Qui contrôle l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) a la mainmise sur le processus électoral. C’est ce qu’a tenté l’actuel chef de l’exécutif. Mais le CNT, l’organe législatif de la transition, a rectifié le tir.
Le projet de loi électorale présenté par le gouvernement devant les membres du CNT, octroyait (trop) de pouvoir au premier Ministre quant au mode de désignation des futurs membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Or, on sait que qui contrôle l’AIGE, contrôle le processus électoral. Le gouvernement de transition actuel a-t-il voulu tailler une loi électorale sur mesure ? C’est le sentiment qui anime plus d’un Malien au lendemain des discussions qui ont eu lieu autour de ce projet de loi dans l’enceinte du CNT. Des discussions très chaudes entre les conseillers de la transition (CNT) et les représentants du gouvernements venus défendre le projet de loi. « C’était à la limite des empoignades » explique un citoyen qui a assisté aux débats. Pour preuve, le Ministre délégué chargé des réformes politiques et intentionnelles, Fatoumata Sékou Dicko envoyé par le gouvernement défendre son projet dit ne pas se « reconnaitre » dans la nouvelle monture du projet de loi après les amendements des membres du CNT. Comme amendements, il y en a eu beaucoup. En tout : 92. D’ores et déjà, les membres du CNT ont observé des réserves dès la présentation du projet de loi par le gouvernement. Les différences de vues, se sont situées surtout autour du mode de désignation et la composition des membres de l’organe unique de gestion des élections. « Le gouvernement s’est octroyé trop de pouvoir dans la composition et la désignation des membres de cet organe » analyse un citoyen. « Nous devons éviter les erreurs du passé et garantir le maximum de sincérité du scrutin électoral afin d’éviter une nouvelle crise » ajoute-t-il.
Le texte amendé a été voté par 115 pour ; 3 contre ; et 0 abstention. Les membres du CNT s’en félicitent ; le gouvernement montre sa déception ; des partis politiques en observation. La balle est maintenant dans le camp du président de la transition qui doit soit promulguer la loi soit la rejeter et ouvrir la porte à un autre processus.
Faut-il soupçonner le gouvernement, dans sa composition actuelle, de chercher à avoir une mainmise sur le processus électoral ? Et à quelles fins utiles ?
Président d’un parti et d’un groupement politique, l’actuel premier Ministre, Choguel Kokalla Maiga peut-il garantir sa neutralité dans la préparation des futures élections générales censées signer le retour à l’ordre constitutionnel ? L’opposition politique est unanime sur cette question : les prochaines élections ne doivent pas être organisées par le chef d’un parti politique. Ce qui signifie que Choguel n’est pas la personne idéale pour cet exercice si important pour le Mali. Les amendements apportés par les membres du CNT au projet de loi électorale présenté par le gouvernement de Choguel, le prouvent à suffisance. Assimi Goita doit agir dans le sens de l’intérêt général et non celui d’un groupuscule (M5 RFP) quel que soit le rôle qu’il prétend avoir joué dans les évènements qui ont précipité la chute du régime IBK. En vue des prochaines élections présidentielles, Choguel se dévoile jour après jour. Son ambition, c’est de garder le pouvoir après la transition. A-t-il les moyens de ces ambitions ? En tout cas, il cherche à se les donner. Avec la complicité d’Assimi ?
Sinaly