La nost-ATT ou le syndrome du peuple qui ne grandit jamais

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Amadou Toumani Touré est parti par la petite porte en 2012, dans l’humiliation, l’impossibilité, le ridicule pour finir par revenir par la grande porte en 2017, dans l’honneur. Sans oublier que son retour continue de faire l’objet d’une tentative de récupération politique à l’allure d’une remise en selle de lui qui avait été honni, traité de tous les noms. La logorrhée officielle a placé son retour sous le signe de la réconciliation et la paix, devenues une sorte de ritournelle servie à toutes les occasions. Une seule évidence demeure : la réconciliation et la paix n’avancent pas. La question est pourquoi : parce que, dans les hautes sphères de l’Etat voire au sein de classe politique, personne ne veut ouvrir les yeux sur les vrais problèmes du pays. Personne ne veut comprendre qu’on fait du surplace, que la situation actuelle reste identique à celle de 2012, quand ATT tenait les rênes du pays, avec des terroristes et les groupes armés au nord, et le président et son gouvernement au sud. Entre les deux, il y a ce peuple dont une partie s’est déjà transformée en une « brigade d’acclamation », pour reprendre Serge Halimi.

La foule qui a accueilli ATT de retour était nostalgique. Nostalgique du pouvoir de celui qui a été défenestré par les militaires pour sa gestion jugée catastrophique par beaucoup. Cette nostalgie, qu’il soit une gifle ou pas flanquée au pouvoir actuel, renvoie un message visant à faire croire que la situation en 2012 était meilleure que celle d’aujourd’hui. Des générations entières sont nostalgiques, accrochées jusqu’au dernier souffle à la conjoncture. Alors qu’aujourd’hui, force est de faire comprendre que le vrai problème de ce pays est structurel et non conjoncturel. Il ne sert à rien de ressasser que c’était mieux sous Modibo Keïta que Moussa Traoré, sous Alpha Oumar Konaré que ATT ou IBK.

Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une véritable remise en cause de la structure même de l’Etat dont nous sommes nombreux à dire qu’il est « anthropophage » car mange ses fils, de cette administration « mongolienne » caractérisée par la lourdeur et de ses fonctionnaires qui ne savent faire rien d’autre que fonctionner, de ce mal-être malien qui consiste à faire semblant. Les Maliens et même les partenaires du Mali se demandent pourquoi on n’avance pas. La réponse est pourtant simple : parce que tout le monde fait semblant. Parce qu’au-delà des belles paroles, il y a très peu de patriotisme dans ce pays. Parce qu’au lieu de créer des citoyens, notre démocratie a fabriqué des bigots qui ressemblent tellement à « cette masse dont la vie, telle celle des bêtes, se résumait à chercher à bouffer, à chier, à copuler, à enfanter, à crever, cette masse dégoutante. » dont parle Sami Tchak dans La Fête des masques.

Pour ce peuple, c’est ATT qui avait raison sur la guerre au Mali. Tout le monde se plantait. Hier, c’était Moussa Traoré qui avait vu juste : les Maliens n’étaient pas faits pour la démocratie. Avant lui, Modibo Keïta avait eu la circonstance atténuante d’avoir voulu construire une société socialiste, qui s’est soldé par un échec. D’autres ont dit ici que ceux qui ont remplacé les colons n’ont fait que privilégier leur intérêt personnel. Seul le peuple ignore lui-même qu’il a toujours eu tort. Et qu’il reste ce bébé éternel qui ne grandit jamais, à qui l’on se plait déjà à vendre l’idée selon laquelle c’est une chance pour le Mali d’avoir ses anciens présidents. Alors que si on est devenu ainsi aujourd’hui, c’est à cause d’eux. Mais aussi nous-mêmes pour avoir toujours vu la vie en rose et  n’avoir jamais vu plus loin que nos nombrils que nous avons toujours pris pour le centre du pays, du monde voire de la vie.

ATT est de retour, et il faut lui souhaiter la bienvenue mais pas plus. Ceux et celles qui ont cédé à une dialectique de l’euphorie en voyant dans son retour une bénédiction auront tôt fait de se réveiller et regarder les vrais problèmes en face, car il y en a. Et l’avenir dira si celui qu’on présente comme « L’enfant du centre » pourra oui ou non être de quelque importance dans la crise qui déchire ces régions. Ou bien si, l’euphorie du retour d’ATT passée, nos députés, maires, ministres, juges, policiers, militaires, politiciens vont continuer à nous traiter avec la même arrogance qui, même s’ils l’ignorent, n’est autre chose que l’arme des incompétents et des gens qui ne sont pas sûrs d’eux-mêmes.

 

Boubacar Sangaré

 

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4 COMMENTAIRES

  1. “La nost-ATT ou le syndrome du peuple qui ne grandit jamais”

    Le peuple est abruti, c’est pour cela que certains d’entre eux vont applaudir un générale minable fuyard, un président incompétent qui n’a résolu aucun problème fondamentale du peuple.

    Ce peuple est abruti parce que les sous dirigeants continuent à l’abrutir par leur lâcheté, leur soumission à la franSS, leur lachidenya face aux institutions de prédations oxydentales!

    Lorsque j’écoute les discours de Kagamé, Dos Santos, Nana Akufo etc… ils parlent de business, de faire des affaires, de se prendre en mains etc…
    Mais dès que les maky très sall, idriss debile, ibcon et consorts ouvrent la bouchent c’est pour faire de la mendicité, remercier (la chine, ou le qatar ou un tel) d’avoir fait des dons etc…
    c’est juste minable et lamentable!

    Si le Rwanda le souhaite, je renonce à la nationalité malienne à tout moment!

    Même la honte ne veut pas du mali, ce pays sale et corrompu par la tête!

  2. Le jour où ATT prendra la parole, beaucoup de Maliens en prendront pour leurs grades. Les Maliens comprendront ce jour-là, que l’armée n’était ni en manque de matériels ni de munitions. C’est la puissance de feu des ennemis qui les a surpris. Ils ne s’attendaient pas à une telle puissance de la part des djihadistes, qui avaient dévalisés tous les magasins d’armement de la Libye. Ils étaient équipés d’armes, que les Maliens n’avaient jamais vus, même dans leurs rêves les plus folles. Après, ils viennent raconter des histoires à dormir débout. Aucune armée Africaine ne pouvait et ne peux tenir tête aux à ceux qui avaient envahis le Nord-Mali, aucune autre armée au monde. La preuve est sous vos yeux. 19 000 hommes se trouvent dans le Nord-Mali depuis bientôt quatre ans, sans parvenir à vaincre les fondamentalistes. S’il ne s’agissait seulement que de moyens matériels, la France elle seule allait terminer avec les djihadistes depuis toutes les quatre années qu’elle est présente chez nous. Soyons raisonnables, les USA luttent depuis 16 ans en Afghanistan contre les mêmes personnes sans succès, ce n’est pas une armée Malienne, qui n’arrive pas à la cheville des Américains, qui réussira là où les grandes puissances ont échoué. Et plus, IBK avait promis aux Maliens de chasser les fondamentalistes très rapidement, sans chercher à connaitre la réalité sur le terrain, son levier de vitesse s’est cassé depuis. Il ne parle plus de ATT en terme de faiblesse, ni de laxisme, il est en face de la dure réalité. Ce sont les djihadistes, qui dictent leur loi au Nord, au centre et au Sud du Mali, sans que IBK et ses militaires de la maudite junte de Kati ne parviennent à les en chasser. C’était plus facile à dire qu’à faire. ATT parlera, les Maliens comprendront comment les choses s’étaient passées. IBK et ses Sanogo mourront de honte.

    • “C’est la puissance de feu des ennemis qui les a surpris. Ils ne s’attendaient pas à une telle puissance de la part des djihadistes, qui avaient dévalisés tous les magasins d’armement de la Libye”

      Cette remarque est d’une stupidité sans nom!!!!

      Tous les pays de la région: niger, algérie, burkina, tchad …ont désarme voir même refuser qu les mercenaires touaregs libyens rentrent dans leur pays!!!!

      Pourquoi ton générale fuyard a laissé rentré sur son territoire une armée plus forte que la sienne?????????????????????????????????????????????
      —————————-> Ta remarque est stupide!!!!!!!!!!!!!!!!!!

      att na aucune excuse!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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