Mme Samaké Fatoumata Traoré était, le 27 mars 2022, l’invitée de l’émission «Parlons Droit » de la chaîne de télévision Africable. Sur le plateau de notre confrère Assane Magatte Seye, l’experte en genre et en gouvernance a abordé le thème : « Us, Coutumes et Promotion des droits des femmes au Mali et en Afrique ». L’homme et la femme sont les deux ailes d’un même oiseau, a-t-elle déclaré.
«Les us et coutumes», définit Mme Samaké Fatoumata Traoré, désignent «l’ensemble des habitudes, pratiques et usages traditionnels relatifs à un groupe ou à un lieu…Les “usages” sont des règles non écrites suivies par les habitants de certaines régions ou par des personnes exerçant des professions déterminées qu’ils considèrent obligatoires pour régler leurs rapports».
Parlant des droits des femmes, elle a souligné que ce sont des droits revendiqués pour les femmes et les jeunes filles dans de nombreuses sociétés à travers le monde et qui constituent la base du mouvement pour les droits des femmes du XIXe siècle ainsi que du mouvement féministe du XXe siècle.
Le genre, pour elle, ne se rapporte pas aux femmes et aux hommes, mais aux relations entre les hommes et les femmes. « Il faut reconnaitre que la société est fondamentalement structurée autour des rôles sociaux des sexes dans un contexte économique, social, politique et culturel donné. Le genre renvoie donc aux rôles, comportements et attributs socialement construits considérés comme appropriés pour les hommes et pour les femmes dans une société donnée, à un moment précis. En français facile, le genre c’est l’ensemble des rapports sociaux qui existent entre les hommes et les femmes», a précisé l’experte en genre et en gouvernance.
Longue lutte pour faire avancer certains droits des femmes
Mme Samaké Fatoumata Traoré a retracé les différentes étapes de la lutte menée par les femmes, de 1910 à 1977, pour la reconnaissance de leurs droits. Selon elle, «la ‘’véritable’’ origine du 8 mars, Journée Internationale des droits des femmes, serait principalement marquée par deux faits historiques : le Woman’s Day en Amérique et la Journée des femmes en Europe. Loin de constituer un événement commercial dénaturé, la Journée Internationale des droits des femmes est une date charnière du calendrier féministe, dont l’objectif est de dénoncer les discriminations, les inégalités et les violences vécues par les femmes. Il s’agit d’un moment propice à la réflexion et à la recherche de solutions visant à améliorer la condition de chacune des femmes, tout en soulignant le chemin parcouru. Cette journée spéciale puise ses racines dans diverses manifestations de femmes, dont les luttes ouvrières pour le suffrage universel féminin, en Amérique du nord et en Europe au tout début du 20ème siècle. À cette époque, le monde industrialisé connaît de grands changements, notamment sur les plans de la croissance démographique et des idéologies radicales ».
Nos sociétés traditionnelles, a-t-elle rappelé, ont du mal à accepter l’égalité entre l’homme et la femme et la religion musulmane aussi pour les pays à majorité musulmane. « Bien que les résultats restent mitigés, la lutte engagée par les mouvements des femmes à partir du 19ème siècle a donné le coup d’envoi pour la promotion du genre. Ce fut une longue lutte acharnée pour faire avancer certains droits des femmes comme le droit à l’éducation, à la santé, à l’emploi, au vote et à être élue. Ces droits n’étaient pas reconnus aux femmes dans certaines sociétés. Au Mali, le droit à l’éducation continue d’être refusée aux filles sous prétexte que leur premier diplôme, c’est le mariage. Qui connait le taux de divorces au Mali et l’impossibilité de rattraper le savoir perdu à jamais pour ces filles, doit se rendre à l’évidence que cette privation est une violation flagrante du droit à la connaissance, que l’Islam a tant promu sans distinction de sexes. Dans certains milieux ruraux encore au Mali, on refuse qu’une femme soit consultée par un gynécologue homme. Or, si les filles ne font pas de longues études, comment pourrions-nous prétendre à des médecins femmes qui soigneront nos femmes, filles et mamans ? »
Elle a appelé les femmes à avoir confiance en elles-mêmes. «Les femmes doivent avoir confiance en elles-mêmes et reprendre leurs places pour un avenir meilleur. L’homme et la femme sont les deux ailes d’un même oiseau. Elles doivent voler ensemble pour maintenir l’équilibre. Une aile blessée ne garantit jamais une belle altitude quel que soit la volonté et la persévérance de l’oiseau. Unissons nos efforts et œuvrons ensemble pour une société plus juste et équitable», conclut l’experte en question du genre.
Chiaka Doumbia