Modibo Keita lors du 16eme forum de Bamako : «Nous avons aussi été victimes des décisions prises en dehors de nous»

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Ils voulaient sa tête, Modibo Keita a eu leur peau !
Modibo Keita, ex-premier ministre du Mali

Jeudi dernier, au Centre international de conférence de Bamako, le Premier ministre malien n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer l’absence du continent africain lors de la prise de bien de décisions qui le concernent. Toujours est-il que de l’avis de Modibo Keïta, l’Afrique ne doit pas être considérée comme étant la seule responsable de sa propre situation.

«L’Afrique entre chaos et émergence», tel était le thème de la 16ème édition du Forum de Bamako sur laquelle les rideaux furent tirés ce samedi 20 février 2016. Durant 3 jours, cette rencontre de haut niveau a planché sur un certain nombre de défis qui se posent au continent africain, notamment la migration, le radicalisme religieux, le chômage des jeunes, l’entrepreneuriat jeune, les liens entre l’Etat et les citoyens, la qualité des services publics, entre autres. Au terme des travaux qui se sont déroulés à l’hôtel Salam, les participants, venus des quatre coins du monde,  ont fait une synthèse de leurs débats, assortie de propositions qui pourraient inspirer les actions des décideurs, aussi bien publics que privés.

Choisir entre chaos et émergence

Cette 16ème édition, parrainée par le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, s’était ouverte le jeudi 18 février 2016, sous le haut patronage du Premier ministre malien. Devant un parterre de personnalités et de jeunes, ce dernier a souligné le contexte sécuritaire difficile dans lequel se tient cette édition du Forum, tout en ayant une pensée pieuse envers les victimes maliennes et étrangères qui sont tombées, dit-il, sur le champ de l’honneur. Au regard du nombre et de la qualité des participants, Modibo Keïta a estimé que cette 16ème édition du Forum de Bamako était un «adolescent précoce». Aussi, après avoir souligné la pertinence du thème de la rencontre, le chef du gouvernement a-t-il indiqué que l’une des conditions que le continent africain doit réunir pour assurer son développement, c’est de faire en sorte que tout ne soit pas prioritaire au même moment. Ce, en faisant des choix courageux. «En améliorant les méthodes de travail, en faisant des choix et en nous préoccupant de la qualité et non de la quantité du travail, nous pouvons démentir les préjugés au sujet du continent africain», a-t-il suggéré.

L’autre condition que l’Afrique se doit de remplir de l’avis de M. Keïta, c’est d’instaurer la paix et la sécurité. Le Premier ministre Keïta s’est par ailleurs dit convaincu d’une chose, c’est que tant qu’il n’y a pas une masse critique dans tous les domaines, il y a un risque que les efforts de développement de notre continent soient vains. Partant, il a proposé que le Forum de Bamako se penche sur son propre parcours pour mesurer l’impact de sa production intellectuelle sur le devenir de l’Afrique. Pour revenir au thème de cette 16ème édition du Forum, Modibo Keïta a suggéré qu’entre le chaos et l’émergence, nous choisissions l’effort, la créativité et le développement équilibré, dans la paix et la sécurité. Quoi qu’il en soit, M. Keïta estime que le continent africain ne devrait pas être pris pour seul responsable de sa situation. «Nous avons notre part de responsabilité, mais nous avons été aussi victimes des décisions prises en dehors de nous», a-t-il clarifié.

Auparavant, le patron de la Minusma s’était dit convaincu que les conclusions du 16ème Forum de Bamako aideront les dirigeants à prendre des décisions à même de conduire le continent africain à l’émergence. Tout en mettant l’accent sur les efforts de la mission onusienne en faveur de la paix au Mali, Mahamat Salef Annadif a laissé entendre que l’ONU doit être ce socle sur lequel doivent se bâtir la paix et la sécurité, indispensables au développement de l’Afrique.

Le chaos, «pas une option»

De son côté, l’Ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson, a affirmé que son pays fait d’autant plus confiance en la capacité du continent africain à émerger qu’une Afrique en déshérence constitue une menace pour le monde. «D’ailleurs, avons-nous le choix ? Non ! Le chaos n’est pas une option», a souligné le diplomate. Il a ensuite souligné les efforts que la France déploie dans la cadre de la recherche de la sécurité sur le continent. Ce, à travers notamment la mise en place de la force Barkhane. De son avis, il ne saurait y avoir de croissance sans sécurité. Dans le domaine de la coopération militaire, M. Huberson s’est félicité de la montée en puissance des forces armées maliennes qui, selon lui, sont loin de ce qu’elles étaient il y a trois ans. Pour l’Ambassadeur français, le développement de l’Afrique passe par un certain nombre d’éléments, dont la démocratie, l’éducation, le renforcement du secteur privé et les infrastructures.

Pour sa part, le président de la Fondation du Forum de Bamako, Abdoullah Coulibaly, a noté que le Forum s’améliore et s’institutionnalise au fil des années. Dans un monde en pleine mutation, M. Coulibaly a donné quelques pistes de réflexion sur le développement de l’Afrique, tout en mettant en exergue les opportunités qui s’offrent à elle. Selon lui, notre continent ne doit plus se lamenter de son retard, mais il doit plutôt avancer et surprendre le monde.

Bakary SOGODOGO

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