A l’instar des autres pays couverts par l’ONG BuildOn, le Bureau du Mali commémore cette fête du 20è anniversaire dont 13 ans au Mali. A son siège à Bougouni au quartier Faraba, immeuble Ex-BNDA, le coordinateur national de l’ONG, M .Alfousséini Maïga a été rapproché par nos soins.
Relais : M. le coordinateur, pouvez-vous nous expliquer le statut et les missions de BuildOn ?
Alfousséini Maïga : Bien ! BuildOn est une organisation non gouvernementale internationale, créée aux Etats Unis d’Amérique où elle a son siège mondial. Cependant, BuildOn est arrivée au Mali en 1998, et son siège national est basé à Bougouni. Le projet couvre pour le moment les régions de Sikasso, Koulikoro et Ségou.
Elle s’est fixée comme objectif de lutter contre la pauvreté dans des pays en voie de développement à travers l’éducation. C’est pourquoi, elle a deux missions : la construction des écoles et la formation des personnes adultes en alphabétisation fonctionnelle.
La construction d’école qui est la mission fondamentale, a pour objectifs d’appuyer le gouvernement dans la construction des écoles, d’augmenter le taux de scolarisation et d’améliorer le cadre de travail des acteurs de l’éducation.
Le second volet, alphabétisation fonctionnelle, vise à former les personnes dans leurs langues locales afin qu’elles puissent écrire, lire et calculer comme tous les autres intellectuels.
Afin d’améliorer en plus les conditions de vie des communautés partenaires, les villages engagés et motivés dans l’exécution du programme de la formation en alphabétisation, bénéficient d’une extension de la formation, qui porte cette fois-ci sur l’initiation des activités génératrices de revenus.
Relais : BuildOn était jadis appelé BWB, building with books, pourquoi ce changement de nom ?
Alfousséni Maïga : En fait, avec la première appellation il y avait beaucoup de confusion. Building with books est une expression anglaise qui signifie en français, construire avec les livres.
Pour ce faire, il y a des bailleurs qui comprenaient que les activités de l’ONG sont axées sur la distribution de livres. Et ils entendaient toujours faire leur financement en nature, c’est dire attribuer des livres à buildOn. C’est la raison pour laquelle, afin de faciliter la compréhension, l’appellation BWB a été remplacée par BuildOn, qui est même facile à prononcer.
Relais : De son arrivée à nos jours, quels sont les résultats obtenus par BuildOn ?
Alfousséini Maïga : A la date du 1er janvier 2011, les activités de BuildOn couvrent144 villages dans les trois régions couvertes. Avant l’intervention de notre ONG, dans l’ensemble des villages couverts, le nombre de cours étaient de 270. Mais, à la date du 1er janvier 2011, ce chiffre a atteint 627, soit une augmentation de 357. De même les enfants scolarisés étaient de 7498, mais suite à l’intervention de BuildOn, les enfants scolarisés dans les villages partenaires sont aujourd’hui de 17 600 enfants. La scolarisation des enfants a augmenté de 8676.
Il faut surtout signaler que la scolarisation des filles est passée de 31, 96% à 52,40%, soit une augmentation de 20,44%.
Aussi l’effectif des enseignants dans ces villages était de 232, avant BuildOn, mais à présent les enseignants sont au nombre de 494, soit une augmentation de 262 enseignants.
Et enfin, de 2000 à janvier 2011, 5850 adultes ont bénéficié de la formation en alphabétisation fonctionnelle dont 61% de femmes.
Relais : Ces actions ont coûté combien de nos francs à BuildOn ?
Alfousséini Maïga : Le montant injecté dans ces activités est deux milliards trois cent quarante sept millions deux cent soixante dix mille sept cent soixante quatre francs CFA (2 347 270 764 FCFA).
Relais : Quelles sont vos perspectives pour l’exercice budgétaire 2012 ?
Alfousséini Maïga : BuildOn fait une projection de construire 15 écoles au moins en 2012. Ce qui lui coûtera la somme de Cent trente sept millions neuf cent trente cinq mille six cent cinquante francs CFA (137 935 650FCFA).
Pour ce qui concerne le volet alphabétisation fonctionnelle, nous comptons ouvrir 7 centres de formation avec 5 extensions. Cela coûtera à l’ONG, la somme de onze millions sept cent quarante un mille trois cent quatre vingt francs CFA (11 741 380FCFA).
Pour l’exercice 2012, BuildOn du Mali a un budget global de deux cent vingt deux millions huit cent vingt cinq mille six cent soixante un francs CFA (222 825 061 FCFA).
Relais : Enfin, quels messages avez-vous à l’endroit des différents acteurs du développement au Mali ?
Alfousseini Maïga : D’abord je remercie les populations des villages partenaires qui prennent à bras le corps le problème d’éducation de leurs enfants. Ce sont des personnes qui ont bien compris et ont accepté notre approche participative, qui, pour la construction des écoles demande aux villageois de prendre en charge les matériaux de construction locaux : le sable et le gravier ainsi que la main d’œuvre non qualifiée. Cela permet à BuildOn de financer les matériaux importés dont le fer, le ciment, les tôles et les frais de main d’œuvre qualifiée. En outre le plan de construction et les frais de supervision sont à la charge du projet.
Ensuite, je réitère la salutation de l’ONG à l’endroit du gouvernement malien à travers les autorités scolaires locales pour leur disponibilité et leur accompagnement.
Cependant, il faudra mettre en exergue certaines difficultés auxquelles BuildOn est confrontée au Mali.
Il s’agit en premier lieu du non-respect de l’Etat vis-à-vis de ses engagements dans les conventions tripartites engageant BuildOn, communautés bénéficiaires et l’Etat. En fait, avant la construction de chaque école, une convention de base signée par les trois parties stipule que l’Etat prendra en charge l’équipement de l’école en mobiliers scolaires et la mise à disposition d’enseignants.
A nos jours, certaines écoles sont équipées et ont des enseignants, cependant beaucoup d’autres attendent l’exécution des engagements de l’Etat pour être fonctionnelles.
En second lieu, nous demandons à l’Etat d’accorder une exonération à BuildOn sur les matériaux de construction afin que cette ONG puisse construire d’autres écoles. Les 18% de la TVA sur les Cent trente sept millions neuf cent trente cinq mille six cent cinquante francs CFA (137 935 650FCFA) font vingt quatre millions huit cent vingt huit mille quatre cent dix sept francs CFA( 24 828 417FCFA). Je pense que ce montant peut donner la chance à d’autres villages qui se trouvent dans le besoin de bénéficier d’écoles.
Madame le Ministre sortant et l’actuel Ministre de l’Education de Base, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales nous ont toujours fait des promesses qu’ils n’ont jamais tenues. Donc, j’invite le gouvernement malien à réfléchir mûrement sur les impacts de nos activités sur les populations bénéficiaires.
Je vous remercie Propos recueillis par
Seydou KONE
