Excellence Monsieur le Président de la République ;
Monsieur le Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités locales,
Monsieur le Ministre des Affaires Religieuses et du Culte,
Monsieur le Ministre de la Décentralisation et de l’aménagement du Territoire,
Mesdames et Messieurs les Membres du gouvernement,
Monsieur le Gouverneur du District de Bamako,
Monsieur le Maire du district de Bamako,
Très vénérables notabilités, représentant les familles fondatrices de Bamako,
Très Honorable frère El Hadj Mohamoud DICKO, Président du Haut Conseil Islamique du Mal et vénérables membres de sa délégation,
Révérend Pasteur Youssouf DEMBELE Délégué général de l’Association des Groupements des Eglises du Mali, et vénérables membres de sa délégation,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs
Aw bè ni sogoma !
Alla yé an si hèra la. Alla k’an tlé hèrè la !
Alla yan kafo fasso blomba ni kono hèrè la
Alla ka an fara hèra la k’an ségui so hèrèla !
Monsieur le Président,
Félicitations pour votre élection !
Félicitations pour les élections législatives. Alla ka i nakan diya!
Que d’événements avant ce jour béni!
Nous pensons aux très nombreuses victimes :
Celles qui ont perdu la vie Alla ka hinè u bè la !
– Nous pensons aux blessés : Alla ka u ségui u yièrè ma-, Alla ka u fari ani u dussu lafia.
– Comment oublier en ce jour :
Les déplacés et les réfugiés. Certains ont regagné leur domicile, d’autres se préparent à le faire.
Puisse notre solidarité fraternelle appuyer pour d’autres aides leur permettre de retrouver une vie normale. Elle ne sera plus comme avant. Il est impossible d’effacer les mauvais souvenirs de la guerre.
– Comment oublier en ce jour
Les frères et sœurs qui de partout ont volé à notre secours.
L’Eglise Catholique par ma voix, leur exprime une très profonde gratitude. Sans leur intervention, ou en serions-nous aujourd’hui. Quel serait le sort du peuple malien, le sort des chrétiens, disciples, apôtres, amis, frères et sœurs, témoins de Jésus Christ fils du Dieu, vivant au Mali ?
Grande est notre confiance en Dieu, grande notre confiance aux institutions de notre pays !
Le Seigneur veille et veillera toujours sur son Peuple. Dieu veille sur le Mali.
Monsieur le Président,
Les maliennes et les maliens ont placé en vous leur confiance.
Par ma voix l’Eglise Catholique du Mali vous réitère ses vives félicitations.
Wa Donni de dalen flé i kun ni yé dèh !
Alla ma i sera o donni ba koro
Ko nyum baga nyuman dè bè mogo sé i donni koro
Alla k’i son nyumbaga nyuman la !
Nous sommes et serons de ces nyumbaga nyumanw !
Nous le serons comme guetteurs selon ce passage du prophète Ezéchiel 3 ; 7-9 « Fils d’homme, je t’ai fait guetteur pour mon peuple. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part, si tu ne parles pas, c’est toi pour les avertir c’est à toi que je demanderai de comptes. Si tu les avertis, tu auras la vie sauve. Nous le serons aussi comme intercesseur entre Dieu et les humains.
En effet, lit-on dans la lettre aux Hébreux (,1
Tout grand prêtre pris parmi les hommes est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu afin d’offrir des sacrifices pour les péchés Heb 5,7
Monsieur le Président,
La lourde charge qui vous a été confié, vous avez accepté sous serment devant Dieu et devant les humains de la porter. Elle s’appelle redonner au Mali, sa dignité pleine et entière, dignité salie et déchirée au point de nous laisser nus ou presque, à la face du monde par nos divisions et nos combats fratricides
Dambé fini ko bè an na dè !
Dambè fini kono wolonfila fara la ka bo anw na pew
An dambé fini la nogora , a fara la , a koli ani a kalali=Ika doninw filè !
Wa a doni ba de daara i kuna.
Dambè fini kono wolofila
1- La liberté
2- Le chômage
3- La situation des enfants soldats
4- Le combat pour le respect du bien commun, de la justice et du droit
5- l’Education et de la culture
6- Le Foncier
7- Le dialogue, la Réconciliation la justice et la paix.
Il nous faut à tous les niveaux comprendre cela, en prendre conscience. A défaut je ne veux pas être un prophète de malheur. Oui à défaut, le pire peut nous arriver. Alla m’an kissira o ma !
An dambè fini folo min donna bogola, ka lanogo ani ka fara o yé an ka horonya fini yé
Oui la première bande du pagne de notre dignité qui a été salie et déchirée en partie, s’appelle la liberté.
N’eut été le succès de l’Opération Serval, appuyée par le Mali et ses alliés, s’en était fini du Mali, de notre liberté.
Le spectacle des déplacés et des refugiés , les tortures, les flagellations, les amputations, les viols, l’interdiction des manifestations lors des mariages et des fêtes, l’imposition du port de la Bubka, la destruction des monuments dédiés à la mémoire des saints de l’Islam à Tombouctou, la profanation des Eglises et des temples, la menace de mort contre les non musulmans. Il s’agit d’autant d’actes de graves attentes aux libertés fondamentales dont le droit à la liberté religieuse après le droit à la vie est la plus importante.
La volonté manifeste d’imposer la sharia faisait basculer le Mali dans le rang de République islamique. Finie la laïcité un des principes de notre constitution. Elle garantie le droit à la liberté religieuse.
Monsieur le Président,
L’Eglise Catholique par ma voix tient ici en ce jour de présentation des vœux, les tout premiers de votre premier mandat, à vous affirmer son attachement ferme au principe de la laïcité, garant de la liberté religieuse.
Elle souhaite que vous et votre gouvernement ainsi que toutes les institutions du Mali contribuent à tous les niveaux au respect et au développement d’une telle culture. Il nous faut continuer à vivre en paix comme des frères et sœurs, des enfants de Dieu, dans l’acceptation de nos différences religieuses ethniques, linguistiques, culturelles et sociales.
Elle s’engage en ce qui la concerne à poursuivre la promotion d’une telle culture à travers toutes ses structures éducatives, les écoles et universités, ses services sociaux, le Centre Foi et Rencontre et l’ Institut d’initiation au dialogue interreligieux ici à Bamako.
Monsieur le Président,
Baara ko guèlèya yé an ka adamadenya la nogo ,ka dambé fini faara ka bo anw na !
C’est ce que nous chantions lors du pèlerinage marial 2012 à Kita !
Le phénomène n’est pas nouveau pourrait on dire en ajoutant d’ailleurs il ne concerne pas que le Mali. C’est mondial. Les pays développés le connaissent aussi c’est vrai. Ce qui est vrai aussi c’est qu’il appartient à chaque pays, à chaque gouvernement d’y faire face, de donner à chaque génération les formations et les moyens qu’il faut pour exercer son droit à un travail. Il ne s’agit pas de n’importe quel travail, il s’agit d’un travail qui lui permette de s’épanouir et de subvenir dignement à ses besoins spirituels et matériels ainsi qu’à ceux de sa famille.
Le chômage peut conduire au vol, à la prostitution, à la mendicité, à la consommation de l’alcool et de la drogue. L’oisiveté dit on est la mère de tous les vices. Dambé bè min ?
Pour y échapper, certains prennent le chemin de l’exode avec ou sans papier, avec ou sans qualification. Le récent rapatriement de certains de nos compatriotes, les centaines de victimes de Lampedouza. Toutes les très nombreuses vies humaines englouties par le sable et les eaux nous interpellent.
Que faire pour cette jeunesse, notre jeunesse désœuvrée ?
Puisse le Seigneur nous inspirer ce qu’il faut pour faire face au chômage. Qu’il nous en donne surtout les moyens afin d’aider notre jeunesse à vivre dans la dignité.
Baara ko guèlèya Alla ka o nogoya !
Monsieur le Président,
Je vois en la situation des enfants soldats la 3ème bande du pagne de notre dignité. Je l’aborde à partir du cas de ce jeune garçon de16 ans, originaire de Diabaly. Il se retrouve à Douentza, emmené par un inconnu qui lui proposait du travail et quel travail ? Lui qui ne savait manier que la faucille pour récolter le riz, se voit enrôlé comme « boy » assigné à la vaisselle, à la lessive, à apprendre à faire la cuisine. Comme habillement, une tenue militaire. Dès le début, de l’Opération Serval, ses patrons l’abandonnent. Ils promettent cependant de revenir le chercher pour l’amener plus loin avec eux et l’initier au métier des armes.
C’est dans cette attente que l’armée malienne l’a récupéré. Après explication, il n’a demandé que 2 choses :
– Ne me tuez pas je n’ai rien fait, j’étais avec des gens qui étaient habillés comme vous.
– Ramenez-moi à Ndébougou chez mes parent, je vous en supplie.
Avec ce récit, il y en a certainement d’autres cas. Je voudrais attirer notre attention sur l’exode des jeunes, des enfants.
Que faire pour les encadrer et éviter qu’ils ne tombent dans des réseaux, et être recrutés comme enfants soldats. Alla k’an dèmé o la !
Monsieur le Président,
Le combat pour le respect du bien commun, de la justice et du droit constitue la 4ème bande du pagne de notre dignité.
Il s’agit d’un combat que chaque génération doit mener. Il n’est jamais gagné définitivement.
Dès notre enfance, nous avons vu nos aînés dénoncer les injustices à travers des saynètes ou revenait cette réflexion : Turaba yé dibara ci ! = Le grand taureau a eu raison de la gourde de miel, et l’on ajoutait aussitôt : jo tigui jo- jalaki tiqui jalaki !
Donner raison à qui a raison
Donner tort à qui a tort
L’Eglise voit deux structures, mises en place au Mali, dont le bon fonctionnement devrait nous éduquer au respect de la justice et du droit :
Il s’agit du Bureau du Vérificateur et de l’espace d’Interpellation Démocratique. Elles devraient, inculquer aux maliens et maliennes, la culture de la probité, de l’honnêteté, du respect des biens publics et privés, l’amour de la justice et du droit.
Monsieur le Président,
Puisse sous votre autorité, le Mali devenir un pays dont on peut dire que qu’Amour et Vérité se rencontrent, que Justice et Paix s’embrassent, un pays où le droit coule comme l’eau et la justice comme un torrent qui ne tarit pas : Am 5,24
Monsieur le Président,
La 5ème bande du pagne de notre dignité Il s’agit de l’Education et de la culture
Plus que légendaire, est devenue la situation de l’école malienne.
Ironie du sort : de l’indépendance à nos jours, les premiers responsables de la nation ont été de la grande famille des Educateurs. Lakol kara mogo . Ceux et celles qu’on saluait respectivement les bras croisés s’il vous plait. Bonjour Monsieur, Bonjour Madame.
Alors comment expliquer la situation catastrophique dans laquelle nous sommes ? Les maux dont elles souffrent ont été maintes et maintes fois diagnostiqués. A ce tournant crucial de notre histoire, nous posons la question à quand le remède et mes acteurs appropriés pour sauver non pas l’année scolaire mais l’école malienne. Une école de formation de la conscience et de l’intelligence. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme
So don, jiri don, yèrè don de nyogonté !
Sans une telle conscience de soi, une éducation à nos valeurs ; la nouvelle génération ne risque –telle pas d’être victime des autres cultures ?, D’être des chauves-souris. kono tè – wara tè !
Eduquer ou périr, c’est le cri de cœur du Professeur Ky Zerbo . Nous n’avons pas le choix, il faut éduquer.
Monsieur le Président,
Puisse le Seigneur nous donner la claire vision de ce que nous devons faire en ce domaine ainsi que les ressources humaines et matérielles à cet effet.
Le Foncier
Nous avons dans la gestion du foncier et de l’habitat la 6ème bande du pagne de notre dignité.
J’en parle Monsieur le Président, suite aux inondations du mois de septembre. Grands ont été les dégâts dans la commune I et IV :
– dégâts matériels : Ils ne sont rien à coté des pertes en vie humaine. Je connais personnellement une famille qui a perdu 12 membres sur 15
Minuw tora ala, Alla ka hiné u bè la
Monsieur le Président,
Les citoyens par souci d’avoir un toit coûte que coûte, négocie tous les espaces disponibles : les sommets et flancs des collines, les vallées, anciens lits des eaux en course vers le fleuve, tout est envahi.
Chacun s’installe selon sa fortune.
Ainsi voit-on de superbes villas avec ou sans étages, surplomber des modestes constructions en banco. Hélas lorsque les eaux reviennent de leur exode sans crier gare, c’est la catastrophe. Elles déménagent tout en clin d’œil. Ce que nous avons vécu doit nous servir de leçon. Il s’agit de la part de Dieu d’un rappel de la bonne gestion de notre patrimoine commun, la terre et les différents espaces.
Si ceux qui en ont les moyens s’installent dans les lieux confortables, contraignant leurs frères, à jouer aux écureuils ou aux taupes en s’installant selon leur moyen modeste dans des endroits les plus exposés. Ne soyons pas surpris si Dieu se charge de nous les rappeler à Lui.
Alla ka hinè u bè la !
Alla yé fantan jigui yé
An ka hiné Fantanw là
Monsieur le Président,
Souffrez que je vous révèle la 7ème bande du pagne de notre dignité, menacée et recouvrée petit à petit grâce à Dieu.
Il s’agit du dialogue, de la Réconciliation de la justice et de la paix.
Votre mandat, votre tout premier mandat vous est confié à un moment où le Mali sort progressivement de la crise la plus forte qu’elle ait connu depuis son indépendance. Ce qui la caractérise, c’est la division du pays, division au nord comme au sud entre différents groupes, chacun est prêt à sacrifier sa vie et celle des autres pour son intérêt propre.
Division entre le nord et le sud « Ben balisso o yé donkelen Tomo yé ! »
Monsieur le Président,
Dieu nous a préservés d’un tel malheur. Vous avez la très délicate et très difficile mission de mobiliser toutes les ressources humaines au Mali pour que nous restions un peuple visant un seul but, animé d’une même foi.
Comment la réussir ?
Comment réunifier ce pays et amener tous ses filles et fils à participer à sa construction dans le plus grand respect de nos différences ?
Comment nous réconcilier après tout ce que nous nous sommes faits ?
Où trouver le savon et l’aiguille nécessaire pour laver et coudre notre dignité que nous avons salie et déchirée. Tel est le défi que nous devons relever
Il s’agit d’un très grand défi. Il ne peut être relevé qu’avec l’aide de Dieu, et celle des personnes et des pays amis. La puissance de sa vérité et de son Amour est plus forte que toutes les forces de division qui se sont emparées du Mali.
Rien n’est impossible à Dieu !
Monsieur le Président,
Votre gouvernement a mis en place un ministère spécial, celui de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Mali .
L’Eglise Catholique vous exprime par ma voix, son entière disponibilité à accompagner au titre de sa double mission de veilleur et d’intercesseur, un tel ministère ainsi que toutes les initiatives visant à renforcer l’unité, la paix nationale. Elle le fait en insistant sur la vérité recherchée et exprimée dans l’Amour. Vérité et Amour qu’elle considère comme l’aiguille et le savon indispensable à réconciliation et la paix. Tel est le chemin obligé, pénible, étroit et jonché d’épines, de la réconciliation et de la paix.
Aussi souhaite t- elle que nous puissions nous engager fermement sur ce chemin en évitant ce que feu Mgr Sangaré dénonçait en ces termes :
« Tinyè de bè laban. An ka na bin jugu sien ko kè bin jugu kan. An ka an kono jèya nyogon yé ! »
Monsieur le Président,
Puisse sous votre mandat, les maliennes et les maliens à tous les niveaux se nourrir davantage et vivre dans la culture de la vérité dans l’amour.
La tâche ne sera pas facile. Alors le Seigneur vous a inspiré un slogan dynamique mobilisateur : « Le Mali d’abord, le Mali toujours. » Il s’agit d’un cri de cœur, un cœur qui bat pour le Mali, un cœur rempli d’amour pour le Mali. Vous savez, Dieu est amour. A lui, avec Lui, rien n’est impossible. Tout devient possible.
C’est ce qu’a compris Raoul Follereau, le vagabond de la charité. Il a engagé et réussi le combat contre les lèpres, toutes les lèpres. Avec cette ferme conviction, Sans l’Amour rien n’est possible
Avec l’Amour tout est possible !
Comme autre modèle, je vous proposerai Nelson Mandela. Le monde entier continue à le pleurer. Il nous quitte au moment où vous entamer votre Mission de chef d’Etat. Que retenir de lui sinon ce passage de son discours historique après sa libération de prison. Il venait d’y passer 27 ans de sa vie. Sa Revenge, il l’exprime en ses termes : « Rentrez chez vous, prenez vos armes, brulez-les, venez pour que tous ensemble, blancs et noirs nous construisions ce pays !
Monsieur le Président,
Puisse son exemple vous inspirer ce qu’il faut dire pour mobiliser les maliennes et les maliens sur le chantier de la reconstruction nationale.
Comment ne pas citer en cette occasion le passage du discours du Président John Kennedy le jour de son investiture : » Ne te demande pas ce que le pays peut faire pour toi- Demande- toi plutôt ce que tu peux faire pour ce pays ! »
Monsieur le Président,
Nous retrouvons ici la 2ème formule de bénédiction à l’annonce de la naissance d’un enfant : « Alla k’a balo- Alla ka na kan diya. »
Venu pour servir et donner sa vie et non pour asservir et se servir
Alla k’i nankan diya
Si ni kénéya la
Alla ka jamana bassigui
Nyumbaga nyuman Alla kana i déssé à la !
Que Dieu bénisse le Mali afin qu’avec vous, nous menions une vie calme et paisible dans la sérénité et la paix !
JE VOUS REMERCIE
Présidence de la République du Mali
MERCI MON MGR VOTRE DISCOURS EST COMPLET
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