Ingénieure talentueuse, administratrice compétente d’unités industrielles, femme entrepreneure… Mme Mariko Fadima Siby était doublement à l’honneur durant ce mois de mars dédié à la lutte d’émancipation de la Femme. Invitée du 5ème numéro de l’émission «Dialogue des Générations» de la Maison de la presse (retransmise sur les ondes de Renouveau FM et de La Voix des jeunes), cette icône de l’autonomisation de la Malienne était aussi parmi les 30 Amazones célébrées par l’ambassade des Etats-Unis au Mali comme références pour leurs sœurs et filles.
Convaincante, compétente, engagée ! Les confrères et consœurs n’ont pas été avares en commentaires et surtout, en compliments à l’égard de Mme Mariko Fadima Siby, l’invitée de l’émission «Dialogue des Générations», enregistrée le 12 mars 2016 à la Maison de la Presse. En une heure, l’ingénieure et cheffe d’entreprise s’est alliée l’auditoire par son éloquence, mais aussi sa maîtrise des questions débattues. Elle a surtout prouvé que «la réussite n’a pas besoin de sexe, ni d’âge, ni de couleur de la peau». Il faut juste oser et croire en ce que l’on fait.
Ingénieure en industries agro-alimentaires et des sciences de la nutrition, Mme Mariko est la promotrice de l’Unité de transformation et de conditionnement de denrées alimentaires (UCODAL). Une unité industrielle qui, en 2013, a bénéficié du projet «Integrated Initiatives for Economic Growth in Mali (IICEM)», financé par l’USAID pour appuyer les petites entreprises agro-alimentaires à développer leur capacité de production. Cette entreprise couronne une brillante carrière en partie consacrée à la Fonction publique.
Après l’obtention de son baccalauréat en série sciences biologiques en 1969, elle a effectué ses études supérieures dans une université allemande. Un parcours universitaire couronné par un diplôme d’ingénieur en sciences de la nutrition et technologies alimentaires en 1974. Revenue au pays la même année, elle est incorporée dans la Fonction publique, au compte de Malilait. «Dès qu’on finissait avec les études, on était obligé de travailler pour l’Etat au moins pendant 10 ans, au risque de rembourser les frais de formation engagés par l’Etat», a-t-elle confié aux journalistes massivement présents à la Maison de la presse pour partager et se faire les échos de son expérience ou de ses expériences. Elle a servi (chef de laboratoire, directrice adjointe…) ce fleuron de l’industrie alimentaire au Mali pendant 15 ans, avant de prendre sa retraite anticipée ; donc, prendre son destin en main en volant de ses propres ailes.
La bonne réputation d’UDOCAL est le symbole de la réussite de cette reconversion dans le secteur privé malien. «Quand la société Malilait a été créée, sa capacité de production était inférieure à la demande et il n’y avait pas suffisamment de fonds pour augmenter sa production. Et l’idée m’est venue d’acheter des barres de glace tout simplement, ce qui nous a permis de passer à 50 000 litres par jour», se rappelle la rigoureuse gestionnaire. Les observateurs rappellent avec respect et considération que, pendant son service à Malilait, Mme Fadima Siby Mariko a activement participé à la restructuration de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim). Une réforme qui a abouti à la création des Chambres consulaires du commerce et de l’industrie.
Opposée à la discrimination à l’égard de la Femme dans les affaires
Peu après, elle fut élue membre de la première Chambre consulaire de l’industrie. En 1975, Mme Mariko a aussi participé à la création de l’Organisation patronale des industries (Opi) et fut membre fondatrice de plusieurs structures et associations comme la première industrie agro-alimentaire pour la valorisation des produits agricoles au Mali. La brillante ingénieure fut également membre fondatrice de l’Association des femmes entrepreneures et commerçantes du Mali, dont elle devint la première Secrétaire générale et un an plus tard, la première présidente élue. À ce titre, elle s’est battue pour faire supprimer l’autorisation de sortie imposée aux femmes pour leur voyage hors du Mali. Tout comme la suspension de l’article 337 du Code du commerce qui stipulait qu’aucune femme ne peut mener des activités de commerce au Mali, sans l’autorisation écrite de son époux.
Belle référence pour le jeune public de «Dialogue des Génération», Mariko Fadima Siby exhorte la jeunesse à la persévérance, à l’engagement et au travail bien fait pour s’épanouir et contribuer au développement du pays. Elle encourage ses enfants à être audacieux pour entreprendre, au lieu de croiser les bras en attendant d’être recruté par la Fonction publique. «Dans l’administration, même si vous avez de bonnes idées, il faudrait s’en référer à son chef hiérarchique qui, à son tour aussi, se réfère à une autre personne. Et au bout de la chaîne, l’initiative s’effrite et il n’y a pas de résultat», déplore Fadima en se basant sans doute sur son expérience personnelle. Pour l’expérimentée invitée du 5ème numéro de «Dialogue des générations», les jeunes du Mali doivent se référer à Bill Gates qui «a commencé dans le garage de son père», avant de bâtir son empire qui est aujourd’hui une référence dans le monde du business. Pour concrétiser la volonté politique de lutter contre le chômage et de diversifier l’économie nationale pour une croissance soutenue, la Doyenne invite les autorités à accorder une grande importance aux petites entreprises et surtout à accompagner, comme il se doit, les entrepreneurs dans ce domaine.
Humble et fidèle dans ses relations professionnelles, Mme Mariko a profité de l’émission de la Maison de la presse pour rendre un vibrant hommage à Yacouba Guindo et au regretté Sada Diallo qui, entre autres, «sont des grands hommes qui m’ont conseillée dès le début de ne pas me laisser décourager par les difficultés de la vie… Leurs conseils ont porté fruits». Et elle n’a pas visiblement des soucis à se faire par rapport à sa relève, car ses enfants, notamment Moussa dit Balla Mariko (président de Solidaris223), baignent dans le marigot des affaires depuis leur enfance et sont préparés à reprendre le flambeau.
Lauréate de diverses distinctions honorifiques au Mali et ailleurs, Mme Mariko Fadima Siby est Chevalier de l’Ordre national du Mali depuis 1999. Et cela, en reconnaissance de son expérience dans le secteur agro-alimentaire et de son dévouement sans réserve pour ce secteur. C’est la moindre des choses que la Nation pouvait pour cette icône de l’émancipation et de l’autonomisation de la Femme !
Moussa BOLLY