Mais où est donc passée cette jeunesse si décidée aujourd’hui à jouer son rôle sur la scène sociopolitique et économique du pays ? Elle est tout simplement restée pendant longtemps « muselée » par une classe politique dont la majorité des acteurs sont défavorables à la promotion politique des jeunes. Et ce « muselage » persiste et signe toujours.
A cause de son ignorance, ou du moins de ses connaissances peu approfondies des réalités sociales et des rouages politiques et de son manque de courage à s’approprier la politique citoyenne, la jeunesse malienne a fini par se faire elle-même otage de pratiques malsaines visant toujours à réduire son rôle à une simple assistance passive et non à une participation active. Un état de fait qui l’a contraint à devenir une nécessiteuse au lieu d’être une nécessité dans la vie de la Cité et du pays. Il semble qu’à cause du résultat désespérant d’une mauvaise politique à son endroit, cette jeunesse a préféré se résigner plutôt que se battre, s’apitoyer sur son propre sort plutôt que de livrer une révolution citoyenne, se victimiser et se culpabiliser plutôt que de se responsabiliser, d’abandonner la résistance et de s’indigner plutôt que de tirer ses forces dans le courage et l’abnégation. En fait, qu’est-ce qui peut résister à une jeunesse saine, active, vitale, consciente, éduquée, opiniâtre et déterminée ?
« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait », dit-on. Cet adage donne d’emblée la voie à la jeunesse, pour peu qu’elle soit disposée à savoir car elle peut déjà. C’est dire que si les jeunes veulent, ils peuvent : il ne leur reste donc plus qu’à apprendre pour savoir. C’est dire aussi que si le respect du aux personnes âgées n’est pas facile à décrypter pour certains jeunes, il n’est pas non plus difficile à comprendre. Mais pourquoi ce manque de confiance en la jeunesse, plus ou moins affichée par les autorités, les parents, les éducateurs…? L’une des réponses à la question, c’est que la plupart des jeunes se sont tout simplement laissé aveuglement corrompre. En plus, ils ont choisi la facilité dans le combat au lieu de franchir les étapes une à une, toute chose qui s’avère nécessaire pour affirmer, voire aguerrir son civisme et sa citoyenneté. Par ailleurs, beaucoup de jeunes se sont éloignés de leurss idéaux. Ce qui a quelque part facilité la tâche d’une certaine frange de leurs aînés politiques affamés de pouvoir et de richesse.
Si seulement ces aînés jouaient franc-jeu avec leurs cadets (les jeunes). D’ailleurs, ces aînés n’ont-ils pas toujours dit « qu’au lieu de donner du poisson à quelqu’un, mieux vaut plutôt lui apprendre à pêcher » ? Pourquoi ne l’ont-ils pas alors enseigné aux jeunes ? Pourquoi, en tant que « sages », ces aînés n’ont pas été assez visionnaires pour accompagner les jeunes dans leurs actions ? Ces aînés ont tablé sur le présent au lieu de se projeter vers l’avenir. C’est le lieu de rendre hommage à l’actuel Chef d’Etat français qui, avec sa politique de « contrat de génération », a vite compris l’intérêt de rapprocher ces deux maillons de la société (jeunes et vieux) pour une transmission théorique et pratique de la connaissance, et cela, sur le terrain. En effet, au-delà de son caractère politique, l’idée de faire collaborer et coexister deux générations sur le même lieu de travail ne peut qu’être salutaire et louable, car avant de se succéder, ces deux générations se partageront des valeurs comme l’expérience, la confiance, le savoir-faire, l’optimisme…Et l’un se voit dans l’autre par un bond dans le temps, l’autre aussi se voit dans l’un par un pas vers le futur. Tout comme la valeur, le talent non plus n’attend pas le nombre des années. D’autres diront que « le talent réside dans l’envie de faire et d’agir ». Alors, jeunes d’Afrique et du Mali, l’heure est venue de s’exprimer, de s’affirmer et de s’imposer. Les jeunes en sont-ils capables, et les aînés sont-ils partants pour les soutenir ?
Cheick Oumar Keïta