La société malienne est aussi variée et complexe. Si le Mali est toujours un pays majoritairement à vocation rurale, malgré l’exode que subissent les campagnes, les citadins (surtout les jeunes) , eux, vivent, comme qui dirait, dans un autre monde car ils refusent d’être assimilés au reste des concitoyens.
Les publicités affichées dans les villes montrent ainsi de jeunes gens au teint toujours étrangement clair, travaillant dans des bureaux et se pavanant au volant d’une belle voiture. Pour cette jeune classe moyenne grandissante, le fait même qu’un villageois « bassari » aille chasser la biche à l’arc vêtu en « donso » (chasseur) constitue une insulte lancée à leur endroit et à leur bon sens.
Pourtant, le Mali d’aujourd’hui est encore loin de ressembler à l’image que s’en fait cette petite classe moyenne habitant à l’ACI, dans les quartiers chics ou dans les villas huppées de la Cité du Niger. La pauvreté est partout omniprésente, tant à l’intérieur que dans la capitale dont les banlieues s’agrandissent étend de plus en plus pour accueillir des jeunes qui quittent, voire désertent leurs campagnes, non pas parce qu’il n’y a pas de travail dans les champs, mais parce qu’ils pensent que la ville est un eldorado pour celui qui est né « en brousse », comme on dit.
Cette croissance anarchique de la population urbaine alliée à l’explosion démographique du pays n’est pas sans poser de problèmes. En effet, loin du poids des traditions et de la famille, une frange importante de jeunes sombre dans la délinquance ou la prostitution. Malgré tout, la famille reste au centre de la vie sociale malienne. La polygamie et la pression immobilière font que les logements sont occupés par un grand nombre de membres d’une famille. Si cela ne pose pas de problèmes dans les quartiers résidentiels favorisés, cela engendre une sur occupation des logements les moins salubres des quartiers défavorisés.
Les enfants en sont les premières victimes puisque la tranquillité nécessaire à leurs études et l’argent pour les financer manquent très souvent. Il en résulte alors un taux ahurissant d’analphabétisme largement supérieur à celui de certains pays africains pourtant plus pauvres. Les femmes sont les secondes victimes des dérèglements sociaux du pays. Or elles représentent une importance économique grandissante grâce au commerce et au financement de micro activités (les tontines, par exemple). Leur rôle occupe donc une très grande importance dans la société malienne.
Au Mali, le respect des traditions de chaque communauté ethnique ou raciale doit être conservé et préservé. Par ailleurs, notre pays doit se moderniser tout en gardant son esprit et son âme. C’est que si la famille constitue le sous bassement de la société malienne, la religion, les us, coutumes et les traditions en constituent le ciment.
Cheick Oumar Keïta