Mme Diarra Raky Talla, est l’ancienne ministre du Travail, de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat, chargée des Relations avec les institutions. Elle est aussi l’actuelle 5e vice-présidente du Conseil national de la transition (CNT). Raky Talla est mariée et mère de quatre enfants. Elle donne son point de vue sur l’évolution de la femme malienne dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars.
A l’entame de ses propos, Mme Diarra Raky Talla a tout d’abord remercié ses parents pour la qualité de l’éducation dispensée à son égard et dit avoir eu la chance d’aller à l’école en tant que femme parce que cela n’était pas donné à tout le monde en son temps. Elle a exprimé toute sa gratitude à son époux car c’est lui qui a permis que tout cela soit, parlant de sa vie sociale, professionnelle et politique.
Parlant de son parcours, l’ancienne ministre du Travail, de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat, chargée des Relations avec les institutions, nous dit ceci : “Après les études, j’étais dans le secteur privé dans lequel j’ai eu à gérer beaucoup de multinationales. J’ai commencé ma carrière à l’Agence pour la sécurité de navigation aérienne (Asecna) comme cadre à Dakar, ensuite au Port autonome de Dakar. J’ai travaillé dans les multinationales au Mali aussi, tel que Cira-Mali. J’ai aussi travaillé dans les groupements de société dont le Groupe Klédu (Tam-Transit). J’ai beaucoup d’expérience dans le redressement des entreprises avec le Tribunal de commerce de Bamako”, retrace-t-elle.
S’agissant de sa carrière politique, la militante de l’Union malienne du Rassemblement démocratique africain (UM-Rda Faso Jigi) nous fait savoir qu’elle a commencé à militer dans le parti du Tisserand à son avènement en 2002 et elle y resta jusqu’en 2010. “C’est cette même année que je suis retournée dans ma famille politique d’origine parce que de père et de mère nous sommes RDA de naissance. Je suis l’une des petites filles de feu Mamadou Konaté du côté mère et de côté père, je suis la fille de Mamadou Talla qui fuit conseiller à la presse du président Modibo Kéita pendant 8 ans et le fondateur de Radio Soudan. J’ai commencé par le Rpm par conviction pour les programmes et l’idéologie qui nous avaient été présentés. J’ai très vite compris que ça ne différait pas trop du RDA et sur sollicitation de ma famille, j’ai rejoint l’UM-RDA Faso Jigi”, témoigne l’ancienne ministre.
Aux dires de Mme Diarra, son credo est de défendre ses convictions, ses idées sans complexe, dans la discipline et le respect d’autrui. “Dans le domaine politique, ce n’était pas évident à un certain niveau des structures, de compter les femmes et qu’elles fassent valoir leurs idées. C’est vrai qu’il en y a eu bien avant nous, la première femme députée était Aoua Kéita du RDA, la pionnière du mouvement féminin à qui je rends un vibrant hommage en cette veille du 8 mars”, nous rappelle-t-elle.
Pour Raky Talla il ne faut se plaindre de sa condition de femme, il n’y a que le travail qui paye. “J’évolue dans n’importe quel milieu qu’il soit, parce que ce n’est pas ça qui fait l’Homme, c’est ce que nous portons en nous, nos connaissances intrinsèques, notre éducation, notre volonté d’aller de l’avant. Je continuerai à travailler pour porter le Mali plus haut que ça”, promet-elle.
A en croire la 5e vice-présidente, le quota du genre est respecté dans le Conseil national de la transition (Cnt). Elle demande que les gens sortent d’un concept à un moment donné, il s’agit du fait qu’ils pensent qu’on fait une faveur aux femmes alors qu’elles ont autant de qualités que les hommes dans tous les domaines de la vie.
Parlant du thème de la journée internationale de la femme, édition 2021 qui est : “Leadership féminin, pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19”, ce haut cadre du pays pense que tout ce que les femmes envisagent doit apporter un changement notable, qualitatif dans la vie de tous les jours.
En ce qui concerne la Covid-19, Mme Diarra Raky Talla trouve que les femmes ont un grand rôle à jouer et que cela devrait consister à porter les messages et à veiller à l’effectivité de ces messages de sensibilisation au sein de nos propres familles.
“Tout le monde sait qu’aujourd’hui, ce sont les femmes qui portent les familles, elles sont aux côtés des hommes quotidiennement. L’éducation des enfants nous incombe en plus de l’environnement, l’hygiène, donc les femmes ont un rôle éminent.
Les femmes devraient porter ce projet sans hésiter, sans attendre un quelconque déclic des autorités politiques parce que c’est une question de santé publique et de survie.
Au regard de tous ceux qui ont perdu la vie, je rends un hommage au personnel soignant pour la gestion de cette pandémie. Les femmes doivent être les premières actrices contre toutes les pandémies.
Dans notre société, la femme est toujours au premier plan, mais encore faudrait-il que nous ayons conscience de notre propre importance pour occuper le rang et la place qui nous reviennent de droit”, déclare l’ancienne ministre.
La militante de l’UM-RDA se dit heureuse de constater que les femmes ont été très impliquées à divers niveaux de façon individuelle, collective à travers des regroupements de femmes, les associations ou autres dans la lutte contre la pandémie. “Maintenant, il ne faut pas baisser les bras, nous avons la naïveté de croire qu’avec la vague de chaleur qui va submerger le Mali jusqu’à l’hivernage, que la pandémie va régresser. Quand vous regardez dans nos pays voisins, avec les chiffres qu’ils ont, c’est inquiétant. Même avec l’arrivée des vaccins annoncés pour début avril que nous saluons, il va falloir continuer à observer les mesures d’hygiène”, conseille-t-elle.
En cette veille de 8 mars, Raky Talla rend un hommage aux femmes maliennes pour leur engagement parce que, selon elle, quel que soit le problème que ce pays a eu à traverser, les femmes ont toujours manifesté leur volonté d’aider le pays, d’être aux côtés du pays, des populations pour l’émergence de la famille et du pays.
“La volonté est là et elle est inébranlable, je suis certaine que d’ici quelque temps, cette réalité de prise en charge dans tous les secteurs de la vie par les femmes va se réaliser. J’encourage nos mères, sœurs et filles à aller de l’avant et encourage aussi les parents à continuer à envoyer leurs filles à l’école, mais surtout à les y maintenir parce que quand on voit le taux de scolarisation au Mali qui approche les 70 % et quand on regarde ces 70 %, au moins à l’école primaire 60 à 65 % sont des filles.
Mais entre le Certificat d’études primaires (CEP) et le Diplôme d’études fondamentales (DEF), c’est tout à fait le contraire, alors qu’aujourd’hui c’est indispensable que les filles aillent à l’école car ça leur donne une ouverture d’esprit”, lance-t-elle.
Marie DEMBELE