Nous les jeunes : Jeunesse et corruption

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Jadis, le Mali était digne et courageux ; mais de nos jours, il est  rendu méconnaissable par la pollution de son air, l’atmosphère de la nouvelle génération et une jeunesse corrompue et inconsciente.  Mais que faut-il faire pour éradiquer ses maux, à part les réduire tout simplement?

 

Le problème, c’est que notre pays figure parmi les pays les plus corrompus au monde : eh oui, nous pesons nos mots. Notre pays est gangréné,  et la situation s’envenime de jour en jour. Pourquoi?                        

 

Parce qu’il y a la misère ; les honnêtes travailleurs sont très mal rémunérés et on ne croit plus aux valeurs si nobles du travail. On voit  tous les jours des gens travailler toute leur vie pour finir misérables ; et le phénomène persiste toujours. Comment imaginer un fonctionnaire malien, de surcroît un cadre supérieur de surcroît (même du privé) bosser et ne prétendre qu’à moins de 150 000 FCFA par mois (environ 225 euros) pour les plus nantis et faire face à ses aux besoins?

 

Bien sûr,  il y a des exceptions, il y a ceux qui gagnent beaucoup plus, mais la très grande majorité ne prétend même pas à ce niveau de salaire, alors qu’on sait tous que quelle que soit la maîtrise de ses charges, ce salarié ne pourra jamais payer son loyer, son électricité, son carburant, l’école de ses enfants, son « prix de condiment ». Conséquence : les travailleurs ont recours à cette « infamie » pour joindre les deux bouts. 

 

Le coût de la vie est trop élevé pour un pays proche de l’asphyxie financière. L’Etat ne paie plus ses dettes intérieures depuis des mois. Les opérateurs économiques et les commerçants ont donc naturellement recours à la corruption pour se faire payer leurs factures par le Trésor national. On veut devenir fonctionnaire de l’Etat (policier, douanier, inspecteurs des impôts ou autre)? Il faut « acheter » sa place.

Mais les prix étant connus et élevés, il faut s’endetter et payer et rembourser  par la suite avec le fruit de son poste obtenu ou avec l’argent sale collecté par le biais de la corruption en exerçant ce travail. La boucle est donc bouclée : c’est un cercle infernal. Malheureusement, on est arrivé à un niveau où la corruption est devenue une institution, et même culturelle ? A tel point que si on est nommé à un poste et qu’on ne s’enrichit pas, on est indexé comme une « enfant maudit », pour utiliser l’expression de beaucoup de citoyens. Il est impossible de tout citer, à moins de faire un livre.

Au Mali, il n’est pas choquant d’être un simple agent de l’Etat dont le salaire est bien connu de tous et de rouler en Mercedes ou d’autres véhicules luxueux : là, on devient même un héros ou presque aux jeux des autres. L’essentiel, c’est de ne pas se faire épingler. Avec une jeunesse encouragée ou presque entraînée sur cette lancée, où ira le pays ?

 

Pour une jeunesse consciente et un Mali sans corruption       

On doit tout d’abord augmenter les salaires et maîtriser l’inflation. Un vieil adage dit : « La fin justifie les moyens » ; Et qu’on soit obligé de justifier ses avoirs par ses revenus. Que des initiatives comme le Vérificateur Général soient dotées de moyens réels et ne se contentent pas uniquement de remettre des rapports qui ne sont presque jamais suivis de poursuites.

 Il faut encourager l’intégrité des hommes en récompensant les travailleurs qu’on trouve droits et incorruptibles ; revenir à l’enseignement de l’ECM (Education civique et morale) et l’instruction civique dans toutes les étapes du cursus scolaire ; s’arrêter devant le drapeau national et saluer  la montée des couleurs pour renforcer le respect et l’amour envers sa patrie ; exiger des reçus à chaque paiement de contravention ; ne pas donner de l’argent à un fonctionnaire sans exiger de reçu ; se donner la peine d’aller vérifier de temps en temps…il existe encore et encore mille et une mesures plus efficaces que celles citées. Mais ce n’est pas une entreprise aisée, et il ne faut pas seulement se contenter d’en parler et de dénoncer : il faut agir et s’y impliquer personnellement.

C’est avec la vision d’un simple Malien soucieux du marasme et de la descente aux enfers de son pays que nous provoquons une réflexion au niveau de la jeunesse qui est sensée prendre la relève, donc assurer l’avenir du pays. Malheureusement, une grande majorité de la jeunesse est actrice de cette corruption. Il faut donc encourager le débat et préconiser des actions concrètes afin de tuer la corruption et amorcer le développement de notre pays.

 

Cheick Oumar Keïta

 

 


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