Le civisme désigne une manière d’agir conforme au « sens civique ». En d’autres termes, le civisme regroupe un ensemble d’enseignements et de pratiques idoines qui prédisposent tout homme à devenir un citoyen actif dans la vie sociale, culturelle, économique et politique.
Par ailleurs, il est difficile de parler de civisme ou de citoyenneté sans évoquer la notion de patriotisme. En effet, le civisme, tout comme le patriotisme, conduit l’homme, le citoyen à une meilleure expression individuelle et collective dans sa famille, et son environnement, mais aussi et surtout dans son pays. Au Mali, on constate actuellement une crise d’identité qui peut se traduire comme un manque de civisme. Les jeunes élèves et étudiants perdent progressivement et presque irrémédiablement le sens du dévouement naturel et de l’amour inconditionnel pour leur culture, leur patrimoine national ou encore l’histoire de leur pays.
Les signes prémonitoires de cette dérive font légion : entre autres, l’exode ou la fuite des cerveaux, l’acculturation excessive de la jeunesse malienne à la « vie » occidentale, principalement grâce aux média, la dépravation des mœurs…
Sur ce dernier point notamment, on assiste à une inflation déconcertante de la corruption en Afrique. Un regard sur le classement annuel des pays les plus corrompus fait apparaître de façon indiscutable que notre pays demeure les pires élèves de cette compétition. La société malienne connait un renouvellement qualitatif et quantitatif du phénomène de corruption.
Il est primordial que les établissements scolaires inculquent avec insistance et véhémence des valeurs civiques aux jeunes apprenants d’aujourd’hui qui pourraient être des corrupteurs en herbe de demain : une des initiatives susceptibles de renverser cette tendance régressive. Pour préparer et encadrer les élèves dans leur rôle de citoyens, le gouvernement (donc les autorités) doit créer une nouvelle unité d’enseignement dénommée intitulée « Education au civisme et à la citoyenneté ».
Mais il est certain que même si cela se réalisait, le temps qui passe nous donnera l’impression que ces candidats à l’éducation et la citoyenneté se transforment plutôt en des acteurs de l’incivisme. Comment comprendre cette déformation scolaire ? Une piste explicative nous conduit à penser qu’il est difficile de véhiculer un message qu’on ne vit pas soi-même. Un carnivore peut-il convaincre son semblable de devenir végétarien ? Nous pensons sincèrement que des enseignants qui s’amourachent…des rondeurs de leurs étudiantes ou des instituteurs devenus des éducateurs abonnés aux notes sexuellement transmissibles (NST) auront du mal à former des citoyens.
Il s’avère donc q impératif d’aller au-delà des discours- fleuves et de dépasser l’enseignement stérile de valeurs qu’on ne partage pas soi-même. Le plus souvent, une simple image ou une illustration vaut mieux que tout un discours. Et un comportement peu reprochable, voire irréprochable des aînés, des enseignants, des éducateurs, de la société tout entière et même des gouvernants sera plus porteur d’une révolution civique et d’une citoyenneté constructive de l’épanouissement moral et du développement socio-économique du Mali.
Cheick Oumar Keïta
Un comportement irréprochable des ainés et des éducateurs. Tout y est dit. Et pour cela, il suffit de revenir aux bons vieux principes qui ont marché: sanctionner les ainés fautifs. Un enseignant qui enceintait une élève ou détournait un enfant était emprisonné pour détournement de mineurs. Les corrupteurs étaient condamnés et exposés à la place publique. C’est aussi simple que cela. Mais est-ce-que la volonté existe?
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