Bien vrai que la parité entre les sexes s’améliore au Mali, la fillette, vulgairement nommée « sexe faible », continue d’être privée partiellement de son droit à la scolarisation. Surmonter la marginalisation dans l’éducation devrait être une des priorités des politiques de notre pays. Certes, le nombre des filles non scolarisées a amplement diminué cette dernière décennie, mais beaucoup reste à faire.
Tous les Etats du monde entier approuvent le principe de l’égalité des chances au niveau de l’éducation. Ils reconnaissent que restreindre l’accès à la scolarisation viole les droits de l’homme, renforce les inégalités sociales et entrave la croissance économique. Il est intrinsèquement difficile de mesurer le niveau de marginalisation des filles dans l’éducation, en Afrique. Souvent, les données nationales ne sont pas suffisamment détaillées pour permettre d’identifier les groupes marginalisés. On pourrait même croire que notre pays ne se préoccupe guère d’obtenir de meilleures données sur certaines des plus défavorisées, telles les filles qui travaillent, celles qui sont victimes de mariage précoce, celles qui sont atteintes de handicaps et celles qui vivent dans les localités où il n’y a pas d’écoles. Mais force est de reconnaitre qu’au cours des deux dernières décennies le Mali a accompli des progrès extraordinaires. Notre pays avait en 1991, l’un des taux nets de scolarisation des filles les plus bas du monde et semble, aujourd’hui, en voie de réaliser l’OMD (Objectif du Millénaire pour le Développement) relatif à l’éducation d’ici 2015. La part des filles non scolarisées parait s’affaisser et les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire se réduisent relativement. A l’instar de plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest, le Mali a adopté une politique visant à renforcer la parité dans le cadre de la stratégie générale de réalisation de l’enseignement primaire universel. La politique appliquée consiste, entre autres, à modifier les attitudes concernant la place des filles et des femmes dans la société, à offrir des incitations financières destinées à augmenter la participation scolaire, à fournir de l’eau et des installations sanitaires dans les écoles, à recruter des enseignants et accroître leur nomination dans les zones rurales, etc. Cependant beaucoup reste à faire ; car des milliers de filles ne sont toujours pas scolarisées et des milliers d’autres abandonnent l’école avant d’avoir achevé le cycle primaire. Les facteurs mettant un frein à la scolarisation des filles au Mali sont nombreux et variés. Leur maintien à l’école une fois qu’elles atteignent l’âge de la puberté pose une autre série de problèmes, due à des faits comme le mariage précoce, ou au fait que le désavantage d’être une fille interagit avec d’autres aspects de la marginalisation tels que la pauvreté ou l’origine ethnique. Il est encore possible de réaliser davantage de progrès plus rapides, par des politiques performantes et des programmes ciblés. Rokia Diabaté