Dans les morgues, la crise, connais pas !

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On savait que des embouteillages sur nos routes, aux heures de pointe, paralysent la circulation dans notre belle capitale. Depuis peu, il existe aussi, à Bamako, une nouvelle forme d’embouteillage. Silencieuse. Et ça se passe dans les morgues où, c’est la bonne affaire…

Il fut un temps où les gardiens de morgues à Bamako broyaient du noir. Du moins à en juger par les propos d’un ami de gardien de morgue à l’Hôpital Gabriel Touré. « Gaoussou, rapportait-il, parlant de son ami vigile, affirme que les affaires ne marchent pas bien en ce moment ». Par cette affirmation que d’aucuns jugeront immorale, notre jeune gardien de morgue se plaignait du fait que le nombre de personnes mises à la morgue n’était pas assez considérable. Ce temps semble désormais révolu.

Rassurez-vous, notre gardien n’est pas le seul à vouloir plus de morts  pour bien vivre. Ils sont nombreux, les professionnels de ce secteur qui en font le souhait intérieurement. A leur tête, des marabouts qui s’acheminent de funérailles en funérailles. D’ailleurs,  il faut bien que quelqu’un s’en occupe. De tous ces corps. Quand on sait que les hôpitaux sont devenus des mouroirs. En ce temps de forte chaleur  accompagné du fort taux de décès dans les hôpitaux, c’est le temps des bonnes affaires.

Pas de place dans les cimetières à Bamako. Difficile de trouver de bons emplacements. Tous ceux qui y ont fait un tour récemment vous le confirmeront. Même scénario dans les hôpitaux où les malades sont couchés à même le sol faute de lits.  Avec des frais de morgue qui s’élèvent jusqu’à 4000 FCFA par jour, si le défunt ne provient pas de l’hôpital, on croirait que l’on ne se bousculerait pas au portillon de ces chambres froides. Erreur ! Là aussi, il faut se battre pour se faire une place. Dans le froid. Et ce n’est pas la famille Tall à Wolofobougou, pour avoir fait le tour des morgues, dimanche dernier, qui dira le contraire.

En effet ce jour là, un des membres de la grande famille Tall, un jeune homme, rend l’âme. La décision est prise de mettre le corps à la morgue, le temps de permettre  aux parents éloignés de venir à l’enterrement prévu pour le lendemain. Peine perdue. Pas de place vide dans les morgues.  C’est avec de la glace achetée dans des familles du quartier que l’on a patienté jusqu’à trouver des places libres.

Pour en finir avec les embouteillages dans les morgues, il est urgent d’en construire de nouvelles. En tout cas, au rythme où les choses semblent donner raison au jeune rappeur malien Mylmo. Lui qui affirmait : « la mort ne tue plus en détail mais en gros. C’est mieux.», disait-il, dans une de ses chansons, où, il faisait le porte-parole de la grande faucheuse.

Mamadou TOGOLA

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