Un comité villageois détenteur d’un compte courant est plus susceptible de recourir à d’autres services financiers, comme l’épargne et le crédit, d’investir dans l’éducation ou la santé, de gérer les risques et de surmonter les chocs financiers, soit autant de facteurs qui améliorent globalement le niveau local de vie.
Le secteur banquier demeure hors de portée pour des millions de citoyens. Beaucoup de gens des zones rurales du Mali n’ont jamais vu l’intérieur d’une banque. La Banque malienne de solidarité (BMS) s’est dotée d’une approche stratégique « un comité villageois= un compte bancaire » visant à rendre les services accessibles au-delà de la minorité privilégiée. L’accès au financement est un enjeu majeur pour le développement d’une économie. Il permet aux individus de développer leurs projets et de s’insérer dans la société, aux entreprises d’investir, d’innover et d’embaucher, et à l’économie dans son ensemble de fonctionner.
Une belle initiative dont ont bénéficié les comités villageois de Yélimané et de Gabou. D’abord, il est revivifiant, comme l’a souligné le Directeur général de la BMS qu’elle émane « d’un jeune » Cheick Sall « pour prouver aux autres jeunes et aux femmes, à l’ensemble de la population malienne qu’à cœur vaillant, rien d’impossible ». Aussi, elle est « en parfaite harmonie avec les dispositions de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest ‘BCEAO) qui encourage une harmonisation dans les secteurs économique du pays.» Enfin, sans perdre de vue qu’elle s’inscrit « dans la dynamique de la participation, de l’implication, et de l’autonomisation dans la connaissance des concepts nécessaires, voire indispensables, en matière d’entreprenariat local ».
Au Mali l’agriculture est le principal secteur d’activité économique, mais peine à
nourrir une population d’environ 18 millions d’habitants. Les pauvres sont particulièrement vulnérables. En situation de crise alimentaire, les populations ajustent leurs besoins en fonction de leur pouvoir d’achat. Leur train de vie diminue, leur consommation de plantes alimentaires augmente, et certains développent de nouvelles activités génératrices de revenus. La pratique de l’orpaillage et la migration vers les centres urbains et vers les pays voisins constituent des stratégies adoptées. Une solution à l’insécurité alimentaire consisterait à renforcer les stocks de sécurité alimentaire, promouvoir l’agriculture, et contrôler la fluctuation des prix.
Les entrepôts peuvent ainsi être plus facilement approvisionnés après les récoltes. Au moment où les prix sont encore accessibles. Ces stocks de proximité constitués à l’échelle communautaire gérés par le Programme Tounkaranké permettent aux villageois de trouver sur place les céréales indispensables à leur alimentation. Cette action a également un impact sur les prix des céréales vendues par le comité au niveau local qui devraient être ainsi mieux régulés.
Coup de pouce financier
Le Programme s’est emparé de la question de l’accès aux soins de de l’école et ambitionne de jouer davantage un rôle actif. Les comptes ouverts vont accroître leur capacité d’améliorer l’offre et l’accès, « d’assurer une source de revenus mensuels pour les membres du comité villageois »et visent à « constituer une épargne pour le village chaque mois, afin de préparer la réalisation d’un projet collectif. » Il donne de l’âme et du dynamisme dans la vie des villages. Effectivement, en plus de rendre des services essentiels à la population locale, il contribue également à l’animation des villages. En tout cas, plus un organisme associatif a de moyens (surtout financiers), plus il peut agir et multiplier ses projets dans une localité. Ces actions menées constituent en plus des facteurs de développement et de dynamisme pour le territoire. Ses initiatives se focalisent notamment sur l’animation locale ainsi que le maintien, le développement et la promotion de son attractivité, le sentiment d’appartenance à la localité. Bref, les organismes il s’efforce d’apporter des réponses adaptées aux besoins et aux attentes des habitants. Le dynamisme en milieu rural s’explique donc par le souhait des porteurs de projet de protéger les intérêts de leur localité.
Pour concrétiser et mener à bien leurs actions et projets, les villages ont tout à gagner à développer des partenariats avec la BMS. Cette démarche leur permet effectivement de gagner en visibilité et en accompagnement. Il n’y a rien de plus approprié en outre pour obtenir un appui technique, un coup de pouce financier.
Ibrahim Yattara