La jeunesse et l’insouciance sont probablement les principaux atouts de ces deux éléments de l’équipe Moctar Ouane, qui se singularisent par une impressionnante ardeur à la tâche, une volonté évidente de marquer leur passage au gouvernement et d’y faire tâche d’huile. Il s’agit des ministres de l’Artisanat et de la Culture, puis de son homologue de la Jeunesse et des Sports. Dans un maillage au milieu du gué et d’une bourrasque agitante où la direction de l’équipage est à peine lisible, les deux membres du Gouvernement, sans agir en symphonie, émerveillent chacun dans son domaine par une attitude volontariste et un sens de l’initiative au dessus de la moyenne. Kadiatou Konaré est à pied d’œuvre au service de la Culture depuis son installation et devrait sans doute faire la fierté de papa et de maman, tant elle semble combler leurs attentes en incarnant leur penchant pour le domaine, par son dynamisme ainsi que par la redynamisation d’un secteur naguère au ras des pâquerettes sous le règne du «Champion de la Culture Africaine». Le geste le plus récent qu’elle a posé dans ce sens remonte à une dizaine de jours avec le baptême d’une avenue jouxtant avec l’ORTM au nom du célèbre comédien Balla Moussa Keïta. Ce faisant, la jeune ministre de la Culture aura non seulement hissé un personnage à un piédestal incontestablement mérité, mais ravivé du même coup l’ardeur de nombreuses autres célébrités pour un domaine délaissé où le sens du sacrifice est en chute libre. Ce n’est pas tout. La ministre est également au four et au moulin pour redonner du souffle et trouver des alternatives nouvelles au secteur de l’artisanat rendu exsangue par la crise du tourisme consécutivement aux drames sécuritaire et sanitaire. Qui plus est, son attachement à la cause, à la chose culturelle, vient d’être démontré par la sonnette d’alarme récemment tirée sur les transactions dont un symbole comme l’INA a fait l’objet.
Un volontarisme et une dynamique similaire s’affichent également du côté du jeune membre du Gouvernement, Mossa Ag Attaher. Arrivé avec l’étiquette d’ancien élément de mouvement séparatiste, le ministre de la Jeunesse et des Sports accomplit des prouesses inégalées par sa dédicace aux desseins collectifs et l’impulsion d’un nouvel élan de fierté nationale. Et les récents succès engrangés avec les équipes nationales
aux campagnes sportives continentales n’en sont guère la seule illustration. Grâce à son insouciance de fonceur, en effet, Moussa Ag Attaher vient de réussir l’exploit, naguère à peine envisageable, de faire communier les jeunesses de l’ensemble des régions du Mali au septentrion, dans le cadre d’un exceptionnel meeting sportif dédié à la réconciliation. Sous le signe de la paix et d’une stabilité qui fuient les régions du Nord depuis une décennie environ, l’événement de Gao, par-delà les révélations de talents sportifs dans nombre de disciplines, aura étouffée plusieurs jours durant la hantise de la violence et ressuscité la joie de vivre dans une cité longtemps meurtrie par la psychose de l’insécurité sur fond d’attaques, d’enlèvement et d’extorsions à répétition. Brassage culturel pour les uns, séjour touristique et rendez-vous avec une réalité inconnue pour d’autres, tous sont unanimes sur une chose : l’originalité de l’initiative et le parti qu’en ont tiré hôtes et les convives du tournoi sportif en question.
À la différence des pouvoirs précédents, en définitive, le couple Bah N’Daou-Moctar Ouane a beaucoup moins fanfaronné sur ses bonnes intentions en direction de la jeunesse, mais leurs choix sont tombés sur des personnages qui font la fierté de leur génération sans tambour ni trompette.
A KEÏTA