La politique se résume aujourd’hui à une affaire personnelle. Et notre pays a de nos jours sa version de la politique, ou du moins sa manière de rendre la société injuste et corrompue, surtout dans un continent où la politique a perdu toute sa valeur et tout son sens, où le chef politique ramène tout à sa petite personne au détriment du politique trahi, mais insouciant et désormais meurtri dans son impuissance.
Est-ce donc une affaire de mentalité ou d’incapacité à mettre en place une politique malienne qui répond aux véritables besoins du pays, à mettre en pratique les théories politiques qui ont fait les beaux jours de ces sociétés que nous envions tant ? Est-ce une incapacité d’associer politique et éthique afin de générer une société juste au sein de laquelle chacun donne et reçoit ?
La mentalité malienne aspire-t-elle à une politique autre que celle de la justice sociale où les politiques, de par leurs connaissances, exploitent l’opinion publique à leur guise ? La politique d’une société doit-t-elle tirer son essence d’une mentalité minoritaire qui tente par tous les moyens d’adapter une vision singulière sur le pluralisme ?
Toujours imiter, mais jamais égaler, sison dépasser ; toujours dans l’imitation et la consommation, mais jamais dans la création et la production : tel semble être la façon de faire de notre société en général. Or désirer une belle société qui vient de loin, mais sans vouloir ou être incapable de l’appliquer ressemble fort à de l’utopie ou tout au plus, à de l’égocentrisme. Or l’égocentrisme politique est le témoin du sous-développement, le garant de la corruption et la « mère » de toute dévalorisation sociale.
Utiliser la politique à des fins personnelles, se montrer indigne de la confiance sociale, hypothéquer les ressources nationales, disposer du bien public et s’enrichir pour endetter le peuple sont autant de pratiques qui dévalorisent un pays et ses politiques. Que devient alors ce pays lorsque savoir politique ne sert qu’à duper, tricher, briser des rêves et créer des inégalités ?
Aussi dévoués qu’elle soit, la valeur humaine qui cède la place au vice personnel est incapable de bâtir une société digne de celle que rêve le politique comme cadre de vie. « Mon objectif, ce n’est pas de construire la société de demain, c’est de montrer qu’elle ne doit pas ressembler à celle d’aujourd’hui », disait l’autre.
Cheick Oumar Keïta