N’Tominkorobougou :L’ancien gouverneur de Bamako donne un coup de pied à la chefferie traditionnelle

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Le pouvoir du chef de quartier de N’Tominkorobougou est ébranlé par une décision injuste, impopulaire, illégitime et illégale de l’ex-gouverneur du district, Ibrahima Fèfè Koné. Dès lors, la colère gronde dans ce quartier de la commune III de Bamako.

Dans l’histoire du grand Mali, la chefferie traditionnelle a toujours été un élément moteur de stabilité. Le chef est celui qui incarne la sagesse, le pilier, le socle, l’œil de la cité. Il peut être choisi par tradition familiale ou par reconnaissance de la population en raison du service rendu à la communauté dont il est issu. Son choix ne se fait aucunement et nullement par élection. Il est toujours le fruit d’un large consensus entre les dignitaires, les sages, les autochtones et les notables de la communauté concernée. Fort heureusement ces traditions perdurent encore dans nombre de nos villages, fractions, et ou quartiers. Certains quartiers de Bamako commencent à se démarquer de cette tradition, car la politique se mêle à la chefferie et bouscule les traditions. Comment en est-on arrivé là à N’Tominkorobougou ? Ce petit quartier paisible, qui est un démembrement d’un des plus vieux quartiers de Bamako : Sogonafing.

Depuis près de deux ans, nous assistons à un bicéphalisme, orchestré par une frange infime de la population, en quête d’autorité et de reconnaissance sociale.

Le chef de quartier que l’on veut humilier, Amadou Coulibaly, a donné 45 années de sa vie pour servir le quartier. D’abord, il a été conseiller auprès du premier chef de quartier, feu Mamadou Sidibé pendant 26 ans. A la mort de ce dernier, il lui avait été proposé d’être le chef de quartier mais il refusa prétextant qu’il ne saurait être chef de quartier du vivant de ses aînés. Il était à l’époque membre du Conseil. D’un commun accord, les conseillers choisirent Ladji Sanogo comme chef de quartier de N’Tominkorobougou. Ce dernier resta chef pendant 13 ans. Toutes ces années durant, Amadou Coulibaly resta aux côtés du vieux Ladji et devint l’œil, les bras, les oreilles et les pieds de ce dernier qui, de par son vieil âge, manifestait des difficultés pour participer aux cérémonies du quartier. Une triste journée du 05 Novembre 2005, arracha à l’affection des habitants du quartier, le vieux Ladji Sanogo (paix à son âme).

Le quartier de N’Tominkorobougou resta sans chef jusqu’au dimanche 26 Février 2006 à 16h30 mn où, dans le centre secondaire d’état civil, le conseil de quartier décida de confier la chefferie provisoire à Amadou Coulibaly (Réf. Compte Rendu de Réunion du conseil de quartier). Cette décision a été entérinée par une note de service n°007 – 2006/MC.III-DB de la mairie de la commune III.

Le 10 décembre 2006, le Conseil se réunira de nouveau pour cette fois confirmer M. Amadou Coulibaly comme chef de quartier (Réf. Compte Rendu de réunion). Cette décision a été envoyée à l’autorité compétente par voie hiérarchique afin que celle-ci officialise la décision du Conseil. A ce jour encore, aucune décision du gouvernorat n’a entériné cette décision malgré les multiples relances du Maire de la commune III (lettre n° 077-2010 M.C.III-DB du 23 Février 2010 ; et lettre n°053-2011 M.C. III-DB du 09 Février 2011). Ce qu’il faut noter est que, selon l’article 62 de la loi n°95 034 /AN-RM du 12 Avril 1995 modifié en 2006 portant code des collectivités en République du Mali, M. Amadou Coulibaly a été confirmé de fait et de droit. Cet article stipule : ” Le village, la fraction et le quartier sont administrés par un chef de quartier, de village et fraction investi par le conseil de la communauté concernée…Cette investiture est entérinée au plus tard dans un délai d’un mois (30 jours francs) par décision du représentant de l’Etat au niveau du cercle sur proposition du conseil de village ou de fraction…et du conseil communal en ce qui concerne le chef de quartier…Passé ce délai, les intéressés exercent de plein droit leurs attributions “.

C’est fort de la portée de cet article que le Maire de la commune, dans toutes ses correspondances au gouverneur rappelle que M. Amadou Coulibaly a été confirmé depuis le 10 décembre 2006. Avec la modification de la loi, il a été prévu un remembrement des conseils pour un quartier de plus de 3 000 habitants.

Dès lors, le conseil de N’Tominkorobougou devait passer de 5 à 15 membres. Il n’a jamais été question dans cette loi de changer de chef quartier.

Ce qui serait contraire à la tradition, et porte atteinte à nos us et coutumes.

Car dans l’histoire récente du Mali, nul n’a jamais été témoin de la révocation d’un chef de quartier de son vivant sans aucun motif sérieux, sauf si c’est lui-même qui demande d’être écarté pour raison de santé ou de vieillesse. Ainsi, le 10 décembre 2010, un conseil fantôme a été mis en place, et ce dernier a procédé par le remplacement du chef de quartier sans raison valable. Les motifs inavoués étaient certainement dus à la pauvreté du chef de quartier et à une semi infirmité de ce dernier du fait qu’il est dur d’oreille et non sourd. A entendre ces arguments fallacieux, le grand Soundiata Kéïta doit se tourner trois fois dans sa tombe. Lui qui est né infirme et pauvre et contre toute attente s’est hissé au sommet de la sphère décisionnelle du grand Mandé.

Selon certaines indiscrétions, du fait de sa proximité politique avec la femme de celui qui a été choisi par le conseil fantôme, Féfé Koné aurait pris une décision tirée par les cheveux pour désigner M. Modibo N’Diaye, ancien arbitre international comme chef de quartier de N’Tominkorobougou. Cette décision reste aussi et encore très contestable, car Fèfè, ayant été révoqué par le conseil des Ministre du 02 Mars, a signé la dite décision le 03 Mars. Au regard de la loi, cette décision demeure inexistante et fallacieuse.

Heureusement que le quartier est en train de se mobiliser comme un seul homme pour dénoncer cette décision impopulaire, illégale et illégitime. La vérité est le plus sage de toutes les choses, seul le mensonge est pressé sinon la vérité, elle, attend toujours.

Hachi Cissé

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