La modernisation des marchés est une priorité pour toutes les mairies de six communes de Bamako. Mais dans la mise en œuvre de cette politique de modernisation les vrais acteurs des marchés se sentent écarter de tous les processus d’élaboration. C’est du moins l’avis du président du Collectif des acteurs de marché du district de Bamako (CAMDB), Abdoulaye Cissé. Il voit en cela une manière pour les “autorités municipales et leurs complices de mieux préparer leur retraite et l’avenir de leurs enfants”.
Des marchés de Bamako sont depuis des années des cibles d’une politique de modernisation, un processus qui devrait impliquer tous les acteurs concernés. Mais, du constat du Collectif qui défend les intérêts des acteurs du marché, ce préalable est foulé au pied.
Pour les acteurs des marchés, la politique de modernisation n’est que de la poudre aux yeux et ne profite pas principaux aux occupants. “Dans leur politique machiavélique de modernisation, les maires mettent en avant l’embellissement de Bamako. Cela n’est pas vrai. Ils s’emparent de ces marchés. Du début à la fin d’élaboration des plans de modernisation, les vrais acteurs ne sont pas associés. Ils élaborent tout et viennent informer les occupants au moment de la mise en œuvre. Une expérience qui a déjà échoué avec le marché moderne construit sous ATT”, constate le président du CAMDB.
Pour lui, la politique de modernisation des marchés jusque-là n’est en réalité autre que la démolition des marchés. Pour étayer son propos, il rappelle les cas des marchés de Ngolonina, Baco-Djicoroni (transformé en chambres de passe ou nid de malfrats), Kalabancoro (retraite pour drogués). Aussi il y a les marchés de Daoudabougou, de Sabalibougou, de Para-Djicoroni, de Sébénikoro. A l’en croire, la modernisation importe peu pour les initiateurs de ces projets. “Ce qui les intéressait, ce sont les places et immeubles qu’ils se partagent au nom de cette politique”.
Cette initiative des autorités est une bonne chose, mais son exécution sur le terrain déplait aux occupants des marchés. “Nous ne sommes pas contre la modernisation, mais c’est la manière de faire qui nous contrarie beaucoup”.
Qu’en est-il de la reconstruction du marché rose
Bien que la première pierre soit posée par le président de la République depuis des mois, la reconstruction du Marché rose n’a toujours pas commencé. Ceci s’explique par une mauvaise communication et stratégie de mise en œuvre du projet. Il n’y a toujours pas d’accord entre les autorités et les occupants sur la façon de faire.
Pour la reconstruction du Marché rose, les autorités exigent le déplacement non seulement des occupants, mais aussi ceux du marché “Légumes”. Ce qui n’est vraiment pas nécessaire pour les occupants de ce dernier marché qui refuse cette proposition. Face à cette situation le Collectif des acteurs de marché du district de Bamako propose de reconstruire le Marché rose et ensuite le marché “Légumes” pour éviter tout quiproquo à l’avenir.
Car, selon des occupants, “ces deux sites ont été vendus à une société étrangère”, contrairement aux informations officielles qui font croire qu’un financement a été trouvé pour rénover le Marché rose. Aussi les commerçants du marché légume ne voient-ils pas la nécessité de leur déplacement si le projet de reconstruction ne concerne que le Marché rose.
Mairie et occupation des voies du marché
La problématique de voies d’accès est commune à tous les marchés de Bamako. Ce qui explique l’ampleur des dégâts lors des incendies. Une part de responsabilité de cette situation incombe à la mairie.
“Tous les commerçants installés sur les voies dans les marchés détiennent des autorisations de la mairie. Mieux ils payent leurs impôts. Donc c’est un combat perdu d’avance pour les dirigeants des marchés”, analyse le président du CAMDB.
Qu’à cela ne tienne ! Les occupants de voies d’accès du marché doivent savoir en toute responsabilité qu’ils ne pourront indéfiniment occuper ces lieux.
Youssouf Coulibaly