Un projet mal interprété par les populations dont certains s’en sont servi pour des intérêts personnels. L’Officier d’Etat civil au Centre secondaire d’Etat civil de Taliko en parle.
Le quartier de Taliko a été, le lundi 1er mars 2021, le théâtre d’un affrontement entre la police et certains jeunes du quartier qui s’en sont violemment pris au centre secondaire d’Etat civil de Taliko. La cause, la mairie de la Commune IV a ordonné la construction d’un dépôt de transit moderne dans un site à Taliko. A rappeler que cette décision émane de la décision n°1003/GDB.CAB, portant attribution de parcelles de terrain à usage sanitaire en Commune IV du District de Bamako. Ainsi, les espaces ci-après ont été attribués à la mairie de la Commune IV pour servir de dépôt de transit. Il s’agit de : Kalabambougou, l’espace situé entre les ilots CE et DX et prévu pour dépôt et Taliko, l’espace situé le long du marigot dans la zone carrière prévue comme réserve foncière. Contrariés par cette décision, les jeunes se sont écœurés contre l’Officier d’Etat civil du centre d’Etat civil de Taliko, en la personne de Modibo Kane Kamissoko, l’accusant d’être en complicité avec la mairie pour la construction de ce site.
C’est ainsi que ces derniers ont déversé leur colère sur cette infrastructure publique pour ensuite se diriger vers la résidence de l’élu dudit centre. Il a fallu l’intervention musclée de la police du 5ème arrondissement pour les en dissuader. Approché par nos soins, M. Kamissoko, nous livre le fond du problème qui selon lui, a été envenimé par des personnes de mauvaise foi pour leurs intérêts personnels.
Aux dires de Modibo Kane Kamissoko, il n’y a pas de discorde entre lui et les jeunes du quartier, c’est juste une question de conflit d’intérêt sur un espace public qui appartient à la collectivité. « Un espace dont je dispose le document qui peut être vérifié partout sur le plan de lotissement de Lafiabougou-Bougoudani, approuvé en 2001. L’espace en question est situé au bord de la rivière Woyowayanko non loin de l’ancien cimetière qui est fermé il y a 20 ans. C’est un espace qui a été affecté au quartier de Taliko en 2010, sur décision du gouverneur Ibrahima Féfé Koné, pour servir de dépôt de transit. A ce titre, comme vous le savez, les espaces de l’Etat sont inaliénables, personne ne peut s’en approprier. Donc, ces espaces sont utilisés à leur fin tant que l’Etat a les moyens de le faire », témoigne-t-il.
Pour nous le maire de Taliko, il n’y a pas de problème et la construction d’un dépôt de transit s’impose pour tous les quartiers de Bamako compte tenu du fait du flux démographique. « Taliko est un petit quartier exigu situé entre deux collines, traversé par un cours d’eau et qui subit depuis plusieurs années un flot d’inondations, il y a eu des morts en 2013, j’en ai été témoin car, je suis aussi un enfant du quartier. Personne n’ignore que chaque année, Taliko est inondé et malgré que, le cours d’eau a été dragué, les gens continuent à déverser les ordures là-bas, ceci n’est pas normal, ça contribue à détruire notre environnement, du coup aggraver l’inondation chaque année », explique M. Kamissoko.
C’est dans le cadre du projet PGRCI, projet de gestions des risques climatiques et d’inondation que le présent projet de dépôt de transit a vu le jour. Selon lui, leur commune fait face constamment à des séries d’inondations. Le projet a souhaité que des dépôts de transit soient construits dans chacun de ses quartiers. « C’est comme ça que nous avons bénéficié le financement du projet PGRCI. Ce dépôt de transit nous l’avons adopté en session communale à la suite d’une délibération sur la construction du dépôt de transit. Son seul but est que les populations puissent sortir de cette inquiétude pendant l’hivernage. On veut faire ce travail, mais malheureusement certaines personnes veulent s’y opposer. Face à cette opposition, on avait décidé d’aller à la rencontre des populations, pour échanger et donner la bonne information. Malgré ces multiples explications, certaines personnes continuent dans leur campagne de désinformation comme quoi que c’est le grand dépôt de Lafiabougou qui sera transité vers Taliko. Entendre ça, j’ai dit que cela est très grave, qui peut imaginer ça ? Qui va même accepter ça ? Quel élu va accepter ça chez lui, qu’un dépôt de transit d’un autre quartier soit transféré chez lui, pour quel intérêt ? Donc c’est ce mensonge qui a pris tout le quartier. On a donné des explications et ceux qui voulaient comprendre ont compris, mais d’autres étaient animés de mauvaise foi parce qu’ils ont des intérêts personnels », plaident l’édile.
Toujours dans ses explications, le maire de Taliko fait comprendre que certains ont fait de la spéculation foncière sur le site et ils détiennent semble-t-il, des documents délivrés par Adama Sangaré. « Si cela est vrai, je dirai que c’est des faux documents, Adama Sangaré n’a jamais émis de document sur ce site-là. Je n’ai pas la preuve mais je sais qu’Adama Sangaré n’est pas faux pour le faire, si il doit le faire, il doit chercher le titre de propriété du site et si, il se rendra compte que c’est un dépôt de transit, alors il ne va jamais le faire. Donc, ce site il est destiné à être transformé en dépôt de transit, il doit recevoir l’infrastructure normalement », tranche-t-il.
Visiblement, les gens n’ont pas cherché à comprendre le contenu du projet. M. Kamissoko dit l’avoir expliqué plusieurs fois. « Ils nous ont dit que c’est un dépôt de transit moderne. J’ai moi-même visionné l’image de certains sites semblables. Les ordures ne seront pas déversées par terre, des caissons seront construits dans lesquelles nous allons mettre des ordures. Alors ça coûte quoi d’attendre pour voir ? Dire que le dépôt sera trop proche du marigot, mais aujourd’hui, les gens versent les ordures dans ce même marigot. Pendant l’hivernage, le pont est rempli d’ordures. C’est ce qu’on veut arrêter maintenant en construisant ce site pour que les ordures soient versées désormais dans les caissons et qu’on puisse laisser la rivière tranquille », indique-il.
Face à ce problème, le maire de Taliko ne comprend pas comment s’en prendre à une infrastructure publique conçue pour la population, où on établit les actes d’Etat civil chaque jour. « C’est ici qu’on désert les actes de naissance, actes de décès, actes de mariage, des certifications, Dieu seul sait combien de certifications je fais par jour, combien d’actes j’établis par jour pour nos frères et sœurs. Voilà un beau jour qu’on fait sortir des élèves de l’école fondamentale qu’on appelle « mougou ni késsé » qui a été même construit dans cette même condition, pour venir casser tout. C’est dommage ».
A entendre le maire, les perspectives du projet sont entre autres de : préserver l’environnement, assainir le quartier, et préserver nos vies. Il va permettre à Taliko d’être en avance sur les autres quartiers, de mieux contenir ses déchets, et permettre d’éviter les dépôts anarchiques dans le quartier. « Vous savez, Taliko est un quartier en pente et pendant l’hivernage, les gens versent leurs ordures dans l’eau qui descend de la colline. Donc, le projet nous permettra d’arrêter ce fléau », juge-t-il.
Au cours des manifestations, le maire déclare avoir perdu son ordinateur portable qui contient les données de deux années de formation au Canada, et il est en train de suivre une formation en Master, il perdu d’autres informations la-dans. « C’est une mine d’or que j’ai perdu. Ils ont pris une enveloppe qui contient une somme de 50 000 F CFA, il y avait également 220 000 F CFA dans une autre enveloppe et une notification d’un ami. Un de mes agents a été victime de jet de pierre, elle est encore sous le choc. Ma famille, particulièrement ma femme est encore sous le choc. C’était inimaginable, je me voyais dans un rêve », se plaid-il.
Il invite ses parents du quartier à se mobiliser autour de ce projet et qu’ils viennent voir le maire pour avoir toutes les informations afin de couper court à tout ce qui circule comme mensonge. « Le maire c’est leur enfant, leur frère, leur père et leur oncle. Ma porte est grandement ouverte à tout le monde. La bonne information sur la base du document se trouve à la mairie ici. Je suis accessible tout le temps et tout le monde le sait ici », déclare-t-il.
Ibrahima Ndiaye