Après deux tentatives toutes presque ratées et initiées respectivement par ATT et IBK, la réorganisation administrative du territoire revient à nouveau au-devant de la scène. Et la nouvelle version, qui a fait le tour des réseaux sociaux comme pour tâter le pouls de l’opinion publique, est venu remettre en cause certaines avancées des tentatives précédentes dont la mise en œuvre avait commencé notamment avec la consécration en région des contrées comme Ménaka, Taoudenit, Bougouni, Koutiala Kita, Dioïla Nioro, entre autres. De 20 régions, aux termes du nouveau projet qui n’a pas été encore officialisé, le Mali comptera 24 régions administratives. Ainsi en ont décidé les autorités de la transition, apparemment engagées à mettre le doigt dans l’engrenage. Et depuis, ledit projet alimente la polémique. Associations, groupes armés, sociétés civiles, etc…, sont montés au créneau pour s’opposer aux schémas, dénonçant de nombreux déséquilibres dans les affectations et combinaisons de ressorts administratifs pour d’aucuns, des maldonnes communautaires et identitaires pour d’autres. Dans de nombreuses villes, les populations ont battu le pavé pour s’en désolidariser à l’état embryonnaire et l’étouffer dans l’œuf. On y dénombre notamment les villes de Gao, Tombouctou, Léré, Goundam, entre autres.
La CMA a réagi pour sa part par voie de communiqué de presse dans lequel elle a qualifié le document de mascarade. La Coordination des mouvements irrédentistes reproche audit document sa conception unilatérale et en catimini par les services du ministère de l’administration territoriale, une opération qu’elle qualifie de mascarade et qui ne saurait l’engager ni s’imposer aux populations de l’Azawad. La CMA invite par conséquent le gouvernement de la Transition à reconsidérer le schéma qu’elle juge porteur des germes de la déstabilisation et à ouvrir des larges consultations et concertations prenant en compte tous les critères et les démarches qui s’imposent autour de la question en vue de dégager un large consensus définitif et satisfaisant pour toutes les parties.
Les ressortissants de Goundam à travers l’Amicale pour le Développement du cercle de Goundam (ADCG) ont également réagi dans un communiqué signé par leur Président Issa Arsina CISSE. Estimant que le nouveau projet ne répond pas aux propositions et attentes des populations du cercle, l’ADCG compte user de tous les moyens légaux pour faire aboutir la volonté des populations, notamment l’érection de Goundam en région et ses 8 arrondissements en cercles. Au lieu de quoi, relève ledit communiqué, le cercle de Goundam se voit amputé d’une bonne partie de son territoire au profit d’une autre région naissante.
Que prévoit le nouveau projet ?
Contrairement à IBK, qui a voulu amener les régions administratives du Mali à 20, Bah N’daw table sur 24 régions. Le cercle de Bla est ainsi partagé entre San et Koutiala. Goundam qui devait être érigé en région demeure un cercle et perd BintaGoungou érigé en cercle au profit de la nouvelle région de Nianfunké. Kalaban-Coro passe d’arrondissement de Kati à commune de Bamako qui en compte désormais une dizaine, tandis que Kati fait désormais partie de Bamako en qualité d’arrondissement. Comme par hasard, la région de Diola disparaît au profit de celle de Fana. Logo-Sabousiré, qui est à quelques encablures de Kayes, est appelé à rejoindre Diamou érigé en cercle contrairement au document de base qui avait prévu Sadiola. Ouelesseboubou devient un arrondissement tandis que Selingué est érigé en cercle. En définitive, il faut s’attendre à ce que le projet vienne bouleverser l’actuelle architecture de bon nombre des 703 communes et réveiller au passage les vieux démons de la République.
Amidou Keita