«Eduquer une fille, c’est éduquer une Nation», disait un célèbre penseur. Mais aujourd’hui, cette assertion se révèle comme un rêve. La scolarisation des filles dans notre pays se présente comme un véritable parcours de combattant. Et cela est dû à plusieurs facteurs. Notre dossier.
Faute de statistiques, le nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés et de ceux qui ont quitté l’école, reste inconnu. Mais, un enseignant d’une école de Moribabougou n’a pas caché que «ce nombre d’enfants qui ne vont pas rejoindre les bancs de l’école, surtout chez les filles, est en train de battre le record. Le mariage précoce vient en premier lieu et ensuite, les grossesses non désirées».
Selon des habitants avec lesquels nous avons échangés, toutes les familles sont convaincues de l’utilité de scolariser leurs enfants. «Je ne pense pas qu’il y ait des parents qui contraignent leurs enfants à abandonner les études pour les faire travailler dans les champs. Sincèrement, non ! Je ne pense pas. Cela peut peut-être arriver, à cause des aléas de l’insécurité, de la pauvreté…», nous a confié un cadre de Banamba.
Des témoignages recueillis, il s’avère que les filles restent les plus touchées par ces abandons. «Après le premier cycle, certaines sont contraintes de rester à la maison pour aider leurs mères dans les travaux ménagers, plutôt que d’aller à l’école. Une tradition qui n’a pas évolué dans certaines familles. Il est très rare par ailleurs que celles qui ont échoué, reprennent le chemin de l’école. Les parents en profitent pour bloquer leurs études et les garder à la maison en attendant un potentiel prétendant, nous confie un responsable de l’école de Missira. La pauvreté qui frappe le monde rural est prise comme prétexte pour justifier le peu d’engouement pour l’école.
Selon l’UNICEF, quelques 13 % d’enfants de 7 à 18 ans dans le monde ne sont jamais allés à l’école dans les pays en développement. Cette proportion est de 32% chez les filles (contre 27 % de garçons) en Afrique subsaharienne, et de 33% chez les enfants ruraux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Pourtant, l’éducation est le plus sûr moyen que les enfants, notamment les filles, ont pour échapper à la pauvreté. Lorsqu’elles sont instruites, les filles tendent à se marier plus tard et ont souvent des enfants en meilleure santé. Elles sont plus productives à la maison ; elles ont des emplois mieux rémunérés ; elles savent mieux se protéger du VIH/SIDA et participent davantage à la prise de décisions à tous les niveaux. Rappelons que les efforts de l’UNICEF dans ce domaine vont dans le sens des Objectifs II et III: Education primaire pour tous et Egalité entre les sexes.
LASSANA