Le Mali était à l’honneur en France du 20 au 22 Octobre 2015. Jamais un mot n’aura eu autant d‘échos retentissant que le mot Honneur. Jamais une visite n’aura suscité autant d’espoir pour un véritable décollage économique et un développement harmonieux du Mali que celle que le Président IBK vient d’effectuer à Paris. Après deux ans de gouvernance marqués par une corruption à ciel ouvert, des scandales à répétition le tout enrobé dans une insécurité grandissante, un chômage endémique et une cherté de la vie à nulle autre pareille, le Président malien semble désormais retrouver son sourire. Adepte des cajoleries et des bijoux de parures, le Président IBK aura été très émerveillé par la chaleur de l’accueil et le pavoisement des Champs-Elysées aux couleurs nationales du grand Mali. Il a été sublimé par le protocole dont il a joui et qui est digne des grandes personnalités. Le programme était à la hauteur de l’hôte de marque et comprenait entre autres le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe du soldat inconnu au cimetière des invalides, la rencontre avec des sommités de la France dont le Président du Senat, le Premier ministre, le Ministre de la Défense et le Maire de Paris. Il aura même co-présidé avec son homologue français le Forum de l’OCDE consacré au développement du Mali. Quel honneur pour un président de la République d’un pays du tiers monde dont la majorité de la population vit avec moins d’un dollar par jour ! Quel honneur pour un homme, hier vilipendé et trimballé dans la boue par ces mêmes tabloïdes français qui l’encensent aujourd’hui et le portent sur l’Arc de triomphe avec plus de 360 millions d’Euros d’aides mêlés aux prêts pour la reconstruction du Mali ! Quel honneur pour le Mandé Massa, le digne et altier héritier du plus grand empereur du Mali. Pour la première fois en 55 ans d’indépendance, un président Malien a droit à une visite d’Etat à l’Hexagone. Et ce n’est ni Modibo Keita, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré ni Dioncounda Traoré, mais IBK, quel honneur ! Le Soudan jadis insoumis, fier et orgueilleux est-il entrain de devenir 55 ans après la terre « pacifiée » de la France ? Bien malin qui saura nous dire ce que pensent dans leurs tombes nos illustres devanciers que furent Babemba Traoré, l’Almamy Samory Touré et le président Modibo Keita qui ont préféré la mort à la honte, la rébellion à la soumission, l’honneur à l’humiliation. Que l’on ne soit pas dupe, ces honneurs ne sont pas faits pour les beaux yeux des maliens, mais pour les intérêts de la France qui a décidé d’aller désormais à l’assaut des marchés qu’elle avait perdu il y a 55 ans. Que l’on ne se trompe point, dans l’histoire aucun pays ne s’est développé sur la base de l’aide extérieure. Et cette célèbre affirmation paraphrasée par De Gaulle selon laquelle la France n’a pas d’amis elle n’a que des intérêts est toujours d’actualité. Pour preuve, elle est le premier pays exportateur d’uranium au monde alors qu’elle n’a pas un centimètre de son sous-sol qui renferme ce précieux minerai. Et c’est sur l’uranium du Niger qu’elle a bâti sa renommée de puissance nucléaire au monde. Et deux ampoules sur trois sont toujours allumées en France grâce à l’Uranium du Niger. Que dire alors du Mali dont les ressources uranifères seraient plus ou autant importantes que celles du Niger. Vivement le réveil des pays francophones pour prendre leur destin en mains.
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