Mme Kada Tandina, auteure “être mère d’enfants drépanocytaires : “Quand on est mère d’enfant malade, on n’a ni congés ni vacances”

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“Lutter contre la drépanocytose est un combat qui peut porter ses fruits”

Mme Kada Tandina est diplômée en analyse quantitative et politique économique à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako. Enseignante de mathématiques et physique-chimie au second cycle ainsi que d’économie au lycée. Passionnée de littérature depuis son bas âge, Kada rejoint le quotidien numérique Mali24, elle est lauréate du trophée dédié au regretté Tidiane Tangara en 2023 et meilleure journaliste de la catégorie presse en ligne lors de la troisième édition de la Nuit de l’UJRM 2024. En novembre 2023, Mme Kada publie son premier livre intitulé “Larmes invisibles”, son deuxième ouvrage “Etre mère d’enfants drépanocytaires” en février 2025 édité aux Editions Gafé. C’est un livre préfacé par Dr. Coulibaly Mariam Maïga, ci-devant ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, dédié à ses filles toutes deux drépanocytaires de formes différentes. Cette jeune auteure aussi talentueuse que respectueuse des autres a bien voulu se prêter à nos questions. Interview.

ujourd’hui-Mali : Pourquoi le choix du titre de votre deuxième ouvrage ?

Kada Tandina : Le titre “Etre mère d’enfants drépanocytaires” est choisi pour honorer toutes les mères du monde entier. Ce n’est pas facile d’être mère à plus forte raison être mère d’enfants malades. Je mets en lumière toutes les responsabilités des mères, car quand on est mère, on le demeure, pas de congés ni de vacances. La drépanocytose est une maladie génétique, incurable, pour que les enfants aient des formes graves, ce n’est pas seulement la mère, mais le père aussi. Alors la mère ne peut pas à elle seule porter le chapeau, être accusée injustement et vivre dans la culpabilité tandis que l’homme est aussi responsable de cette situation. Avoir des cas graves n’est possible que si les deux parents sont porteurs de cette gêne.

Vous parlez d’enfants drépanocytaires, à qui faites-vous référence ?

Je suis la première intéressée. Il est impossible d’écrire un livre sur la drépanocytose sans être médecin ou sans avoir un proche drépanocytaire.

Je suis mère de deux filles, elles sont toutes deux drépanocytaires. Ma deuxième fille fait plus de crises, elle n’a que 5 ans, transfusée 3 fois, sa prise en charge se fait au Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (CRLD). C’est difficile pour une mère de voir ses enfants malades et être incapable de leur enlever cette souffrance. Pour une mère, c’est vraiment très difficile à vivre. L’esprit n’est jamais tranquille dehors, toujours en train d’attendre un appel de la maison ou de l’école pour dire : “Ton enfant fait une crise, rentres vite”.

Ce livre est-il une autobiographie ?

Non ! Pas forcément, si vous lisez le livre, vous trouverez que l’actrice principale est de Koutiala. J’ai fait cela pour montrer que les drépanocytaires ne sont pas seulement à Bamako, mais un peu partout sur le territoire national. Je prends ma vie en exemple ainsi que celle de nombreuses femmes que j’ai l’habitude de rencontrer à l’hôpital. Je suis écœurée à l’idée de voir là-bas des femmes dont les enfants sont malades, sans aucun soutien moral ni financier.

Je parle du quotidien des mères en mettant l’accent sur leur vie professionnelle et privée. Dans la société, elles sont victimes de préjugés quand elles n’auront pas le temps de participer aux événements sociaux, certains les traiteront d’arnaqueuses pour inventer chaque fois une maladie pour soutirer de l’argent aux maris, d’autres diront qu’elles sont des femmes de mauvais augure qui ne font que donner naissance à des malades, il y en qui leur trouveront des antécédents de sorcellerie puisque les enfants sont chaque fois en manque de sang. Et souvent elles perdent leur travail et restent à la maison pour s’occuper des enfants. Par chance, je suis tombée sur un bon chef à Mali24, il me soutient moralement et financièrement.

Modibo Fofana fait partie de ces rares personnes qui comprennent leurs employés. C’est la raison pour laquelle, je ne suis pas stressée au lieu de travail. Personne ne me met de la pression.

Quelles sont vos attentes après la publication du livre ?

Ce livre, qui compte trois parties et six chapitres, traduit la souffrance de toutes ces mères, il y a aussi des pistes de solutions pour soulager les peines des parents et proches des malades. Je voudrais interpeller nos autorités et les décideurs publics sur l’importance de faire des tests prénuptiaux avant de contracter un mariage, sensibiliser la société sur ce fléau qui détruit intérieurement une mère qui voit déjà l’espérance de vie courte de ses enfants afin d’arrêter tout préjugé sans fondements, etc. Encourager l’autonomisation des femmes pour que les charges des malades ne pèsent pas seulement sur le géniteur, qu’elles puissent aussi subvenir aux besoins de leurs enfants malades. Je souhaite, après le lancement du livre, qu’il y ait au sein des familles touchées, une entente pour soutenir les malades et rassurer les mères et moins d’incompréhensions dans les couples.

A quand le lancement officiel du livre ?

Le lancement du livre était programmé pour cette semaine, puisque je suis auteure invitée à la Rentrée littéraire 2025. On a jugé nécessaire de le faire dans le cadre de la Rentrée littéraire prévue du 18 au 22 février pour avoir la présence des écrivains du Mali et de la diaspora, une aubaine pour moi.

La date sera communiquée ultérieurement. J’ai demandé l’accompagnement de tous mes confrères et consœurs de la presse pour soutenir mon événement et le rendre mémorable en guise de sensibilisation sur la drépanocytose.

Lutter contre la drépanocytose est un combat qui peut porter ses fruits.

        Réalisé par Kassoum THERA

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