Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré le 6 février la Journée internationale de la lutte contre la mutilation génitale féminine. Elle a été marquée par la condamnation de la pratique par les organisations féminines, singulièrement par le Programme national de lutte contre l’excision. Au Mali, l’abandon de cette pratique n’est semble-t-il pas pour demain.
A en croire les organisations féminines après quatorze années de lutte et de dénonciation de la pratique, il n’existe toujours aucune législation. Pis encore : la sensibilisation pour l’abandon de cette pratique, jugée dangereuse pour la santé des femmes, ne semble pas faire l’unanimité au sein de la société.
Chaque année ce sont environ 80 % de jeunes filles qui sont victimes de la pratique, a annoncé une chef de projet de l’Association pour la défense des droits de la femme (APDF) sur les antennes de Studio Tamani, regrettant l’absence d’une loi pour condamner les auteurs.
Elle a évoqué les efforts de sensibilisation pour un changement de mentalité de son organisation. “Malheureusement, ces efforts buttent souvent à une croyance traditionnelle ou religieuse”. Autrement dit, l’abandon de la pratique ne fait toujours pas l’unanimité dans la société. Certaines femmes, surtout en milieu rural très rattachées à la tradition, ne veulent pas l’abandonner malgré les nombreuses conséquences avancées par les médecins.
Les religieux aussi sont divisés sur la question. Certains approuvent la pratique d’autres par contre la condamnent. Ce qui rend ainsi la question très sensible. Mais, pour les médecins et les organisations féminines, pour atteindre l’objectif de mutilation zéro, il faudrait une loi et une implication des leaders coutumiers et religieux. Cette idée n’est pas la bienvenue par exemple au Haut conseil islamique du Mali. Pour Kaou Djim, les acteurs de cette lutte sont en mission de l’Occident.
“Ce que vous faites, si vous pensez que c’est bon, continuez, ceux qui se sentiraient intéressés opteraient, mais n’obligez pas les gens à abandonner leurs croyances, pour une idéologie occidentale”, a-t-il conclu.
Une prise de position qui renforcera le dilemme des députés au moment du vote d’une éventuelle loi contre la pratique.
Zoumana Coulibaly