Nos enfants nous jugeront comptables. Et nous ne pourrons pas leur dire que nous ne savions pas.

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Frauder, c’est mal. Voler, c’est mal. Mentir, c’est mal, au Mali comme en France. Depuis, une quinzaine de jours, les Français en apprennent chaque jour davantage sur les fraudes des uns et des autres, de l’évasion fiscale aux fausses déclarations en passant par le plagiat. Le monsieur par qui le scandale est arrivé s’appelle Jérôme Cahuzac, ministre français du Budget. Il était chargé de veiller à la baisse des dépenses et d’augmenter les ressources de l’Etat, autrement dit les recettes fiscales. Il avait expliqué aux Français que le gouvernement allait prélever dix milliards d’euros supplémentaires sur les ménages en 2013 dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale, soulignant que c’était un effort important mais nécessaire en ces temps de crise.

Et voici, que le gestionnaire de l’Etat français, chasseur d’évasion fiscale, se rĂ©vèle ĂŞtre un fin tricheur. Ses falsifications, ses dissimulations surgissent petit Ă  petit. On apprend mĂŞme que ce monsieur avait Ă©tĂ© condamnĂ© en 2007 pour travail dissimulĂ©, après avoir employĂ©, dans sa clinique, une femme de mĂ©nage philippine sans papiers, et, cerise sur le gâteau, qu’il se dĂ©clare, depuis 20 ans, mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste auprès de la caisse d’assurance maladie, alors qu’il exerce comme chirurgien reconverti en implants capillaires. Cette fausse dĂ©claration lui permettait de s’assurer la retraite complĂ©mentaire des mĂ©decins en  la faisant porter par la collectivitĂ©. Les proches affirment qu’ils ne savaient pas et qu’ils se sentent trahis. Pour dĂ©samorcer cette bombe qui Ă©clabousse toute la classe politique, le Premier ministre, qui se doit de «recrĂ©er de la confiance» entre le gouvernement et les citoyens, a annoncĂ© que les dĂ©clarations de patrimoine des ministres allaient ĂŞtre publiĂ©es avant le 15 avril. Le prĂ©sident a proposĂ© la crĂ©ation d’un “parquet financier” chargĂ© de centraliser les affaires de corruption et de fraude fiscale. Cette haute instance “Ă©tudiera de manière approfondie la situation de chaque ministre avant et après sa nomination”. Un magistrat français, auteur d’un ouvrage sur la lutte contre la corruption, proteste, en Ă©crivant dans son blog, que  «le problème n’est pas celui de la publicitĂ© des avoirs, mais celui du contrĂ´le de la sincĂ©ritĂ© des dĂ©clarations et de l’absence d’enrichissement personnel pendant l’exercice de la fonction.» En effet, il n’y a pas de honte Ă  possĂ©der un patrimoine. On ne demande Ă  personne de jouer les pauvres. Ce que les citoyens du monde demandent, c’est que tout ce qui est possĂ©dĂ© soit bien acquis. Car, possĂ©der château et limousine en son nom, ou au nom de son Ă©pouse, sa maman, son enfant, son parent, alors qu’on ne perçoit qu’un salaire de fonctionnaire, c’est s’être enrichi de façon illicite, c’est avoir agi contre la loi et la morale, c’est avoir obtenu de l’argent grâce Ă  des pots-de-vin, c’est avoir profitĂ© de son pouvoir et de son autoritĂ© pour rĂ©aliser des affaires illĂ©gales, c’est avoir trichĂ©. C’est, surtout et avant tout, avoir spoliĂ© celles et ceux Ă  qui l’argent dĂ©tournĂ© Ă©tait destinĂ©, Ă  savoir les citoyens. C’est avoir volĂ© les populations qui se demandent chaque jour comment faire bouillir la marmite. Que l’on soit citoyen de gauche ou de droite, Occidental ou Africain, femme ou homme, jeune ou vieux, ce ne sont pas les biens qui nous posent problème, mais l’origine des fonds, la capacitĂ© de revenus pour les acquĂ©rir, et la fraude fiscale.  Quand, la semaine dernière, Denis Sassou Nguesso, sur les marches de l’ElysĂ©e,  affirmait aux journalistes qu’il n’a pas Ă  rĂ©pondre devant la France de ses biens en France, il oubliait de dire que c’est Ă  son peuple surtout qu’il a Ă  rendre des comptes. Et, d’un pays Ă  l’autre,  les peuples sont indignĂ©s.

Au Mali, très récemment, un militant en colère rappelait, « qu’aucun fonctionnaire malien, fut-il directeur national de la DNGM, ne peut justifier, en seulement 5 années d’exercice, une fortune de l’ordre du milliard.» Le magistrat, Daniel Tessougué, déclarait, déjà en 2009, que ce n’est pas un problème de textes, mais plutôt celui lié au système en place depuis des décennies». En effet, c’est à nous, citoyens trompés, spoliés, de demander des comptes à ceux qui, en toute impunité, nous volent et nous pillent. Nous avons tous été élevés, quelle que soit notre culture, quelle que soit notre religion, quel que soit notre continent, selon des règles morales strictes qui font de la malhonnêteté, du vol et de la tromperie des actes répréhensibles et condamnables. Nous sommes les gardiens de nos sociétés. À ceux qui s’estiment au-dessus de ces règles, nous devons demander restitution des fortunes détournées. Il y va de notre honneur, car se taire et continuer à les laisser faire, c’est accepter d’être volés, c’est couvrir leur malhonnêteté, c’est être leurs complices. Nos enfants nous jugeront comptables. Et nous ne pourrons pas leur dire que nous ne savions pas.

Françoise Wasservogel

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2 COMMENTAIRES

  1. Oui Françoise nous devons exiger de nos elus la declaration de leur biens avant qu’ils ne prennent fonction. A la fin de lr mandat nous ferons le delta pour apprecier. En cas de doute cm cè le cas de Karim Wade on te retire “le FLOU”. A vos marques

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