Agé de 87 ans, Sira Bah succède à son grand frère Békaye Keïta décédé il y a un peu plus d’une année. Comme ses prédécesseurs, il a la lourde responsabilité de veiller à maintenir la cohésion sociale, l’union et à la paix qui a toujours caractérisé les relations entre les populations du cercle de Nara particulièrement celle de la ville. Le nouveau chef de village est reconnu pour ses qualités humaines et sociales. En bon soninké, il a beaucoup voyagé. Ce qui lui a permis d’acquérir des connaissances et des expériences qu’il utilisera pour exercer sa nouvelle fonction.
Ganda Sissoko, communicateur traditionnel, a exprimé la considération et l’estime dont bénéficie le nouveau chef de village. « Il a toujours été un rassembleur, un homme de dialogue, un bienfaiteur au sein de sa propre famille mais également au sein du village. Il est aussi un homme de vérité qui sait jouer son rôle d’ainé », a indiqué Ganda Sissoko.
Le nouveau chef de village a expliqué qu’il mesure la responsabilité de ses nouvelles fonctions. Sira Bah a exhorté les populations à l’entente, à la cohésion et à la solidarité, indispensables pour la vie en société. Il a promis de jouer son rôle dans l’intérêt de la paix en préservant les valeurs sociales et sociétales de la localité.
Au cours de l’événement, les représentants des familles fondatrices de Nara que sont les Diakhara, les Kandiara, les Gassiréra, Haboura et des Demba Djalla ont unanimement loué les qualités de leur patriarche à qui ils ont surtout souhaité de vivre longtemps. A Nara, la famille des Diakara se caractérise par la fréquence des prénoms « Diamou » ou « Biramou dit Néga », dans la famille des Gassiréra on retrouve fréquemment les prénoms Gassiré dit Sira Bah. C’est de cette famille qu’est issu le nouveau chef de village. Les prénoms « Habou » sont de la famille des « Haboura ».
La succession au trône se fait de père en fils au sein des familles précitées dans l’ordre de l’ainé biologique. C’est donc le plus âgé parmi les pères ou parmi les fils qui hérite de la chefferie. Sira Bah est le troisième dans l’ordre de succession des fils.
Couvrant une superficie de 30 000 km2 soit environ le tiers de la région de Koulikoro, Nara est un cercle cosmopolite où cohabitent en parfaite symbiose plus de 200 000 âmes comprenant soninkés, peulhs, maures et bambaras. Zone agro-pastorale, le transport et le commerce se développent alors que l’artisanat et le tourisme restent timides.
Malgré ses énormes potentialités, Nara, pour diverses raisons, tarde à amorcer un véritable développement socio-économique. Le développement du cercle est freiné par de certaines contraintes liées à la non maîtrise de l’eau, l’enclavement, la faiblesse de la couverture sanitaire, le manque de débouchés et d’infrastructures pour les produits artisanaux.
Plusieurs versions sont citées sur l’origine du nom Nara. Mais, il est unanimement reconnu qu’il a été fondé par un Malinké du nom de Hawa Niamé Keïta qui aurait fondé un hameau baptisé Niamé Bougou (« le village de Niané » en bambara). Le nom du hameau aurait été à plusieurs fois repris et déformé pour donner Nara (« feu » en maure) puis Nara. Le mot Nara est dérivé du mot arabe- maure: “Noara” qui veut dire Fleur. Le cercle de Nara couvre une grande partie de l’ancien royaume du Ouagadou fondé par les soninkés Cissé.
Moussa Coulibaly, correspondance particulière depuis Nara