Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de la Femme au Mali, dont le thème est : l’autonomisation économique des femmes dans un monde de travail en pleine évolution, nous avons eu un entretien avec l’inspecteur des douanes Diakité Saran Diakité, titulaire d’une maitrise en sciences juridiques délivrée par l’école nationale d’administration de Bamako, depuis octobre 1998. L’inspecteur Saran Diakité est le chef de bureau de Bamako fer, un bureau de droit commun, qui recouvre les droits et taxes sur les marchandises importées par voie ferroviaire. Premier bureau crée à Bamako, il est compétent pour le dédouanement et qui connait les opérations de dédouanement des marchandises acheminées par fer. En dehors de ça, à Bamako fer, on supervise les opérations de scanning des marchandises destinées à d’autres structures de Bamako, qui sont arrivées par les axes où il n’ ya pas de scanner. Il s’agit surtout principalement des marchandises acheminées par Kourémalé destinées au bureau de Faladiè. Ces marchandises sont scannées sur un autre site. Le bureau assiste à ces opérations de scanning. Au bureau de Bamako fer, l’inspecteur des douanes Saran Diakité et ses compagnons, essaient de lutter contre les grands trafics et des stupéfiants, même si sa structure n’a pas cette vocation.
Le Pouce : Quels sont les objectifs assignés à votre bureau ?
Mme Diakité Saran Diakité : « Comme toutes les structures de dédouanement de l’administration des douanes, on nous a assigné des objectifs. La régie a beaucoup de difficultés, surtout avec les aspects juridiques de la rupture du contrat de Transrail, qui ne sont encore gérés. Ils sont dans une phase transitoire. Ils ont des difficultés matérielles, avec l’état des rails. L’opérationnalité du bureau est liée au bon fonctionnement de la régie. Avec tout ce que la régie a comme problèmes, le client traditionnel, la SONATAM, qui nous apportait beaucoup de recettes, a acheminé ses marchandises par la route. Avant le bureau faisait à peu près 3 à 4 milliards de FCFA par mois. Avec tout ce que je viens de citer comme difficultés au niveau de la régie, on nous demande cette année de faire 1,8 milliards FCFA comme prévision annuelle dont 250 millions de FCFA par mois. C’est un bureau qui tourne vraiment au ralenti avec tout ce que la régie a comme difficulté ».
Le Pouce : Comment vous comptez combler ce gap pour satisfaire la direction ?
Mme Diakité Saran Diakité : « Le niveau des recettes ne relève pas seulement de la capacité de gestion des éléments de ce bureau. C’est lié à la possibilité et à la capacité de Dakar-Bamako-Fer à acheminer les marchandises sur ce bureau. Tant qu’il n’ ya pas de matière, il ne peut pas avoir de recette conséquente par rapport à ça. Le peu que nous recevons, nous ne ménagerons aucun effort pour bien traiter ces manières».
Le Pouce : Comment vivez-vous la question du genre au sein de l’Administration douanière ?
Mme Diakité Saran Diakité : « Les femmes douanières, n’ont pas de problème. On est traité sur le même pied d’égalité. A diplôme égal, il n’y a aucun problème. En tout cas, je ne l’ai pas constaté. Le genre n’a pas de problème au sein de l’administration douanière. ».
Le Pouce : Cadre des douanes et du Mali, avez-vous une pensez à l’endroit de vos sœurs qui vivent en milieu rural ?
Mme Diakité Saran Diakité :« Bien sûr, j’ai une pensée profonde à l’endroit de mes sœurs qui vivent en milieu rural. Effectivement dans la pratique, tout ce que les différentes associations ont entamé comme activité, l’effet escompté sur la vie rurale des femmes n’est pas encore là. Je ne pense pas que le 08mars soit la seule journée au cours de laquelle on doit penser aux problèmes de ces femmes. Durant toute l’année, on doit œuvrer pour le bien-être de ces femmes. Il faudra fixer un programme à l’endroit des femmes et que cela soit suivi au jour le jour ».
Le Pouce : Par rapport au thème de cette qui porte sur l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution. Quel commentaire de votre part ?
Mme Diakité Saran Diakité :« C’est un thème révélateur. L’atteinte de cet objectif fixé doit passer par la sensibilisation et les actions de formations à l’endroit des femmes du milieu rural et des grandes villes , analphabétiques et lettrées . Pour moi, le socle c’est la sensibilisation, la formation, par rapport aux aspects réglementaires de la gestion. Elles auront tendance à faire moins de gâchis. Quand on met des fonds à la disposition des gens qui ne sont pas préparés en amont, il y a des risques de gâchis. C’est pourquoi, on doit commencer à travers la sensibilisation et la formation. Il faut que les femmes entre elles acceptent de se former, de s’entraider. C’est très important. Celles qui ont déjà bénéficié de financement pour les petits projets, doivent être des relais. Il faut commencer déjà à former celles qui n’ont pas bénéficié d’un concours de financement ».
Le Pouce : On peut connaître votre perception du genre ?
Mme Diakité Saran Diakité« Sur certains aspects de la vie, par exemple sur le plan professionnel, on peut parler d’égalité entre homme et femme. Mais sur d’autres aspects, l’homme et la femme se complètent. Mon option, c’est la complémentarité. L’homme ne peut être considéré comme un ennemi de la femme. Et vice-versa. On se complète. Il faut que les femmes comprennent que la notion de genre ne veut pas dire se procurer de toute sorte de faveur. Il faut que les femmes acceptent que l’homme ne soit pas leur ennemi. Il faut qu’on fasse tout pour éviter la médiocrité. Il faut que la femme prenne soin d’apprendre à lire et à écrire. Mais et surtout d’apprendre son travail et à bien le faire. Que la femme soit intellectuelle travaillant dans un bureau ou qu’elle soit du côté artisanal pour faire la teinture, elle doit accepter de se perfectionner. Il faut que la femme accepte de tendre sa main vers le perfectionnement, améliorer tout ce qu’elle fait. Les femmes ne doivent pas surtout faire du genre un outil d’acquisition de postes ou de quoi que ce soit, si elle n’a pas la valeur intrinsèque ».
Le Pouce : A la veille de la célébration du 08 mars, avez-vous un message à l’endroit des hommes et des femmes ?
Mme Diakité Saran Diakité : « Avant d’entamer cet aspect, je rends d’abord hommage à Allah le tout puissant, à ma mère, mes parents ,à mon époux,aux différentes femmes cadres de l’administration des femmes, qui m’ont précédé. Ces femmes ont vraiment travaillé et qui se sont battues pour rehausser le niveau de l’administration des douanes. Pour elles, le genre ne signifie pas prétendre à des avantages. Elles se sont comportées comme un cadre, un agent de conception et puis point barre. Elles ne sont jamais lancées dans un comportement qui consiste à utiliser le genre comme un outil d’ascension, ou bien de prétention à des avantages. Je n’ai pas eu la chance de connaitre toutes ces braves dames. Je ne peux pas citer tout. Il s’agit surtout de Feu Madame Tambadou, Mme Coulibaly, Mme Fall Alima Drabo, actuelle directrice régionale de Koulikoro. Il y a surtout Mme Bouaré Fily Sissoko. On ne peut pas tout citer. Ces dames ont travaillé comme un cadre normal. Bien avant les indépendances, il y a des femmes qui se sont battus. C’est comme Awa Keïta. Je souhaite bonne fête à toutes les femmes de l’administration des douanes du Mali, à toutes les femmes maliennes, à toutes les femmes africaines ».
Entretien réalisé par Tiémoko Traoré