Dans un entretien qu’elle nous a accordé à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale de la Femme, Mme Yeya Touré, agent au Fonds National de Solidarité nous a expliqué sa vision pour la promotion de la femme. Lisez plutôt.
En effet, Mme Yeya Touré est membre des associations suivantes : le Mouvement Halte contre les Violences faites aux Femmes (HVC), l’Association Femmes-Enfants pour un Développement Solidaire (AFEDS), le Collectif Anw Ko Faso (CAFA).
Selon elle, aujourd’hui, qui veut promouvoir les femmes doit penser à cultiver la notion de responsabilité dans la vie courante de tous les jours. Et cela doit s’afficher sur tous les plans que ce soit politique, économique et social.
Pour le premier point dit-elle, les femmes se mobilisent déjà pour leur participation politique. Et heureusement, le président Ibrahim Boubacar Keita a fait adopter un quota de 15% pour les femmes lors des dernières élections municipales.
« Nous représentons la moitié de la population et cela constitue à la fois une force politique et économique », a-t-elle indiqué. Au Mali dit-elle, il est temps de comprendre que la place des femmes est très déterminante dans le domaine de la politique. Car elles sont les premières mobilisatrices au sein des familles d’abord, dans les quartiers et ensuite au sein des communes. Surun second plan, s’il est vrai que les femmes entreprennent des initiatives économiques diverses, elles sont peu présentes comme responsables des entreprises. Pour elle,il faudra que les gouvernants travaillent à rehausser leurs compétences dans les domaines économiques sans oublier les femmes rurales, piliers incontournables de la survie de la famille.
« La cohésion sociale au Mali ne peut se réaliser sans la participation active des femmes citadines ou rurales. Et c’est également vrai pour la paix et la stabilité de notre pays. Elles restent des éléments incontournables pour le développement du pays. Néanmoins, c’est aux femmes, avec l’appui d’une politique gouvernementale, d’agir en conséquence », a-t-elle laissé entendre.
Parlant de la multiplication des violences contre les femmes, Mme YeyaTouré dira que la violence existe partout.
« Ces violences empirent lorsque les lois ne sont pas appliquées pour punir. Notre culture de tolérance persistante est aussi un facteur pérennisant les violences » a-t-elle dénoncé. Avant d’ajouter que les familles manifestent très peu de soutien pour les femmes quand elles se trouvent dans de telles détresses. Et ce sont les principales causes. A cela s’ajoute le fait que la femme est considérée comme une possession et non une partenaire.
« Partant de ces constats, je pense que la multiplication des violences contre les femmes est une conjugaison de plusieurs paramètres à prendre en considération pour la combattre », a-t-elle expliqué. Comme solutions, Mme Yeya Touré pense que les lois seules ne suffisent pas. En amont dit-elle, il faut informer et sensibiliser toutes les couches de la société.
« Pour cela, les femmes doivent commencer à parler. Aussi, il faut sensibiliser les populations et exiger l’application des lois en même temps pour dissuader et changer les comportements violents. Les mères et les pères doivent beaucoup parler aux jeunes garçons et leur montrer les bonnes manières. Sur le plan institutionnel, c’est le devoir régalien de l’Etat de protéger toutes les couches et principalement celles qui sont en position de faiblesse », a-t-elle soutenu.
S’agissant du thème de cette année, Mme Yeya Touré, dira que beaucoup de femmes et d’associations de femmes doivent savoir les orientations du G5 Sahel. Et il est nécessaire d’entreprendre des approches actives et pérennes pour expliquer à certaines couches de la population, la signification profonde du G5 Sahel en termes économique et social. Il s’agit des femmes et des enfants qui sont généralement les premières victimes d’insécurité.
« Comprendre le processus de sécurisation et de gouvernance est une nécessité pour être des agents de développement », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que l’information reste le premier outil indispensable pour faciliter la collaboration générale. Pour mieux comprendre et participer à la réalisation de certains objectifs du G5 Sahel, Mme Yeya Touré a estimé qu’il est indispensable d’informer les couches sociales pour lesquelles, l’organisation travaille.
Fily Sissoko
Mme Traoré Adam Diaou, secrétaire générale de l’ONG ASSAFE
« Le 8 mars n’est pas une journée de festin, c’est une journée où on doit glorifier la femme »
Le 8 mars étant une journée dédiée à la femme, nous avons rencontré une femme battante, dévouée pour la cause de ses semblables. Il s’agit de Mme Traoré Adam Diaou qui nous a accordé un entretien dans lequel, elle nous a parlé de son parcours professionnel et de son rôle au niveau de l’Association du Sahel d’Aide à la Femme et à l’Enfance (ASSAFE).
Mme Traoré Adam Diaou est depuis 1994, la secrétaire générale de l’ONG ASSAFE. Née à Kayes,elle est journaliste de formation. Après le baccalauréat malien, elle a étudié le journalisme en ex URSS.
Selon elle, c’est un poste politique. « Vu ma passion dans la mise en œuvre des projets et programmes auprès de nos communautés démunies, j’occupe un poste actif de coordinatrice des projets et programmes de l’ONG ASSAFE. Je suis sortie major de ma promotion car j’ai eu un diplôme rouge en journalisme », nous a-t-elle confié. « Donc j’ai exercé un stage professionnel à l’Essor. Quand je faisais le journalisme, j’ai eu l’occasion de faire une recherche sur pourquoi les ONG interviennent au Mali, quel est l’historique de la venue ou de l’intervention des ONG dans notre pays. J’ai fait cette étude et cela m’a donné une chance de comprendre les ONG. Je cherchais des informations. Lors de la première assemblée générale avec laquelle j’ai coïncidé à l’ONG, je fus nommée secrétaire générale. Je représentais l’ONG partout», a-t-elle expliqué. Avant d’ajouter qu’elle a trouvé une passion qui l’a dominé : c’estde comprendre les populations rurales qui ont des besoins de santé, d’éducation et de mieux vivre. Elle a salué l’effort de l’ONG Allemande qui donnait la chance à toutes les ONG jeunes d’exécuter un projet et d’identifier les besoins réels des cibles.
En tant que secrétaire générale de l’ONG ASSAFE dit-elle, son poste lui permettait de concevoir des projets, d’aller chercher les financements pour les exécuter et chercher à savoir comment les communautés vivent.
« Mon travail dans les ONG m’a transformé et je suis devenue un citoyen qui fait des secours à ses compatriotes, femmes, enfants, jeunes et même hommes. Etant une ONG, il faut composer avec les autres, être en synergie avec d’autres ONG pour apprendre, s’améliorer et donner le peu d’expérience que tu as et que tu possèdes. C’est là où j’ai été membre du collectif des ONG qu’on appelle CCA ONG, membre du réseau YIRIBA SUMA, un réseau constitué essentiellement par des femmes. J’ai été membre du groupe Pivot, PME-PMI. Je suis membre du réseau observatoire de l’éducation dans l’espace CEDEAO », a souligné Mme Traoré.
D’après elle, elle a également été membre du réseau EL-TALLER Tunisien, un réseau dont les membres sont africains et asiatiques et qui lutte contre les violences faites surtout aux femmes ainsi que membre du réseau partenariat Afrique-Canada comme vice-présidente.
Pour elle, l’objectif d’ASSAFE est de trouver des solutions aux problèmes auxquels les femmes et les enfants sont confrontés.
« Pour mettre ceci en œuvre, nous intervenons dans le domaine de l’éducation en construisant des écoles, des centres de santé communautaire…. Nous avons initié des projets de lutte contre l’excision. Je ne cesserai d’évoquer les méfaits de l’excisionauxquelsles femmes sont confrontées comme la fistule, la stérilité etc…. », a ajouté Me Traoré. Qui dira que l’excision sur toutes ses formes est négative et met en cause la santé de la femme.
« Le changement de comportement n’est pas facile, beaucoup de choses ont été faites. Nous sommes en mouvance pour la prise d’une loi contre les violences basées sur le genre. Il y a eu beaucoup d’avancée mais nous attendons le courage et la bravoure des femmes. Le changement doit se faire dans les villages, le changement doit venir de ces femmes », a-t-elle laissé entendre.Avant de souligner que tous les thèmes choisis pour les célébrations sont des thèmes qu’elle approuve.
« La femme est toujours médiatrice parce qu’elle a beaucoup de valeurs. Le 8 mars n’est pas une journée de festin, ce n’est pas une journée où on doit chanter et danser mais c’est une journée où on doit glorifier la femme, monter sa bravoure, son engagement dans le développement depuis le ménage jusqu’à la nation. Qu’on montre que les femmes sont des actrices et non des humains soumis, des femmes capables de donner un sens à la vie de tous ceux qui les entourent», a-t-elle conclu.
Aoua Traoré