Motion de censure : Moussa Mara, dernier passage

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Merci Monsieur le Président. Comme lors du premier passage, je vais essayer de répondre rapidement à quelques questions qui sont revenus et ensuite terminer par des précisions relatives au contenu de la motion.

Pour ce qui concerne l’indication sur les débats dans la rue. Je répète ce que j’ai dit simplement, ça n’a rien à voir avec la motion de censure évidemment. J’ai dit, nous avons eu ici un huis clos pendant 5 heures, l’opposition n’a pas pris la parole. Mais dès l’après-midi du huis clos, on a eu du bruit dans la presse et ailleurs de la part de l’opposition. Cela est avéré, c’est une réalité et puis c’est dommage. J’aurai préféré, nous aurons préféré et la démocratie aurait gagné que vos interventions privilégient l’enceinte de l’Assemblée nationale.

Pour ce qui concerne les recettes fiscales, je n’ai pas bien compris l’intervention du député. Mais ce qu’il faut savoir c’est que les recettes encaissées par l’Etat liées au secteur de l’or ont bien baissés. Le cours de l’or a baissé de 1650 dollar à 1220 l’once. Et les recettes de l’Etat issues de l’or sont passées de 4 Milliards à 210 Milliards. Ce sont des indications faites par les services en charge de ce domaine-là et que je porte à votre connaissance.

Pour ce qui concerne le fonds de La privatisation de la Sotelma logé à la BCEAO. Ce n’est pas tant le lieu physique de localisation des fonds qui est en cause. C’est l’initiative de l’utilisation de ces fonds. Ces fonds devraient être inscrits au budget de l’Etat et être dépensé conformément aux procédures de l’Etat. Aussi simple que ça. Ce n’est pas ce qui a été fait.

Ensuite, vous avez parlé de 14 Milliards décaissés par le trésor par rapport à l’achat de l’aéronef. C’est faux et c’est archi faux. L’achat de l’aéronef a été fait par un prêt à la BDM. La BDM est une banque de la place. Les données sont disponibles vous pouvez les vérifier.

Maintenant, pour ce qui concerne, encore une fois, les papiers de l’ancien avion, je serais bien curieux de recevoir le document que vous avez brandi ici. Comme je l’ai dit tout à l’heure, de le soumettre à vérification. Et si ce document est authentique, en ce moment ce serait une bonne chose pour l’Etat parce qu’en ce moment l’Etat aurait un document officiel par rapport à cet avion.

Cependant, permettez-moi de vous lire un passage d’un document qui vient de m’être fourni par l’Agence nationale de l’aviation civile l’ANAC. Ce document dit, je cite : « En 2011, sur instruction des autorités, l’avion présidentielle a été radié de l’immatriculation civile et a été transféré à l’armée de l’air. Cette action annule tous les documentation émis par la partie civile. De facto, il revient à la partie militaire d’établir des documents pour l’avion, de suivre sa maintenance et son entretien, et de délivrer des licences valides pour les pilotes. Cela requiert l’existence d’une règlementation pour l’aviation militaire. Au Mali, Il n’existe aucune réglementation militaire, contrairement à la partie civile. Ainsi les pouvoirs conférés aux autorités civiles pour établir les documents d’un avion font défaut à la partie militaire, par manque de texte. Ce qui rend sans valeur juridique, tout document émis par l’autorité militaire sur le plan international. Un appareil sans papier d’exploitation internationalement reconnus peut et doit être reconnu comme illégale non seulement sur le plan aéronautique mais aussi sur le plan de l’assurance de l’appareil. L’assurance qui se trouve à bord a été contracté pour un avion civil. Cette assurance devient caduque en cas d’accident. E n plus de l’aspect juridique et dans le domaine de l’exploitation le suivi de la maintenance de l’entretien de l’avion ainsi que les licences des pilotes sont faits sans base technique. Il conclut : à la lumière de ce qui vient d’être dit, on peut considérer sans risque de se tromper que l’avion présidentiel Boeing 727 est sans document valable et opposable à des tiers. Par exemple un certificat de navigabilité délivré par l’armée de l’air n’est valable que sur le territoire du Mali ». C’est un document qui vient de nous être fourni par l’Agence nationale de l’aviation civile que je tiens à votre disposition.

Maintenant pour répondre à l’honorable Gassama. Il a dit ici que je suis allé me refugier dans le camp de Serval. Je l’informe que je ne suis jamais allé me réfugier dans le camp de Serval. Serval et Minusma m’ont proposés d’aller dans le camp de la MINUSMA, les membres du gouvernement qui étaient à Kidal et moi-même nous avons décliné cette proposition. Et nous sommes allé au camp I sous la protection des forces armées et de sécurité du Mali.

Il dit que j’ai menti. Je pense sincèrement que sur l’ensemble de ce qui s’est passé, je n’ai jamais, jamais, à aucun moment, proféré un mensonge. Parce que le mensonge ne fait pas partie de mes valeurs. Je pense que dans notre pays, on se connait. Malienw ban don. Ou ba don jon yé jon yé. On sait qui est qui dans ce pays. Et ce que nous sommes parait plus fort que ce que nous disons. Ça veut dire honorable, vous avez beau parlé ici en bambara pour que les gens vous entendent. Vous avez beau crié ici, ce que vous êtes parait plus fort que ce que vous direz. Je ne de-mi-ssio-ne-rais pas. Ntè nteta yorosi. Ce pays-là, on va le construire. Ça va être difficile, ça va être compliqué, mais on va le construire inch’Allah.

Maintenant rapidement, Monsieur le Président, honorables députés. L’opposition indique que des solutions existent pour la prise en compte des préoccupations des maliens et souhaite présenter au cours de ce débat des propositions qui permettront de sortir de la crise économique, sociale et de gouvernance. Elles sont où les solutions et propositions de l’opposition. Qu’avez-vous entendu de constructif, honorables députés, provenant de l’opposition comme un début de solution aux problèmes qu’eux-mêmes évoquent ? En réalité, l’opposition n’est pas intéressée par des solutions. Elle préfère mettre en avant les problèmes. En réalité, l’opposition n’a pas de solution, tout simplement.

Sinon, on le saurait vu que par le passé, elle a participé à la gestion du pouvoir dans notre pays. Nous attendons vos propositions, honorables députés de l’opposition. Et je m’engage ici, devant votre auguste assemblée à les prendre en compte si elles sont pertinentes.

C’est ce que j’avais indiqué à l’honorable Soumaila Cissé, quand il m’a informé en février dernier, je pense qu’il se rappelle. En marge des travaux du forum de Bamako, alors que j’étais ministre de la ville, qu’il avait des solutions sur les questions d’assainissement de la ville de Bamako. Nous avons convenu que je le relance pour récupérer ses propositions. Hélas. Hélas, je l’ai relancé une fois sans succès. Deux fois, trois fois, et c’est à la cinquième tentative qu’il a été obligé de me dire que le document qu’il avait était égaré. Peut-être qu’il l’a retrouvé depuis. Mais soyez sûr, honorables de l’opposition, que ce soit ce document ou un autre, si vos propositions sont disponibles et pertinentes, le gouvernement est prêt à les examiner.

Cela est notre compréhension de la démocratie et nous n’allons jamais y déroger. L’opposition propose l’élaboration d’une lettre de cadrage politique définissant une vision claire prenant en compte les insuffisances constatées, proposer un plan gouvernemental au parlement pour approbation et relancer l’investissement public et privé.

Mais, l’opposition était où le 29 avril dernier ou le 02 mai, jours de présentation et de débat sur la DPG. Une déclaration de politique générale qu’elle a mécaniquement désapprouvée, après l’avoir pourtant apprécié d’après le discours de son porte-parole. La lettre de cadrage dont vous parlez a été présenté. Le plan gouvernemental que vous réclamez a été présenté et approuvé par vous ici au parlement. La relance de l’investissement public et privé que vous réclamez a été prévue et est en cours, chers députés de l’opposition.

Mais ont été présentés pour plusieurs mois, voire plusieurs années. Pas quelques semaines, et ce n’est certainement pas en deux mois que nous verrons leurs résultats. Ce que vous demandez a donc déjà été fait et bien fait, honorables députés de l’opposition. N’essayez pas d’enfoncer des portes déjà ouvertes. Entrez seulement et apportez votre contribution à l’œuvre de reconstruction nationale que nous sommes en train de conduire sous la direction du Président Ibrahim Boubacar KEITA.

Cette œuvre, Monsieur le président, mesdames et messieurs les honorables députés, est la seule qui vaille aujourd’hui, car la seule en mesure de sortir notre pays des difficultés qui l’assaillent. Difficultés profondes comme jamais il n’en a eu dans son histoire.

Le chef de l’Etat veut sortir notre pays de l’ornière, lui donner sa dignité faire le bonheur de ses compatriotes par le changement. Finalement, honorables députés de l’opposition, c’est ce que vous redoutez, car la réussite du chef de l’Etat signera la fin de la carrière de beaucoup d’entre vous. Ceux qui ont appris à faire de la politique un fonds de commerce, un métier, une activité professionnelle. C’est cette vision que vous redoutez. Ce n’est pas de l’absence de vision dont vous avez peur. Mais au contraire, c’est la vision du chef de l’Etat de faire un Mali de travail et de mérite, un Mali de l’excellence et de la droiture, c’est de cette vision dont vous avez peur. Ce Mali-là, effectivement n’offrira pas davantage de position à ceux qui utilisent les maliens comme ascenseur, à ceux qui maliens et leur malheur comme escalier. Ce Mali là sera pour le bonheur des maliens.

Monsieur le Président, honorables députés, pour terminer, plus que jamais, notre pays a besoin d’unité dans l’essentiel, besoin d’entente et de collaboration entre les acteurs politiques, de la société civile, entre toutes les composantes de la nation pour faire face à trois acteurs majeurs qui conditionneront notre avenir immédiat :

Le premier est celui de la rébellion. Des groupes armés aux motivations politiques qui doivent sentir l’unité de tous les maliens pour aller vers un pays pluriel, divers mais unis dans un cadre où l’unité du territoire sera à jamais garantie par notre ferme résolution, nous tous les 15 millions de maliens, à mourir pour le Mali, s’il le faut. Cet esprit de sacrifice et cette détermination seront garantis par notre unité.

Le second front, beaucoup plus difficile, beaucoup plus redoutable et qui nécessitera plus d’efforts et plus de sacrifices de tous y compris les rebelles de nouveau accueillis dans la république à la suite d’accords de paix inclusives et globale, est celui du terrorisme à consonnance religieuse. Tous ensemble, main dans la main, nous devons les dire à ces assassins illuminés que leur combat n’est pas le nôtre, que leur vision de l’humanité et de l’islam n’est pas le nôtre. Que nous n’avons rien à voir avec leur source de frustration et rien à apprendre de leur doctrine. Tous ensemble unis main dans la main nous devons être pet à mener un combat sans merci contre les voleurs, violeurs, mutilateurs, bandits sans foi ni loi et les bouter hors de notre territoire. Ce combat qui prendra du temps, nous le gagnerons si nous sommes ensemble.

Le troisième défis, plus insidieux encore que le séparatisme et le terrorisme, plus difficile à combattre car moins visible, plus sournois. Mais avec des conséquences violentes et durable est celui de la drogue et les mafias qui en sont les commanditaires. Mafias qui savent incorporer et corrompre la justice, la police, la gendarmerie, les partis politiques, les décideurs souvent à des niveaux insoupçonnés et qui finissent par corrompre l’Etat et le transformer en narco-Etat, détruisant tout espoir de paix, de sécurité, d’unité et de développement. Détruisant la société et la nation. La drogue est plus grave que le terrorisme, plus grave que la rébellion. Elle a déjà pénétré notre société et nos centres de décision. Il est encore temps, de la combattre.

Chers compatriotes, honorables députés, uniquement si nous sommes unis, déterminés, motivée par ce fait. Ses enjeux dépassent un gouvernement, ses enjeux dépassent une personne, ses enjeux dépassent même une législature. Nous devons être capable de les appréhender justement et de nous donner la main pour y faire face.

LE Mali n’a jamais été aussi menacé qu’aujourd’hui, rassurez-vous, sachons le sortir de ses difficultés ensemble, comme cela fut le cas, il y a plus que 800 ans, quand les sages du Mandé se sont unis face à la menace du Sosso pour invoquer leurs ancêtres, unir leurs forces, taire leurs divergences, se donner la main sous l’égide d’un de leur digne fils et chasser l’ennemi pour préserver le pays. Sauvons le Mali, ensemble sauvons le Mali. Sauvons le Mali, encore une fois.

Merci mesdames et messieurs pour votre écoute.

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