Ne périssons avec l’Etat

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Face à la situation que notre pays vit depuis le 17  janvier avec la prise de Menaka, accentuée par l’occupation d’Aguelhok et de Tessalit ainsi que le coup d’état à Bamako, nous semblons tous pris par une gueule de bois chronique. Et nous continuons à nous prendre la tête en nous demandant bien qu’est qui  a bien pu arriver à notre si cher Mali. A mon humble avis il faut que nous positivions. Avec un hommage perpétuel et permanent à nos morts, depuis Sabouciré jusqu’à Aguel hoc, nous devons rester debout et ne pas crouler devant les défis de l’histoire et de l’évolution des nations.

Nous sommes une nation en construction, un Etat en devenir et ce qui nous arrive en 2012 est un épisode de notre évolution  en tant qu’Etat. C’est à nous de faire la juste analyse, de trouver les bons compromis et de dégager les meilleures pistes. Nous sommes héritiers de vieilles civilisations, militants du dialogue et de la vie en communauté, alors les écueils qui se posent à nous peuvent surement être surmontés.

J’ai longtemps médité sur cette citation de Montesquieu  qui dit : “Si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire une cause particulière, a ruiné un État, il y avait une cause générale qui faisait que cet État devait périr par une seule bataille. En un mot, l’allure principale entraîne avec elle tous les incidents particuliers.”

Pour faire la comparaison avec ce qui nous arrive, je ne sais pas si les prises de Aguel hoc ou de Tessalit, de Gao, de Tombouctou, de Kidal, ou encore la chute de ATT sont des batailles qui ont ruiné notre Etat, je ne sais pas si la gouvernance qui régnait était cette cause générale qui a abouti à ces situations malheureuses pour le Mali.

En tous les cas, les Maliens savent le type de société qu’ils veulent pour eux-mêmes, on ne leur a seulement pas donné l’occasion de la dessiner. Noirs et blancs, musulmans et chrétiens, nous pouvons bien vivre ensemble et du nord au sud, d’est en ouest. Reste à maitriser nos intelligences et à les mettre au service du collectif.

Aujourd’hui dans notre Mali, on polarise la vie politique selon qu’on se réclame de Dioncounda Traoré, de Cheick Modibo Diarra ou du capitaine Amadou Haya Sanogo. On se réclame de la COPAM, du FDR , de la CSM ou de bien d’autres regroupements politiques. Pendant ce temps il faut une réponse urgente à une occupation nuisible et interminable de nos régions et de nos populations.

Il y a urgence à fixer des priorités. Quelque soit la rivalité, l’adversité, on  ne peut se battre pendant que le lion court vers soi. Mieux vaut se sauver la tête et remettre les coups de poings à plus tard sin on ne peut les asséner au fauve.

Notre pays est face à des contradictions structurelles (mauvaise gouvernance et disfonctionnement institutionnel) et conjoncturelles (terrorisme et géopolitique).

Ne périssons donc pas avec l’Etat. Plus que l’or et le coton, la première ressource est et reste l’homme. Il faut donc pousser l’interrogation jusqu’à savoir si « l’homo malianus » a été au cœur de nos politiques depuis 1960. C’est-à-dire la promotion de l’homme malien de tout ce qu’il peut avoir de compétence, de valeur pour être le pilier de l’Etat.

John Kennedy a laissé cette citation pour la postérité et elle est partagée à l’échelle universelle : « ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays ». Ce message est valable pour le retraité qui a démarré en 1960. L’étudiant qui a fini en 1980, l’élève qui est au lycée cette année, le paysan qui reçoit les engrais, le commerçant qui bénéficie des exonérations, le journaliste et le politicien qui bénéficient de la subvention de l’Etat, etc…. Nous sommes tous interpellés par le sort de cet Etat qui nous a donné ce qu’il peut, adroitement ou maladroitement, et nous devons nous unir autour d’un minimum. Sinon dans  le monde de la mondialisation, d’autres viendront simplement décider à notre place comme cela se fait déjà sous bien d’autres formes.

Pour ceux qui sont là aujourd’hui et qui répondent de la nationalité et de la citoyenneté maliennes, il faut se réveiller. Alors il faut plus que de l’humilité, il faut plus que de la réal politique pour que nous jouons tous la balle à terre et mettre le Mali au dessus de nos têtes. Que nous croulions sous le Mali vaut mieux que le Mali croule sous l’addition de nos divergences, de nos égos et de nos défauts. Les grandes personnes doivent donner l’exemple avant que les plus jeunes ne sonnent la révolte. De grâce pour notre pays !!!

Alassane Souleymane

Journaliste et réalisateur,

Chargé de mission

Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation

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7 COMMENTAIRES

  1. La cause particulière qui a fait sombrer l’Etat est le coup d’Etat du 22 mars. A ce titre, ce coup d’Etat est donc le coupable de tout ce qui nous arrive.

  2. Cependant jeune homme tu as bien profité du régime de ATT et pour cause.Entre autres le fait que tu sois accrédité comme reporter et Attaché de Presse aupres de Malamine KONE AIRNESS.

  3. Tout à fait d’accord car ces situations que vous évoquez vous auriez dû les décrier en son temps.Mais on vous voyait au devant des scènes, vs oubliez que vs êtes un homme de média?

  4. Mais pourquoi avez-vous, vous même, couru le 23 mars pour vous livrer en valet de la junte, juste pour obtenir un strapontin que vous occupez aujourd’hui d’ailleurs?

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