Mohamed Ould Cheickne dit M’bouille: « Notre combat ne fait que commencer… »

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Le vendredi 5 avril dernier, aux environs de 13 heures, une scène insolite s’est produite à Nioro du Sahel. Sous un soleil de plomb, le chérif Mohamed Ould Cheiknè Hamahoulah fait son apparution devant sa résidence au Kaïmè. Le guide religieux est entouré de plusieurs membres de sa famille, fidèles et des citoyens qui ont accouru en ces lieux. Surprise ! M’Bouillé se met à la tête d’une foule dense qui se met en branle pour manifester contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta.

La marche de ce vendredi 5 débuta, ainsi, devant la résidence personnelle de M’Bouillé. Tout un symbole ! Cette scène surréaliste qui restera, sans doute, graver dans les mémoires à Nioro, illustre la détermination et l’engagement du chérif M’Bouillé à poursuivre sa croisade contre IBK et régime. Plus déterminé que jamais, le chérif s’est adressé à ses fidèles quelques minutes après, à la Zawiya de Nioro. Pour lui, « le combat contre IBK et son régime ne fait que commencer… ». Aussi, selon nos sources, il est resté à la Zawiya jusqu’à 20 heures pour suivre le compte rendu de la marche à Bamako… Une grande manifestation qui a réuni des centaines de milliers de Maliens, à la place de l’indépendance.

Bien avant ces deux manifestations, le vendredi dernier et celle du 10 février, le chérif de Nioro du Sahel, avait tenu le mardi 2 avril dernier, une Assemblée générale d’informations dans sa Zawiya. De nombreux fidèles de Nioro et mêmes des localités environnantes y ont assisté. Menu ? La marche projetée à Bamako, le vendredi 05 avril. Ainsi, M’Bouillé avait réaffirmé son engagement à soutenir la marche et au-delà toutes les actions visant à ” combattre le régime en place”. ” Je ne céderait à aucune pression, ni financière ni morale.”, avait déclaré le chérif. Pour lui ” le combat en cours ne s’arrêtera jamais sans aboutir..”. Aussi, il avait exhorté ses fidèles à se tenir prêt…

 M’Bouillé engagé plus que jamais !

Mêmes propos de M’Bouillé lors du grand rassemblement du 10 février 2019 au Stade du 26 mars. En effet, le Chérif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Cheicknè et l’imam Dicko avaient, déjà, donné un premier ultimatum au président IBK. Les deux leaders religieux avaient exigé le limogeage du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Cette  exigence  formulé par  le chérif de Nioro, M’Boullé avait été fortement  appuyé par  Dicko.

L’envoyé de M’Boullé,  avait transmis à l’assistance le message sans équivoque : le Cherif Haïdara réclame le départ  immédiat du Premier ministre ! Le Cherif de Nioro a précisé : «Je n’étais pas avec IBK pendant la campagne, je ne suis pas avec lui aujourd’hui et je ne serai pas avec lui demain». Cependant, ajoute le guide religieux, IBK n’a d’autre choix que de faire partir son Premier ministre.  «IBK doit sauver son pouvoir et son pays. Mais, le chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga doit partir», a rapporté le porte-parole du leader religieux. Avant de poursuivre : « Si le président entend ce qu’il dit, tant mieux et s’il n’entend pas aussi, le jour où les musulmans  vont se lever, il n’aura plus de choix».

Après la démonstration de force de M’Bouillé et Dicko, le vendredi dernier, la question est de savoir si ce nouveau message a été bien compris par le président Ibrahim Boubacar Keïta. En attendant les initiateurs de la manifestation ont décidé de se donner rendez-vous chaque vendredi, après la prière, à la place de l’indépendance jusqu’à ce qu’ils aient gain de cause.

Mohamed Sylla

Les raisons d’une rupture 

En effet, en 2013, le Cherif de Nioro du Sahel s’est mobilisé personnellement pour battre campagne pour  le candidat  Ibrahim Boubacar Keita. Pour faire élire le président du RPM, IBK à la magistrature suprême, le très respecté leader religieux avait  débloqué la somme de 100 millions de F CFA.

Il avait également invité ses fidèles, les militants de Sabati-2012, d’autres groupes et/ou associations musulmans de se joindre à eux  pour soutenir le candidat IBK. Selon le Chérif, ce choix à l’époque ne cachait aucun intérêt particulier.

Seulement après avoir étudié les différents projets de société des candidats à la présidentielle, le candidat du RPM était apparu comme le meilleur, qui était en mesure d’opérer le changement attendu par les Maliens. Mais, très tôt après l’élection présidentielle apparait des fissures entre IBK et  Mohamed Ould Cheicknè.

Cependant, les premiers signes de tension entre M’Bouillé et IBK sont apparus  dès janvier 2014 après les législatives, lors d’un sermon très attendu au Maouloud, M’Bouillé ne mâche pas ses mots : « Ce n’est pas parce qu’un parti est au pouvoir qu’il doit bénéficier de toutes les faveurs au détriment des autres Maliens ». Il ajoute: « Le RPM doit se rendre compte que c’est le peuple qui a offert le pouvoir à IBK et non le RPM, même si, en retour, IBK a donné le pouvoir au RPM ».

Le guide religieux reproche surtout à IBK de ne pas honorer ses engagements vis-à-vis de lui-même et des Maliens. D’où sa décision de se démarquer d’un « homme qui ne respecte pas sa parole ».

Pour preuve à plusieurs reprises, il refuse des cadeaux envoyé à lui par d’IBK. En outre, Mohamed Ould Cheicknè invite tous ses disciples à s’éloigner du régime d’IBK et exhorte tous ses adeptes à voter contre  le candidat IBK lors de la dernière présidentielle en juillet 2018.

Preuve que le divorce est  définitivement consommé entre le très influent leader religieux et le président candidat IBK… Et de son côté, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, a été très clair : « Le candidat du Chérif de Nioro est le nôtre… ».

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