Les chances de développement et de stabilité du Mali seront sapées tant que les tendances démographiques, les politiques économiques et les pratiques de gouvernance actuelles maintiendront des milliers de jeunes dans le manque d’emploi et dans le désespoir quant à leur avenir. Ce qu’il faut donc pour résoudre ce problème, c’est une approche régionale, intégrée et complète.
Du reste, les jeunes ne doivent pas attendre que les solutions tombent du ciel. Ils doivent plutôt participer activement à la recherche de vois et moyens pour trouver des emplois et prendre leurs responsabilités sur certaines questions dont ils sont acteurs ou victimes. En plus, l’exode des jeunes devient de plus en plus galopant. La question de l’émigration peut avoir tout un sens si nous en faisons une question d’intérêt communautaire. Les jeunes partent parce que leur horizon s’assombrit, et cela dans leurs propres pays, à cause des mauvaises gestions, du manque de valorisation et de la promotion des médiocres. Que faire donc pour que les jeunes ne partent plus ? Quelles stratégies faut-il mettre en place pour que ces jeunes restent dans leurs pays avec la bonne volonté de contribuer, à quelque niveau que ce soit, au développement de leurs pays ?
La recherche de réponses à ces questions devrait impliquer les jeunes en premier lieu, ensuite les gouvernants, les autres acteurs et le secteur privé car il s’agit en réalité de prendre en charge, de manière responsable, les problèmes d’éducation, de formation et d’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Mais au-delà, il faudrait réfléchir sur certains caractères tels que la pudeur, la fierté individuelle et collective qui ont jadis forgé les caractères de nos aînés, mais qui manquent aux jeunes d’aujourd’hui. Il faudrait aussi, avec l’aide des parents et des autorités, développer chez les jeunes le sentiment d’appartenance à un groupe ou à une communauté et prendre conscience du rôle de chacun pour le développement de nos terroirs.
Responsabilités et rôles des jeunes face à l’incivisme, la citoyenneté responsable et la bonne gouvernance
Il est nécessaire d’identifier et de formaliser le type de jeunes à promouvoir et les voies et moyens à utiliser pour cette promotion car il est clair que dans chaque pays, la finalité éducative veut fabriquer une personnalité donnée. Si au résultat, on trouve autre chose que ce qui était recherché, on doit se poser des questions sur les moyens et stratégies mis en œuvre. Les jeunes ne sont pas forcément ce qu’ils ont voulu faire d’eux-mêmes : ils sont ce que la société a fait d’eux. Par ailleurs, il faut reconnaître que la vocation du jeune n’est pas seulement de jouir des potentialités de son pays : il a aussi le devoir d’être un citoyen exemplaire, respectueux, ambitieux et qui, selon ses possibilités, contribue activement au développement de son pays. Leur contribution peut être de divers ordres. Elle pourrait être une participation remarquable à la recherche de solutions aux problèmes communautaires. Elle pourrait consister aussi en une lutte pacifique pour le respect des lois et règlements qui régissent le pays. Il y a enfin la participation nécessaire à la consolidation de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance.
En effet, on se rend compte que si des changements fondamentaux ne s’opèrent pas très vite au Mali, les choses iront de mal en pis. Nous suggérons alors deux perspectives dans la recherche de solutions durables : la prise en charge de l’équation que posent les problèmes de la jeunesse en faisant d’elle, au lieu d’un lourd poids à gérer, un potentiel économique conséquent pour la paix et le développement du pays ; des stratégies idoines adaptées aux exigences du temps, qui peuvent contribuer à réduire le « fossé générationnel » et partant, à pérenniser un dialogue intergénérationnel producteur d’une société modèle qui puisse garantir l’épanouissement total de chaque citoyen.
Cheick Oumar Keïta