Mouvement trop c’est trop : « Nous voulons nous soigner … les médecins doivent retourner dans les hôpitaux

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Comment le gouvernement tente d’étouffer un mouvement d’humeur

Pour dénoncer la grève illimitée des médecins et le silence du gouvernement, un mouvement dénommé « Trop C’est Trop » a vu le jour sous l’égide de certains jeunes leaders.

Le mouvement, pour se faire entendre, a décidé de faire un sit-in sur l’estrade du boulevard de l’indépendance, juste en face de la bourse du travail. Ainsi, sur les réseaux sociaux, les membres du mouvement ont invité les Maliens à prendre part à ce sit-in, qui avait pour but de sauver les malades qui mourraient à petit feu dans les hôpitaux, fautes de soin.

Le lundi 27 mars 2017, au moment, où démarraient les travaux de la conférence d’entente, une vingtaine de jeunes se donnaient rendez vous devant la bourse du travail. Les manifestants étaient munis d’une banderole sur laquelle, on pouvait lire : « la santé est un droit », « l’école est un droit », « Trop C’est Trop » etc.   Munis en outre d’un mégaphone, les manifestants scandaient des slogans du genre : « nous voulons nous soigner », « les médecins doivent retourner dans les hôpitaux » etc.

Selon, Malick Konaté un des porte-paroles du mouvement, le choix du lieu n’est pas fortuit. « Le président de la République et les ministres empruntent cette route pour le palais. Ensuite, il est situé en face de la bourse du travail, où se trouvent les leaders syndicaux. Les deux parties seront interpellées. Nous faisons d’une pierre deux coups » a expliqué Malick Konaté.

Toujours selon Konaté, ce sit-in n’est ni contre le gouvernement, ni contre le syndicat des médecins. Il explique que c’est tout juste une pression pour que les acteurs s’impliquent à fond pour mettre fin à la souffrance des malades qui n’ont pas de soins.

La stratégie porte ses fruits. En effet, le lundi 27 mars, des agents du commissariat du 1er arrondissement se présentent aux manifestants pour connaitre les objectifs du sit-in.  Ils notent les informations qui leur sont fournis. Le lendemain, ses mêmes éléments reviennent cette fois ci pour relever l’identité des manifestants et photographier la banderole.

La sécurité ne s’arrête pas en si bon chemin. Le mercredi 29 mars, ils reviennent munis d’un décret interdisant les manifestations mais datant de 1963. Sur la base de ce décret, les forces de sécurité demandent aux manifestants de mettre fin au sit-in. C’était mal connaitre les membres du mouvement « Trop C’est Trop ».

Face à ce décret dépassé, les manifestants avaient une loi de 2004, autorisant les marches, sit-in et manifestations en République du Mali. Confus, les agents se font tout petits et plient bagages. Les manifestants célèbrent cette victoire avec des pas de danses.

Le jeudi 30 mars, les mêmes agents reviennent, pas avec une loi ou un décret, mais avec une instruction ferme de  retirer la banderole. Les manifestants sans la banderole continuent de scander leur slogan. A 12 heures, le sit-in prend fin et rendez vous est pris le lendemain.

Le vendredi 31 mars, le sit-in prend une autre tournure. Ce jour là, une force mixte composée de gendarmes, de gardes  et policiers débarquent avec armes et gaz lacrymogène. Le commandant dit aux manifestants de quitter les lieux sous ordre du premier ministre.

« Nous avons reçu l’ordre de vous dégager de gré ou de force. Je sais que ce que vous faites est en faveur des plus démunis, mais je suis un soldat et j’ai reçu des ordres que je dois exécuter » a ajouté l’agent.

Les manifestants, face à la détermination des agents, n’avaient pas d’autres choix que de rentrer dans la cour de la bourse du travail. Convaincu du combat, les membres du mouvement « Trop C’est Trop » rejoignent, le samedi 1er avril, d’autres mecontents devant l’hôpital Gabriel Touré pour un autre sit-in. Là, aussi, la police débarque et disperse la foule.

Malgré la volonté du gouvernement de violer un droit constitutionnel, celui de manifester pacifiquement, les membres du mouvement « Trop C’est Trop » ne comptent pas s’arrêter là. Le lundi matin 3 avril, ils attendent continuer jusqu’au jour où la grève prendra fin.

A KENE

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