. Y aurait-il une fatalité, une prédisposition qui rendrait le Mali incapable de se donner des institutions stables et durables, des alternances pacifiques, une maturité démocratique exemplaire ?
Je sais que rien de tout ce que je viens dévoquer ne se décrète pas. Mais se construit. Il y a là affaire de prise de conscience et de volonté. Aujourdhui, jen appelle à tous ceux qui aiment notre pays comme je laime. Aujourdhui jen appelle à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans une façon dépassée et inadéquate de faire de la politique. Aujourdhui jen appelle à tous ceux qui ont une ambition pour leur pays. Et plus dambition pour leur pays que pour eux-mêmes Jen appelle à tous ceux qui entendent, comprennent, soutiennent une idée simple qui pourrait, qui devrait être une évidence : la politique et lexercice du pouvoir ne sont que caricatures sils ne sont fondés sur une éthique, sur ces valeurs dont tous les Maliens doivent se sentir dépositaires, solidaires, et dont leurs enfants et petits-enfants seront les héritiers Notre conviction à nous, elle se nourrit des principes républicains, des valeurs démocratiques, du respect quinspirent des institutions que nous nous sommes données, et qui nous ressemblent. Du respect de lhomme. De ses droits. De sa pensée. De ses libertés. De ses mérites. De ses valeurs culturelles.
Rassemblons-nous dans un nouveau pôle politique, un pôle politique émergent, porteur de ces valeurs, dune nouvelle gouvernance des partis politiques, dune citoyenneté plus active, plus engagée.
Tel est le dessein du projet Mali Horizon 2030, un pacte davenir, véritable contrat avec les Maliens que jai la seule ambition de rassembler, de conduire et dintégrer à la marche de la civilisation industrielle, scientifique et technologique du 21ème siècle. Sans crainte, et en toute confiance parce que nous savons doù nous venons ».
Modibo Sidibé