CHEICK OUMAR KONARE, MEMBRE DE LA COMMISISON
« …Naturellement, il y aura une Nouvelle République »
Sur la question d’une nouvelle constitution ou d’une révision constitutionnelle, Me Konaré a soulevé le vide textuel qui bloque toute révision. D’abord, l’article 118 qui interdit une révision constitutionnelle si une partie du territoire est occupée, le vote obligatoire des 2/3 du projet par les députés or le Mali n’a pas d’Assemblée aujourd’hui. « Pour toutes ces raisons, il est beaucoup plus facile de se doter d’une nouvelle constitution que de réviser l’ancienne constitution », a jugé l’avocat à la Cour avant de terminer que le peuple est souverain et qu’il peut décider à tout moment de changer de constitution. « Nous allons changer de constitution, mais nous n’allons pas changer la constitution », rappelle-t-il pour conclure qu’il y aura une Nouvelle République. « Naturellement, quand tu changes de constitution, il y aura une nouvelle République », confirme Me Konaré.
YAYA SANGARE, SECRETAIRE GENERAL ADEMA-PASJ
« L’Adema n’est pas pour »
« L’Adema a bel et bien pris part à l’écoute de la CRNC. Nous avons juste décidé de ne pas prendre la parole sur place. Nous procéderons par écrit comme le suggère la procédure. Nous avons nos remarques. Nous les porterons sur écrit pour l’envoyer à la commission », a rétorqué le Secrétaire général, joint sur la question si l’Adema a pris part à l’écoute.
A en croire le responsable politique, son parti a beaucoup d’inquiétude sur cette question de nouvelle constitution. « Nous ne pouvons pas aller à une nouvelle constitution sans aller à une nouvelle République », dit-il, chose que l’Adema trouve inopportune pour le moment. D’abord pour des raisons de légitimité et aussi le risque d’un saut à l’inconnu que le parti veut éviter. Quel régime politique allons-nous adopter pour la nouvelle République ? Quel sera le contenu ? « Evitons qu’à chaque fois qu’il y a coup d’Etat, qu’on change de République », préconise M. Sangaré. L’Adema n’est pas pour », indique-t-il en ce qui concerne une nouvelle Constitution, synonyme d’une nouvelle République.
MAMAYE KASSOGUE, PRESIDENT DU PARI
« La constitution est une chose trop sérieuse pour l’assimiler à une question de temps ».
Pour le président du Parti africain pour le Renouveau et l’Intégration (Pari), la constitution est une chose trop sérieuse pour qu’on puisse l’assimiler à une question de temps.
« Nous mettre dans un carcan de temps, ce n’est pas évident qu’on puisse sortir quelque chose de bon. Mais dans tous les cas puisque la chose étant ainsi posée, alors il faut vraiment y aller en ce moment puisque l’impératif de temps se pose. Il est bon qu’on essaye de capitaliser les travaux qui ont été antérieurement faits par d’autres commissions. Par exemple la commission Daba Diawara qui a fait un excellent travail par rapport à cette même question de révision », a rappelé, M. Kassogué.
Il a aussi cité les Assises qui pour lui, se sont prononcées par rapport à plusieurs questions posées actuellement. « Donc en essayant de les renvoyer à ces différentes résolutions, je pense qu’on aurait gagné en termes de travail », espère le président du Pari.
MME ASSETOU SANGARE, PRESIDENTE DU PRD
« Le canevas ne contient pas assez l’aspect politique »
« Nous saluons l’initiative, mais nous trouvons que le canevas ne contient pas assez l’aspect politique de la question de la révision de la constitution ou éventuellement de la rédaction de la nouvelle constitution », juge la présidente du Parti pour le Renouveau et le Développement (PRD), Mme Assétou Sangaré. « On ne peut pas adresser un canevas aux partis politiques qui ne parle pas de quel régime politique nous voulons dorénavant pour notre pays. De quel type de mode scrutin nous voulons pour le représentant, ceux qui sont appelés à représenter la population dans nos différentes instances », a soulevé la présidente toujours parlant du canevas envoyé aux partis politiques pour répondre à des questions précises. C’est extrêmement important, tout le monde se plaint au Mali du nombre de partis politiques ou de la transhumance politique. Ces questions ne figurent pas non plus dans le canevas adressé aux partis politiques. « Donc pour nous, il faut vraiment un canevas qui a cette vision globale de la politique qui permet d’enlever les obstacles politiques qui se trouvent éventuellement dans la constitution. Le canevas que j’ai reçu ne répond pas à la question de quelle interactivité entre les institutions de la République », fulmine-telle.
ALI TRAORE, SECRETAIRE GENERAL DES JEUNES DU FCD
« Les choses évoluent, il faut évoluer »
Pour le Secrétaire général du bureau des jeunes de la Force citoyenne et démocratique (FCD), les choses évoluent, il faut évoluer avec le temps et les parties politiques jouent un très grand rôle dans la rédaction de la nouvelle constitution. Il est normal que les partis politiques viennent à l’écoute, confirme-t-il. « La nécessite d’une nouvelle constitution est là », avance Ali Traoré parce que pour lui, il y a 3 présidents qui voulaient changer la constitution. « Cela veut dire à suffisance que la nécessité est bel et bien là. Ça va dépendre des manières, déjà il y a une commission qui est là, nous ne doutons pas vraiment de la qualité de ses membres. Le travail sera difficile mais pas impossible. La constitution c’est la loi fondamentale de la République, donc il faut le faire avec beaucoup de courage. Après la rédaction, il faut qu’elle contienne ce que le peuple réclame qui consiste à réduire le pouvoir du Président de la République et celui de la Cour constitutionnelle pour les élections », a conseillé Ali Traoré du FCD.
MAHAMANE MARIKO, CRAJ-FASONIETA
« …Une des bases qui peuvent nous ramener à la paix, est l’Accord d’Alger »
« Depuis 2012, notre parti n’a cessé de dire qu’il faudrait que nous fassions une révision ou un changement de constitution. En 2012 avec la gestion de l’intérim, la constitution a été purement et simplement mise à côté. Vous avez vu également que nous ne sommes pas dans les dispositions communautaires avec le besoin de mettre en place une Cour des comptes, ça c’est quand même une volonté de l’Uemoa que le Mali doit se rallier et cela ne figure pas dans notre constitution. Il est plus que besoin aujourd’hui de réviser ou d’aller vers une nouvelle constitution, mais que cela se fasse pour que nous puissions avancer », a confié Mahamane Marico président de la Convention des Réformateurs pour l’Alternance et la Justice (CRAJ-Faso Niéta).
Pour M. Marico, beaucoup de gens sont en train d’occulter une des bases qui peuvent nous amener à la paix, c’est l’Accord de paix d’Alger. « Tant qu’il y a des besoins à aller de l’avant avec cet accord qui ne touche pas à notre unité, à la laïcité du pays, l’Etat républicain, nous nous pensons qu’il faut quand même aller à ça. Il faut changer la donne de la gouvernance de notre pays et cela ne peut se faire qu’à travers des grandes réformes à commencer par la norme supérieure qui est la constitution », estime-t-il.
Koureichy Cissé
Aly Diabaté
(stagiaire)