Niakaté Diarriyatou, jeune entrepreneure franco-malienne, secrétaire générale de l’association Omaraka : “Nous voulons faire de Lambidou, une ville touristique et attirante avec la construction d’un musée culturel”

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“Nous disposons déjà d’une parcelle offerte par nos autorités locales en guise de contribution”

Mme Niakaté Diarriyatou est une jeune entrepreneure très engagée et déterminée. Promotrice de la Maison “Niaré et Design” qui fait aujourd’hui la fierté malienne et africaine en France, Mme Niakaté est également la secrétaire générale de l’Association “Omaraka” qui veut dire notre “Maison commune”, qui a vu le jour en avril 2023 et qui regroupe les ressortissants de la ville de Lambidou dans la région de Kayes. Aujourd’hui, l’une des ambitions de cette association, c’est de doter Lambidou d’un musée culturel digne de ce nom. Ce qui permettra de faire de cette localité, une véritable ville touristique et attirante puisque l’objectif pour les membres d’Omaraka, c’est aussi de préserver leur identité et culture. Profitant de notre séjour à Paris dans le cadre des Jeux olympiques 2024, nous nous sommes entretenus avec Mme Niakaté pour en savoir plus sur cet ambitieux projet de construction d’un musée culturel à Lambidou. Suivez l’entretien !

ujourd’hui-Mali : Pouvez-vous nous parler de votre entreprise ?

Niakaté Diarriyatou : Merci de m’avoir donné cette opportunité pour m’exprimer. Comme vous le savez, la Maison Niaré et Design est une entreprise créée en 2023 par Niakaté Diarriyatou, jeune entrepreneure franco-malienne dans le but de promouvoir la mode, la culture et valoriser la femme africaine.

En tant qu’originaire du Mali, plus précisément du village de Lambidou dans la région de Kayes, j’ai décidé d’aider les afro descendants à avoir confiance en eux en créant des collections de tenues africaines pour enfants, adultes, filles et garçons.

La Maison Niaré et Design a vu le jour en 2023 avec ses tenues aux couleurs de l’Afrique. Nos tenues sont cousues à la main avec des tissus purement traditionnel africain comme le bogolan marié à d’autres tissus tels que le wax ou encore le basin.

En tant que styliste autodidacte, j’ai toujours eu pour ambition de valoriser le patrimoine, la culture et la femme africaine dans toute sa splendeur. Des objets aux tissus en participant à des défilés de mode, d’expositions de tableaux, de vernissage et bien d’autres. Je suis également la secrétaire générale de l’Association Omaraka purement apolitique.

Parlez-nous de votre association Omaraka ?

Créée officiellement le 14 avril 2023, l’association Omaraka est un regroupement des ressortissants de la ville de Lambidou dans la région de Kayes au Mali. Nous sommes porteurs d’un projet de construction d’un musée culturel à Lambidou. Ladite association est née de la volonté de préserver notre identité, notre culture en créant ce musée culturel.

Pour rappel, l’idée de la création d’un espace culturel, c’est-à-dire un musée, remonte à 2008, mais force est de reconnaître que le projet n’était pas encore dévoilé au grand public jusqu’au début de l’année 2023. C’est une association apolitique, ouverte non seulement aux ressortissants de la ville, mais aussi à tous les Maliens sans exception.

Et d’où est venu le nom Omaraka ?

L’on peut traduire le nom Omaraka par “Notre maison commune” en langue soninké. En Afrique, chez nous, on dit souvent qu’il n’y a pas le Moi mais le Nous, c’est-à-dire que c’est le groupe qui l’emporte toujours sur l’individu. Autrement dit, c’est ensemble que l’on devient plus fort. En somme, on peut dire que le nom Omaraka fait référence à notre “maison commune”, c’est-à-dire le musée ou la maison où nous garderons notre culture et les objets matériels et immatériels que l’on a hérités de nos ancêtres.

Pourquoi un musée à Lambidou ?

Je pense qu’il y a deux grandes raisons fondamentales. La première raison, comme vous savez, nous venons d’une société qui est principalement basée sur ce que l’on appelle la tradition orale. Et l’on définit cette tradition orale comme étant la transmission du savoir et des connaissances de bouche à l’oreille, c’est-à-dire du père au fils, de la mère à sa fille, voire de générations à générations.

Donc, chez nous, c’est la parole qui prime sur l’écriture. Et selon la célèbre citation latine d’Horace : “verba volant, scripta manent”. Autrement dit : “Les paroles s’envolent, mais les écrits demeurent”. C’est fort de cette vérité que nous avons nourri l’idée de construire un musée culturel à Lambidou dans le but de préserver à notre tour les richesses culturelles, les objets matériels et immatériels que nous avons hérités de nos ancêtres, c’est-à-dire nos grands-parents. La ville de Lambidou est ancienne et historique, c’est-à-dire des grands hommes ont régné là-bas et nous ont légués des héritages qui méritent d’être préservés et conservés à vie pour les générations futures.

En ce qui concerne la deuxième raison, nous voulons construire ce musée dans l’espoir de faire de la ville de Lambidou une ville touristique et attirante. En construisant ce musée, nous voulons donner l’envie à nos enfants qui sont nés ici en France ou en Europe d’aller visiter cette ville de leurs parents, apprendre à connaître leur histoire, leur culture car l’on dit très souvent que la meilleure des connaissances est la connaissance de soi, la connaissance de son histoire et de sa culture. Parce que très souvent quand on propose à nos enfants d’aller en vacances au pays (Mali), ils ne manifestent pas d’engouement car ils disent qu’il n’y a pas des lieux touristiques ou culturels à visiter. Voilà pourquoi nous voulons créer ce musée à Lambidou.

Pourquoi Kayes pour un tel musée ?

La décision s’explique par le fait qu’il n’y a pas de musée digne de ce nom dans la région à notre connaissance. Et pour nous, il était temps de doter cette grande et première région du Mali d’un musée culturel pour en faire une région touristique qui va s’ouvrir au monde entier.

Avez-vous le soutien des autorités locales ?

Bien sûr que oui ! Dans la ville de Lambidou en question, nous bénéficions de l’apport de nos autorités locales, c’est-à-dire la municipalité, le chef du canton, les chefs coutumiers, etc… Bref, le projet est porté et soutenu presque par toutes les couches de la société en quelque sorte. Et concrètement, nous avons déjà une parcelle de terrain offerte par nos autorités locales en guise de leur contribution au projet. Et nous les en remercions d’ailleurs.

Quelle sera la particularité de ce projet ?

C’est un projet très particulier, innovant et unique car jusqu’à preuve du contraire nous n’avons pas connaissance de l’existence d’un musée culturel dans la région de Kayes, en général et à Lambidou en particulier. Donc, l’on peut être tenté de dire que ce sera le premier grand musée culturel de toute la région de Kayes.

Quelles sont aujourd’hui les actions menées à travers cet ambitieux projet ?

Concrètement, nous avons entamé plusieurs actions et démarches pour la réalisation de ce projet qui nous est très cher. Parmi ces actions, l’on peut parler de l’organisation d’une soirée caritative en avril 2024 pour collecter des fonds, des audiences avec nos autorités consulaires en France, avec la représentation malienne auprès de l’Unesco, des réunions de vulgarisation du projet avec nos différentes communautés ici en France, des émissions de radio et notre participation à la Semaine africaine à l’Unesco pour représenter le Mali aux expositions arts culturels.

Vous avez pris part à la Semaine africaine 2024 de l’Unesco, quel enseignement tirez-vous de ce grand rendez-vous ?

Notre participation à la Semaine africaine 2024 à l’Unesco a été pour nous une découverte, une expérience et une fierté pour nous d’avoir représenté notre pays. L’enseignement que l’on a tiré de cet événement de grande envergure, c’est l’importance de la culture. Nous avons appris que la culture est un vecteur de rassemblement, d’unité dans la diversité, de fraternité et de solidarité. Donc, notre participation à la Semaine africaine nous a confortés dans notre choix sur le projet de construction d’un musée culturel à Lambidou.

Quelles sont vos perspectives au Mali ?

A court terme, ce projet de construction d’un musée culturel à Lambidou vise à désenclaver notre village ou notre commune, c’est-à-dire ce musée va créer des opportunités de travail pour les jeunes de la localité, attirer des potentiels visiteurs ou touristes. Et à long terme, nous comptons pousser ce projet à l’échelle régionale, voire nationale.

Comment les populations kayésiennes ont accueilli le projet de Musée à Lambidou

ABH , Dirpub Journnal du Mali et Mme Niakaté Diarriyatou

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Ce projet a été quasiment bien accueilli par toutes les couches de la société, c’est-à dire les élus locaux, les chefs coutumiers, les hommes, les femmes et même les jeunes car c’est un projet innovant et générateur de plusieurs opportunités pour la Commune.

Un message à l’endroit des autorités maliennes et des ressortissants de Kayes ?

Nous demandons à nos autorités, aux ressortissants de Kayes, au peuple malien et toutes les personnes de bonne foi de se joindre à nous pour la réalisation de notre projet. Certes, nous avons initié le projet mais c’est un projet qui est ouvert à tous. Nous avons besoin de vos soutiens, de vos précieux conseils, des propositions car : “Seul, on va vite mais ensemble, on ira encore plus loin”.  

Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA à Paris

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